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que les sentimens des écrivains arabes sont fort partagés sur ce sujet.

Said, fils d’Al-Masib, un des sept grands docteurs & jurisconsultes, qui vécurent dans les premiers tems après Mahomet, soutient que personne ne devoit être mis au rang des compagnons du prophete, à-moins que d’avoir conversé du-moins un an ou plus avec lui, & de s’être trouvé sous ses drapeaux à quelque guerre sainte contre les infideles. Quelques-uns accordent ce titre à tous ceux qui ont eu occasion de parler au prophete, qui ont embrassé l’Islamisme pendant sa vie, ou qui l’ont seulement vu & accompagné, ne fût-ce que durant une heure. D’autres enfin prétendent que cet honneur n’appartient qu’à ceux que Mahomet avoit reçus lui-même au nombre de ses compagnons, en les enrôlant dans ses troupes ; qui l’avoient constamment suivi, s’étoient inviolablement attachés à ses intérêts, & l’avoient accompagné dans ses expéditions. Il avoit avec lui dix mille compagnons de cet ordre quand il se rendit maître de la Mecque ; douze mille combattirent avec lui à la bataille de Honein, & plus de quarante mille l’accompagnerent au pélerinage d’Adieu ; enfin, au tems de sa mort, selon le dénombrement qui en fut fait, il se trouva cent vingt-quatre mille musulmans effectifs.

Les Mohagériens, c’est-à-dire ceux qui l’accompagnerent dans la fuite à Médine, tiennent sans contredit le premier rang entre ses compagnons. Les Ansariens ou auxiliaires qui se déclarerent pour lui, quand il fut chassé de la Mecque, les suivent en dignité, & ont le rang avant les autres Mohagériens, ou réfugiés qui vinrent après que Mahomet fut établi à Médine. Les meilleurs historiens orientaux distribuent tous ces compagnons en treize classes.

Quelques-uns mettent encore au rang des sahabi, de pauvres étrangers, qui n’ayant ni parens ni amis, & se trouvant destitués de tout, imploroient la protection de Mahomet ; mais on les a appellés plus communément assesseurs que compagnons de Mahomet, parce qu’ils étoient ordinairement assis sur un banc, autour de la mosquée. Le prophete en admettoit souvent plusieurs à sa propre table, & Abulféda nomme les principaux auxquels il donna affectueusement sa bénédiction. (D. J.)

SAHAGUN, (Géog. mod.) ville d’Espagne, au royaume de Léon, sur la riviere de Céa, à 8 lieues de Palencia, dans une plaine abondante en grains, vignes & gibier. Elle doit son origine à une abbaye de l’ordre de S. Bénoît. Alphonse VI. dit le vaillant, lui donna des privileges en 1074, qui furent augmentés par Alphonse XI. Long. 13. 15. lat. 42. 30.

SAHARA, (Géog. mod.) on écrit aussi Sara, Zara, & Zaara. Ce nom, qui veut dire desert, se donne à toute cette étendue de pays qui se trouve entre le Bilédulgerid au nord, & la Nigritie au midi. C’est la Libye intérieure de Ptolomée, dans laquelle il comprend aussi une partie de la Numidie, & de la basse Ethiopie.

Ces vastes deserts de Barbarie ne contiennent que des lieux arides, sablonneux, inhabitables, où l’on fait quelquefois cinquante milles sans trouver un verre d’eau ; le soleil y darde ses rayons brûlans ; & les marchands qui partent de Barbarie pour aller dans la Nigritie, ne menent pas seulement des chameaux chargés de marchandises, mais ils en ont d’autres qui ne servent qu’à porter de l’eau. Indépendamment de cette précaution, ils ne font leurs voyages qu’après les pluies, pour trouver du lait & du beurre sur la route. Ils souffrent encore quelquefois en chemin des coups de vent horribles, qui transportent avec eux des monts de sable dont les hommes & les chameaux sont suffoqués.

« Un vent étouffant souffle une chaleur insuppor-

table de la fournaise dont il sort, & de la vaste

étendue du sable brûlant. Le voyageur est frappé d’une atteinte mortelle. Le chameau, fils du desert, accoutumé à la soif & à la fatigue, sent son cœur desséché par ce souffle de feu. Tout-à-coup les sables deviennent mouvans par le tourbillon qui regne ; ils s’amassent, obscurcissent l’air ; le desert semble s’élever, jusqu’à ce que l’orage enveloppe tout. Si le fatal tourbillon surprend pendant la nuit les caravanes plongées dans le sommeil, à l’abri de quelque colline, elles y demeurent ensevelies. L’impatient marchand attend en vain dans les rues du Caire ; la Mecque s’afflige de ce long retard, & Tombut en est desolé ». (D. J.)

SAH-CHERAY, s. m. (poids de Perse.) ce poids pese onze cens soixante & dix derhem, à prendre le derhem pour la cinquieme partie de la livre poids de marc de seize onces.

SAHIA, (Géog. mod.) petite ville de Syrie, à 12 lieues de Hama, & à 13 de Médiez. Elle est sur un rocher escarpé de tous côtés, & a la riviere d’Assi qui en lave le pié.

SAHID, le, (Géog. mod.) ou Saïd, ou Zaïd, (le) ce mot en arabe désigne en général un lieu plus haut qu’un autre ; on s’en sert en Egypte, pour signifier la haute Egypte, autrement nommée la Thébaïde. La province de Sahid est d’une étendue considérable, mais inhabitée dans sa plus grande partie. Les Turcs en sont les maîtres, & y envoyent, pour la gouverner, un sangiac-bey. Il réside à Girgé, capitale du pays. (D. J.)

SAHMI, s. m. (Calend. arménien.) nom d’un mois des Arméniens. C’est, selon quelques savans, le premier de leur année, &, selon d’autres, le troisieme. Voyez la dissertation de Schroeder à la tête de son Thesaurus ling. armen. (D. J.)

SAHRAI-MOUCH, (Géog. mod.) petite ville d’Asie, au Curdistan, à trois journées d’Eclat. Long. suivant les géographes orientaux, 74. 30. lat. 39. 30. (D. J.)

SAIE, s. m. (Hist. anc.) c’est le même vêtement que le sagum. Voyez Sagum.

Saie, s. f. terme d’Orfévre ; petite poignée de soies de porc liées ensemble, & qui sert aux orfévres à nettoyer leurs ouvrages. (D. J.)

Saie, (Manufact. en laine.) petite serge de soie ou de laine qui a rapport aux serges de Caën. Certains religieux s’en font des chemises ; les gens du monde des doublures d’habit. La saie se fabrique en Flandre.

SAIETTE, s. f. (Manufact. en laine.) autre petite serge de soie ou laine ; espece de ratine de Flandre ou d’Angleterre, qu’on appelle aussi revesche. Voyez les articles & Manufacture en laine.

SAIGA, s. m. (Hist. nat.) animal quadrupede, qui, suivant M. Gmelin, ressemble assez au chamoi, à l’exception que ses cornes ne sont point recourbées, mais sont toutes droites. Cet animal ne se trouve en Sibérie que dans les environs de Sempalatnaja Krepost ; car l’animal que l’on nomme saiga dans la province d’Irkursk est le musc.

On mange celui dont nous parlons ; cependant entre cuir & chair il est rempli de petits vers blancs, qui se terminent en pointe par les deux extrémités, & qui ont 8 ou 9 lignes de longueur ; on dit que sa chair a le même goût que celle du daim. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie.

Saiga, (Monnoie.) il est parlé dans les lois que Thierri donna aux Allemands, & que Clotaire confirma l’an 615, d’une monnoie, dite saiga, valant un denier, qui étoit la quatrieme partie d’un tiers de sol, & par conséquent la douzieme partie d’un sol, lequel valoit 12 deniers. Il paroît de-là que le sol de 12 deniers avoit son tiers de sol, aussi-bien que le