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SALMIGONDI, s. m. (Science étym.) assaissonnement composé de différentes choses. On disoit du tems de Rabelais salmigondin ; à présent on ne connoît plus que le mot vulgaire salmigondi, qui est la même chose que pot pourri. On dérive ce mot de salgami conditum. Les anciens ont appellé salgamum toutes sortes de légumes, comme raves, choux, concombres, &c. que l’on mettoit dans un pot avec du sel pour les conserver ; l’on s’est servi sur cet exemple du mot salmigondi, pour exprimer des ragoûts composés de plusieurs sortes de choses. (D. J.)

SALMONE, (Géog. anc.) ville ancienne du Péloponnèse, dans la Pisatide, selon Strabon, l. VIII. Il dit qu’il y avoit une source de même nom, d’où sort l’Enipe, nommé ensuite Barnichius, qui se va perdre dans l’Alphée. (D. J.)

SALMONÉE, s. m. (Mythol.) frere de Sisyphe, étoit fils d’Eole & petit-fils d’Hellen. Ayant conquis toute l’Elide jusqu’aux rives de l’Alphée, il eut la témérité de vouloir passer pour un dieu. Pour cet effet, il bâtit un pont d’airain, sur lequel il faisoit rouler un chariot qui imitoit le bruit du tonnerre, & de son char il lançoit des torches allumées sur quelques malheureux qu’il faisoit tuer à l’instant, pour inspirer plus de terreur à ses sujets. « J’ai vu, dit Enée, dans les horreurs d’un cruel supplice, l’impie Salmonée, qui eut l’audace de vouloir imiter le foudre du maître du monde : armé de feux, ce prince parcouroit sur son char la ville d’Elis, exigeant de ses sujets les mêmes honneurs qu’on rend aux immortels. Insensé, qui par le vain bruit de ses chevaux & de son pont d’airain, croyoit contrefaire un bruit inimitable » ! Mais Jupiter lança sur lui le véritable foudre, l’investit de flamme (ce n’étoient pas de vains flambeaux), & le précipita dans l’abîme du Tartare. (D. J.)

SALMUNTI, (Géog. anc.) Σαλμοῦντι, ville maritime d’Asie, où Alexandre assista à des jeux de théâtre. Diodore de Sicile la met sur la mer Erythrée ; mais cette mer s’étendoit au-delà du sein persique, & presque jusqu’à l’Indus. Plutarque semble la mettre dans la Gédrosie, & Arrien dans la Caramanie. (D. J.)

SALNICH, le, (Géog. mod.) riviere de la Turquie européenne, en Albanie ; elle a sa source dans les montagnes de la Chimera, & se jette dans le golphe de Venise. Les anciens l’ont connue sous les noms de Celydnus & de Pepilychnus. (D. J.)

SALO, (Géog. anc.) génit. Salonis, nom latin d’une riviere de l’Espagne tarragonoise. C’est aujourd’hui le Xalon. Martial, né à Bilbilis, lieu situé sur cette riviere, en fait mention, l. X. épig. 103.

Municipes, augusta mihi quos Bilbilis acri
Monte creat, rapidis quos Salo cingit aquis.

Il met, dans une autre épigramme, qui est la 104, cinq relais de Tarragone à Bilbilis & à Salon.

Illinc te rota tollet, & citatus
Altam Bilbilin & tuum Salonem
Quinto forsitan essendo videbis.

C’étoient les eaux de cette riviere qui donnoient une excellente trempe aux ouvrages d’acier que l’on faisoit à Bilbilis. (D. J.)

Salo, (Géog. mod.) ville d’Italie, dans l’état de Venise, au Bressan, sur le lac, & à quatre lieues au nord-ouest de Gardes. Elle communique son nom à tout le canton, qu’on nomme en italien Riviera di Salo ; le mot de riviere se prend ici comme quand on dit la riviere du Levant, la riviere du Ponent, en parlant de la côte de Gènes. Comme ce canton est à couvert des vents du nord, à cause des montagnes, il est fertile en olives, citrons, grenades, oranges, &c. Ce canton est composé de trente-six

communautés, qui reglent par un conseil toutes les affaires qui s’y rapportent. Long. de la ville, 28. 7. latit. 45. 36.

Bonfadio, (Jacques) né dans cette ville, fut nommé historiographe de la république de Gènes, qui lui assigna une bonne pension pour cette charge. Il mit au jour les cinq premiers livres des annales de cet état ; mais il y parla si satyriquement de quelques illustres familles génoises, qu’elles en furent vivement irritées. On fit des recherches sur la vie de l’auteur, & on le trouva coupable d’un crime qu’il faut taire, & pour lequel il eut la tête tranchée en 1551. Manuce reconnoît que Bonfadio écrivoit également bien en latin & en italien, romano eloquio & etrusco præcellens. On a de lui des poésies dans ces deux langues. (D. J.)

SALOBRENA, (Géog. mod.) ou Salobregna, en latin Selambina, dans Ptolomée, l. II. c. 6. petite ville d’Espagne, au royaume de Grenade, sur un rocher, proche la mer, à une lieue au couchant de Motril, avec un château fortifié, où on tient garnison. Long. 13. 51. latit. 36. 16. (D. J.)

SALOIR, s. m. (Chaircuiterie.) vaisseau de bois où l’on garde le sel. Les Chaircuitiers nomment aussi saloir, le vaisseau où ils salent la chair de pore & les lards qu’ils coupent & débitent en fleches. Ces saloirs sont ordinairement de bois, quelquefois ronds, & quelquefois longs en forme de coffres ou de cuves. Il y a aussi des saloirs de terre cuite, dont l’ouverture est très-large. Les chairs salées se conservent mieux dans ces derniers ; mais outre qu’ils se cassent aisément, ils ne sont pas capables de contenir beaucoup de chair. (D. J.)

SALOMON, le cap de, (Géog. mod.) en latin Salmonium, ou Salmonium promontorium ; il est à la pointe orientale de l’île de Candie, vers l’orient, à onze lieues de Sitia, entre le cap Sidero au nord, & le cap Sacro. (D. J.)

Salomon, les îles de, (Géog. mod.) îles de la mer du sud, ainsi nommées par Alvaro de Mendoça, qui les découvrit en 1567. Les principales sont, dit-on, au nombre de dix-huit. La plus grande se nomme l’île Isabelle, à laquelle on donne plus de cent lieues de tour. Ce qu’il y a de sûr, c’est que la plûpart des îles de Salomon ne sont point découvertes, & que celles qui le sont, ne sont pas connues. Tout ce qu’on en sait, c’est qu’en général l’air y est assez tempéré ; mais on ne connoît ni le terroir, ni les habitans de ces îles. Long. selon Dudley, 162. 204. latit. 7. 23. (D. J.)

Salomon, les piscines de, (Géog. mod.) ou les lavoirs de Salomon, comme Maundrel les nomme. La description qu’il en a donnée, & celle du P. Nau, jésuite, ne s’accordent pas ensemble. Ce dernier les met à deux lieues de la ville de Thécua. Ces deux voyageurs cependant ne comptent que trois piscines de Salomon, dont une partie a été creusée dans la roche vive. Elles reçoivent leur eau d’une fontaine scellée qui est plus haute. On ignore qui est l’auteur de ces sortes de réservoirs d’eau ; mais c’est vraissemblablement quelque calife. (D. J.)

SALON, (Géog. mod.) petite ville de France, en Provence, dans la viguerie d’Aix, & traversée par un bras de la Durance, appellée la fosse-Crapone. Salon est à huit lieues au nord-ouest d’Aix, & dépend d’Arles pour le spirituel. On voit dans l’église des cordeliers le tombeau de Michel Nostradamus, qui est mort dans cette ville. Long. 22. 48. latit. 43. 40.

Crapone (Adam de), gentilhomme natif de Salon dans le xvj. siecle, se distingua singulierement par ses connoissances de la méchanique hydraulique. Il exécuta en ce genre des ouvrages dignes de mémoire ; il fit écouler les eaux croupissantes de Fré-