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sous le nom de sarda & de sardion. Voyez l’article Cornaline.

Sardoine, (Mat. méd.) cette pierre a été mise par quelques anciens pharmacologistes au rang des pierres précieuses qu’ils ont cru douées de vertus médicamenteuses. Voyez Fragmens précieux. (b)

SARDONIEN ris, (Maladies.) est le même que ris involontaire & convulsif ; cet épithete vient au mot ris de l’herba sardonia ou sardoa, qui n’est autre chose que le ranunculus palustris, apii folio lævis, qu’on dit exciter une espece de manie dans laquelle les joues sont retirées, de maniere que l’on diroit que le malade rit ; c’est de-là que vient l’expression proverbiale de ris sardonien pour ris forcé ; c’est avec raison qu’on le regarde comme un symptôme très-dangereux ; car il est suivi d’une mort subite & inattendue, déguisé sous la forme d’un ris faux & contre nature.

On tentera la guérison de ceux qui auront pris de cette herbe, d’abord par le vomissement, ensuite par l’hydromel, le lait, les fomentations, les embrocations & l’application d’onguent chaud sur tout le corps ; on ordonnera aussi des bains dans de l’eau & de l’huile chaude ; on fera oindre & frotter le corps après le bain. En général on se conduira en pareil cas comme dans les convulsions. On fera prendre aussi du castoreum seul ou dans du passum avec d’autres remedes analogues. Aëtius, tetrab. IV. serm. I. cap. lxvj. Actuarius & Paul Eginete l’ont copié mot-à-mot. Voyez l’article Ris.

SARDONYX, s. f. (Hist. nat. Litholog.) c’est le nom d’une agate ou pierre fine de couleur jaune ou rouge, mêlée de parties brunes semblables à l’onyx. Voyez Onyx.

SARE, s. m. (Chronol. & Astronom. chaldéenne.) les Chaldéens divisoient le tems en sares, en neres & en soses. Le sare, suivant Syncelle, marquoit trois mille six cens ans, le nere six cens, & le sose soixante ; il est certain que cette évaluation donneroit à la durée des premiers regnes un nombre infini d’années, chaque roi ayant regné plusieurs sares, & par conséquent il faut rejetter le calcul de Syncelle ; mais on pourroit regarder les sares comme des années de jours. Voyez Scaliger, Petau, & surtout l’histoire universelle donnée par une société de savans anglois.

Le sare astronomique paroit être la période de 223 lunaisons, qui suivant les astronomes babyloniens, donnoient le retour des éclipses semblables, au même lieu du ciel : ce qui supposoit que la lune se retrouvoit exactement au même point de son écliptique, & dans la même situation avec l’écliptique du soleil. M. Halley ayant eu la curiosité d’examiner si la période du sare astronomique avoit effectivement cette propriété, trouva que dans le cours des 223 lunaisons, la lune épuisoit toutes les variétés & toutes les inégalités que les astronomes supposent dans son mouvement. (D. J.)

Sare la, ou Saare, (Géog. mod.) en latin Saravus, riviere de Lorraine, la plus grosse de celles qui tombent dans la Moselle. Elle a deux sources dans la Lorraine allemande, un peu au-dessus de Salm ; & après s’être grossie des eaux de plusieurs ruisseaux qu’elle reçoit dans un cours d’environ trente lieues en Lorraine seule, elle finit par se jetter dans la Moselle, un peu au-dessus de Treves. (D. J.)

SAREPTA, (Géog. anc.) ville des Sidoniens, dans la Phénicie, entre Tyr & Sidon, sur le bord de la mer Méditerranée. Pline & Etienne le géographe l’appellent Sarapta, & les Arabes Tzarphand. Josephe & les Grecs disent Sarephta ou Saraphta, & les Juifs Zarphat.

Le géographe arabe Scherif-Ibn-Idris la met à vingt milles de Tyr, & à dix milles de Sidon. Cette derniere étoit au nord, & Tyr au midi.

Sarepta est fameuse par la demeure qu’y fit le prophete Elie, chez une pauvre femme veuve, pendant que la famine desoloit le royaume d’Israel. On y montroit au tems de S. Jérôme, & encore long-tems depuis, le lieu où ce prophete avoit demeuré. C’étoit une petite tour. On bâtit dans la suite une église au même endroit, au milieu de la ville.

Le vin de Sarepta est connu chez les anciens, sous le nom de vinum sareptanum :

Et dulcia Bacchi
Munera, quæ Sarepta ferax, quæ Gaza crearat.

Fortunat, dans la vie de S. Martin, dit :

Sareptæ
Lucida perspicuis certantia vina capillis.

Et on lit dans Sidonius Apollinaris, carm. 17.

Vina mihi non sunt gazetica, chia, falerna,
Quoeque sareptano palmite missa bibas.

Fulgent. l. II. Mytholog. dit que les vins de Sarepta sont si fumeux, que les plus hardis buveurs n’en sauroient boire un setier en un mois. Or le setier, sextuarius, n’étoit que la pinte de Paris, selon Budée.

Sarepta n’est plus aujourd’hui qu’un méchant village que les Turcs nomment Sarphen. Sa situation est sur la croupe d’une petite montagne. L’ancienne Sarepta étoit beaucoup plus près du rivage, où l’on voit encore quelques fondemens à fleur de terre. Mais on a placé la moderne sur la montagne, à cause des ravages des pirates. Du tems que les chrétiens étoient maîtres de cette ville, il y avoit un évêque & une église bâtie en mémoire de S. Elie. Elle a été détruite par les Sarrasins ou par les Turcs, qui ont fait bâtir une mosquée à la place. (D. J.)

SARGANS, (Géog. mod.) ville de Suisse, capitale du comté auquel elle donne son nom, avec un château où réside le bailli ; c’est une petite ville bâtie sur la croupe d’un monticule qui est une branche de la grande montagne nommée Shalberg. Les sept anciens cantons acheterent cette ville, ainsi que le comté en 1423. Long. 27. 12. latit. 47. 10. (D. J.)

SABGARAUSENA, (Géogr. anc.) contrée de la Cappadoce, à qui Ptolomée, l. V. c. vj. donne le titre de préfecture, & en indique les villes. (D. J.)

SARGASSO, Mer de (Géogr. mod.) ou mer de Sargaso, plage de l’Océan atlantique, à laquelle on donne environ 50 lieues d’orient en occident, & tout au moins 80 du septentrion au midi. Elle est entre les îles du cap Verd, les Canaries & les côtes d’Afrique ; ainsi elle s’étend depuis le vingtieme degré de latitude septentrionale, jusqu’au trente-quatrieme de latitude méridionale.

Cette mer a ceci de particulier, qu’étant fort profonde & éloignée de la terre ferme & des îles de 60 lieues, elle ressemble à un grand pré par la quantité d’herbes dont elle est couverte. Cette herbe est semblable au cresson aquatique, ou persil à petites feuilles, que les Portugais nomment sargasso, d’où est venu le nom de cette mer. Si quelque vaisseau s’y embarrasse, il n’en peut sortir que par un vent médiocrement fort, tant cette herbe est serrée. (D. J.)

SARGAZO, (Bot.) s. f. espece de lentille de mer, nommée lenticula marina, serratis folits, Park. Théat. 1281 ; fucus folliculaceus serrato folio, C. B. P. 365. Raii hist. I. lxxij. Tourn. I. R. H. 568. Le nom de sargazo est portugais. Ce peuple appelle l’étendue de la mer qui est entre les îles du cap Verd, les Canaries & la Terre-Ferme d’Afrique, mar do sargazo, parce qu’elle est couverte de cette plante. Elle pousse plusieurs rameaux menus, gris, entortillés les uns avec les autres. Ses feuilles sont longues, minces, étroites, dentelées à leurs bords, de couleur rougeâtre, & d’un goût approchant de celui de la perce-