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de ce sentiment ; mais d’autres savans croyent que Sétubal, ville nouvelle, tient à-peu-près la place de Cetobriga ou Cætobrix, & que Salacia est aujourd’hui Alacer-do-sal. Une inscription de Gruter, p. 13. n°. 16. montre que c’étoit un municipe ; & Pline, l. IV. c. 22. l’appelle ville impériale, Salacia, cognominata urbs imperatoria.

2°. Salacia, ancien lieu de l’Espagne tarragonnoise. Antonin le met sur la route de Bragues à Astorga, à vingt mille pas de la premiere. (D. J.)

SALADE, s. f. (Cuisine & Méd.) on donne ce nom à toutes les herbes qui se mangent avec le vinaigre, tant feuilles que racines. Les plus en usage sont la laitue, la chicorée blanche & sauvage, le pourpier, la pimprenelle, le cresson, le cochlearia, le cerfeuil, l’estragon, & toutes les plantes antiscorbutiques.

Les salades en général sont bonnes dans différentes maladies, & doivent être préférées aux remedes pris en décoction, en infusion, ou autrement, parce que le vinaigre & les aromates qui entrent dans la salade redonnent de la vigueur à l’estomac, lui rendent son ressort, & enfin servent à empêcher les irritations, les spasmes & les mouvemens convulsifs de ce viscere.

C’est pourquoi le vinaigre est si utile dans les hoquets, les affections nerveuses d l’estomac, dans le relâchement & l’atonie de la tunique musculeuse. Mais il faut éviter de prescrire ce remede dans l’acescence des humeurs, & lorsque l’estomac est gorgé d’acide.

La salade de cresson, de chicorée sauvage, de cochlearia est la meilleure, parce que les parties volatiles de ces plantes, tempérées par l’acide du vinaigre, forment un sel neutre, très-utile pour les tempéramens sanguins & humides.

Salade, s. f. c’est, dans l’Art militaire, une espece de casque léger, assez semblable au pot en tête. On lui donne aussi le nom de bourguignote. La salade étoit appellée morion dans l’infanterie.

On voit, par les commentaires de Montluc, & les autres écrits militaires du même tems, qu’on donnoit le nom de salades aux gens de cheval qui en étoient armés. Ainsi, pour exprimer par exemple, qu’on avoit envoyé deux cens cavaliers dans un poste ou dans un détachement, on disoit qu’on y avoit envoyé deux cens salades. (Q)

SALADIER, s. m. (Gram.) plat de fayance ou de porcelaine, destiné à préparer & servir la salade.

Saladier à jour, s. m. (terme de Vanier.) sorte de petit panier à jour, haut d’un pié, avec un anse & un petit couvercle. (D. J.)

SALADINE, adj. (Jurisprud.) Voyez ci-devant au mot Dixme, l’article Dixme saladine.

SALADO, el Rio, (Géog. mod.) nom de deux petites rivieres d’Espagne, dans l’Andalousie. L’une coule à une lieue de Xerès au midi, & se perd dans la baye de Cadix ; l’autre se jette dans le Xenil, entre Grenade & Ecija. (D. J.)

SALAGE, s. m. (Gram. & Jurisprud.) droit que quelques seigneurs ont de prendre une certaine quantité de sel sur chaque bateau qui passe chargé de sel dans leur seigneurie. (A)

SALAGOU, la (Géog. mod.) petite riviere de France, en Languedoc. Elle a sa source dans le diocèse de Lodeve qu’elle arrose, & se perd dans la riviere de Lergue. (D. J.)

SALAGRAMAM, (Hist. nat. & superstition.) c’est le nom que les Indiens donnent à une pierre coquilliere ou remplie de coquilles fossilles, que l’on trouve dans la riviere de Gandica, qui se jette dans le Gange près de Patna. Cette pierre, qui est réputée sacrée, est communément noire, quelquefois marbrée & de différentes couleurs, de forme ronde ou ovale. Les

Indiens croyent qu’elle a été rongée par un ver, & que le dieu Vistnou, changé en ver, est cause de la figure qu’on y voit. Si l’on consulte le dessein qui nous est parvenu dans les lettres édifiantes, le salagramam n’est qu’une pierre qui porte l’empreinte d’une corne d’ammon, & que l’on détache des roches de la riviere de Gandica. Les Indiens, plus superstitieux que physiciens, en distinguent différentes especes, consacrées à des dieux différens, & auxquels ils donnent des noms divers. Les Brahmes offrent des sacrifices de râclure de bois de santal à cette pierre divine, & lui font des libations. Voyez les lettres édifiantes, tome XXVI. page 399.

SALAIRE, s. m. (Gramm.) est un payement ou gage qu’on accorde à quelqu’un en considération de son industrie, ou en récompense de ses peines & des services qu’il a rendus en quelque occasion. Il se dit principalement du prix qu’on donne aux journaliers & mercenaires pour leur travail.

Salaire, porte, (Antiq. rom.) Salaria ; une des portes de l’ancienne Rome, ainsi nommée parce que c’étoit par là que le sel entroit dans la ville ; on l’appelloit autrement Quirinale, Agonale & Colline. (D. J.)

SALAISON, s. f. (Commerce.) ce mot se dit des choses propres à manger qui se salent avec du sel pour les pouvoir garder, & empêcher qu’elles ne se corrompent ; ainsi l’on dit faire la salaison des harengs, des saumons, des morues, des maquereaux, des sardines, des anchois. Trévoux. (D. J.)

SALAMANDRE, s. f. (Zoologie.) reptile asse semblable au lézard, & qui vit sur terre, de même que dans l’eau.

Les reptiles, especes d’animaux les plus acrédités en merveilles chez le vulgaire toujours crédule, & les plus négligés par les gens du monde toujours légers ou toujours occupés de leurs plaisirs, attirent au contraire les regards des Physiciens, avides de s’instruire jusques dans les plus petits sujets de l’infinie variété du méchanisme de la nature. Graces à leurs recherches, les salamandres qui tiennent les premiers rangs dans la classe des reptiles, ont été dépouillées des singulieres propriétés qu’elles ne devoient qu’à l’erreur, & sont devenues en même tems un objet de curiosité. Justifions ces deux vérités par les observations de MM. du Verney, Maupertuis, du Fay & Wurfbainius.

Division des salamandres en terrestres & aquatiques. Tous les auteurs ont rangé les salamandres sous les deux classes générales de terrestres & d’aquatiques ; mais cette distinction paroît peu juste, parce que ces animaux sont réellement amphibies, & ne peuvent être appellés aquatiques, que parce qu’il s’en trouve un plus grand nombre dans l’eau que sur terre ; celles que l’on prend dans l’eau deviennent terrestres, lorsqu’on les ôte de l’eau ; & celles qu’on trouve sur terre vivent communément dans l’eau, lorsqu’on les y met ; mais les unes & les autres semblent encore aimer mieux la terre que l’eau.

On ne doit cependant pas nier qu’il ne puisse s’en rencontrer qui soient uniquement terrestres ; mais c’est ce dont aucun naturaliste n’a donné jusqu’à ce jour des expériences décisives. De plus, on est tombé dans deux excès opposés ; de ne pas assez distinguer des especes différentes, ou de les trop multiplier. Il est vrai qu’il est difficile de statuer le nombre des especes de salamandres, parce que le sexe & l’âge font de grandes variétés dans la même, & que pendant presque toute l’année on en trouve de tous les âges. La division faite par M. du Fay, des salamandres qu’on nomme aquatiques en trois especes ; cette division, dis-je, peche en ce qu’elle n’est que particuliere à une certaine étendue de pays ; c’est pourquoi sans rien statuer sur une énumération dont la fixation