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tre les autres dans des mamellons, on voit qu’il pourra se former des concrétions dans les tuyaux qui filtrent l’urine ; il suffit qu’il s’y arrête quelque matiere pour que la substance huileuse s’y attache par couches ; car supposons qu’un grumeau de sang ou des parties terrestres unies s’arrêtent dans un mamelon, la matiere visqueuse s’arrêtera ; avec ces concrétions la chaleur qui surviendra, fera évaporer la partie fluide, ou bien le battement des arteres & la pression des muscles de l’abdomen l’exprimeront, ainsi la matiere desséchée ne formera qu’une masse avec ces corps qu’elle a rencontrés.

Voila ce qui se passe dans la filtration de l’urine ; ce fluide, en sortant des organes secretoires, entre dans les tuyaux longs, blanchâtres, qui se rendent aux mamelons, c’est-à-dire à l’extrèmité des cônes formés par leur assemblage ; quand il est entré dans ces tuyaux, il est poussé par celui qui le suit, par la pression du cœur, des artères du ressort des fibres, par l’action de la respiration ; enfin ce fluide, c’est-à-dire l’urine, sortant en gouttes par les mamellons, est reçu par des calices qui sont des branches de l’extrèmité des arteres, & soit par son poids, soit par l’urine qui suit, soit enfin par la pression dont nous venons de parler, il se rend dans la vessie.

Ces principes qui établissent l’action des reins, nous en marquent la nécessité. Les fluides tendent à s’alkaliser, à se pourrir, à devenir âcres ; ainsi il est nécessaire qu’il y ait dans le corps un égoût qui reçoive ces matieres & les pousse hors du corps. Une autre matiere qui se sépare continuellement des autres, & qui doit être filtrée, est une matiere séreuse, fort subtile, qui est très-abondante dans les urines.

Or pour la séparation de ces matieres, on n’a besoin que de couloirs nombreux qui soient assez ouverts pour recevoir les excrémens du sang ; ainsi l’attraction qu’on a voulu introduire dans l’action des filtres, peut bien être ailleurs un excellent systême, mais qu’aucune nécessité ne peut nous faire adopter ici.

Les fermens urinaires ne doivent pas être mieux reçus, ce sont des agens que l’imagination a formés pour amuser notre ignorance ; les faits seuls doivent nous conduire ; si nous prenons pour fondement des hypothèses, nous verrons toujours nos opinions démenties par la nature. Senac. (D. J.)

Reins maladies des, (Médec.) 1°. Les anatomistes appellent reins, deux corps de la figure d’une feve, placés intérieurement sur les lombes, munis d’une artere & d’une veine considérable, & parsemés d’une grande quantité de nerfs ; la nature les a destinés à séparer de l’humeur qui y abonde, le liquide qu’on nomme urine qui s’amasse dans leur bassin, & qu’ils déposent dans les ureteres. Ces deux corps, tels que nous venons de les décrire, sont sujets à des maladies générales & particulieres.

2°. La plus fréquente de ces maladies est la pierre que certains auteurs appellent urine néphrétique ; elle a son siege dans le bassin des reins, & remplissant par sa masse l’entrée de l’uretere, elle produit l’obstruction, la pesanteur & la suppression d’urine ; de sa dureté procède une douleur de reins, l’anxiété, le pissement de sang, l’ulcere de la partie, l’enlevement de la mucosité, une urine remplie de matiere mucilagineuse & sablonneuse ; par la simpathie qui se trouve entre les reins & les autres parties du corps, il en résulte la stupeur des cuisses, le retirement en arriere du testicule, la colique, la constipation du ventre, la cardialgie, la nausée, le vomissement, le dégoût, l’ictère, la dyspnée, l’avortement & les convulsions ; de la suppression d’urine & du dérangement des fonctions, proviennent le comavigil, la foiblesse, la cachexie, l’atrophie, la fievre, le tremblement, la syncope, le délire, la somnolence ; tous

ces symptomes sont les signes d’un calcul caché ; leur guérison particuliere ne s’écarte point de la méthode curative générale ; mais les maux qui en sont la suite par la simpathie, exigent l’usage des anodins & la nécessité de tenir le ventre libre.

3°. Les autres corps étrangers qui se trouvent dans les reins, comme le grumeau, les vers, les matieres visqueuses, le pus, qui tous produisent l’obstruction, donnent lieu à la suppression d’urine accompagnée de divers accidens par tous le corps ; pour dissiper ces accidens, il faut absolument détruire la cause dont ils émanent.

4°. La douleur des reins, est une espece de néphrétique produite seulement dans le bassin de ce viscere, par l’acrimonie, l’inflammation, l’érésipele, le catharre, le rhumatisme, l’humeur goutteuse, la métastase, le calcul ; d’où résulte nécessairement quelque difficulté d’urine ; cette douleur a ses signes particuliers qui l’accompagnent & qui la font distinguer de toute autre maladie : sa curation doit être relative à la connoissance de la cause.

5°. Lorsque les vaisseaux sanguins relâchés dans les reins, introduisent du sang dans l’urine, elle sort sanguinolente, avec un dépôt de même nature, sans douleur ou pulsation dans les lombes, mais accompagnée d’une sensation de froideur qu’il faut traiter par les corroborans ; quand les vaisseaux ont été rompus par une trop grande impétuosité, après l’ardeur des lombes, il succede un pissement de sang qui demande les saignées & les rafraîchissans ; si les vaisseaux corrodés ou détruits par le calcul, causent le pissement de sang, il faut employer les huileux, les mucilagineux, & les émolliens.

6°. Comme la convulsion empêche les fonctions dans les autres parties, de même dans l’irritabilité, l’hystérisme, la sympathie & les passions de l’ame, il arrive que la contraction des reins cause assez souvent la suppression de l’urine, qu’il faut dissiper par le moyen des antispasmodiques.

7°. L’affoiblissement de la fonction des reins empêche la secrétion de l’urine, ou laisse passer avec l’urine d’autres humeurs utiles à la santé ; le traitement de cet accident exige l’usage interne des corroborans, & de leur application extérieure sur la région des lombes.

8°. La suppuration & l’ulcération des reins, qui procede d’une urine purulente, se connoit par des marques autour des lombes, & requiert les balsamiques pour adoucir un mal qui est incurable. (D. J.)

Reins succenturiaux, (Anatom.) les capsules atrabilaires des anciens, appellées par quelques modernes reins succenturiaux, ou glandes surrénales (on choisira le nom qu’on aimera le mieux), sont deux corps irrégulierement applatis, qui ont été décrits pour la premiere fois par Eustachius. Ils offrent aux anatomistes des jeux variés sur leur position, leur figure, leur couleur, leur grandeur, leurs vaisseaux, cependant je ne sache aucune observation qui dise que ces glandes ayent jamais manqué dans un sujet.

Elles sont d’ordinaire posées sur le sommet des reins, une de chaque côté ; mais quelquefois elles sont placées au-dessus des reins, d’autrefois tout proche, & quelquefois une de ces capsules est plus grosse que l’autre ; leur figure est aussi inconstante, tantôt ronde, tantôt ovale, tantôt quarrée, tantôt triangulaire ; leur couleur est tantôt rouge, tantôt semblable à celle de la graisse dont elles sont environnées ; leur grandeur ne varie guere moins dans les adultes ; leurs vaisseaux sanguins viennent quelquefois de l’aorte & de la veine-cave & d’autrefois des vaisseaux émulgens.

Ce n’est pas tout, il faut encore mettre les capsules atrabilaires au nombre des parties dont on laisse à la postérité l’honneur de découvrir l’usage. Il semble