Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chanique est en effet différente dans les différentes parties. Le mouvement conique du bras & de la cuisse se fait par une seule articulation. Celui de l’avant-bras fléchi & de la jambe fléchie ne se peut faire que par le moyen de plusieurs articulations. Il est évident qu’il en faut encore davantage pour la tête & le tronc en pareilles occasions.

On destine communément certains muscles pour faire la rotation, ou les demi-tours réciproques de la cuisse, & on les appele muscles rotateurs de cette partie. Il est certain qu’ils y contribuent quand la cuisse est dans une même ligne droite avec le corps, comme quand on est droit debout, ou couché de tout son long. Mais la cuisse étant fléchie, comme quand on est assis, ces muscles ne peuvent point du tout faire cette rotation, ni y contribuer en la moindre chose, car alors ils deviennent abducteurs ou adducteurs, & ceux que l’on borne ordinairement à l’abduction ou l’adduction deviennent rotateurs. Ainsi il faut nécessairement distinguer la rotation de la cuisse étendue d’avec celle de la cuisse fléchie, & non pas attribuer l’une & l’autre aux mêmes muscles.

On peut encore rapporter à la rotation les demi-tours réciproques de la main, que les Anatomistes appellent pronation & supination, & qui se font principalement par le moyen du rayon ; je dis principalement, parce que M. Winslow a fait voir dans son anatomie, que ce n’est pas toujours le rayon seul qui est mu pour faire la pronation & la supination, comme on le croit & comme on le montre ordinairement. Ces mouvemens de pronation & de supination se font par le moyen de trois os en même tems ; les quatre muscles auxquels seuls on a attribué la pronation & la supination n’y suffisent pas, il en faut encore d’autres, pour les petits mouvemens d’élévation, d’abaissement, d’approche, & d’éloignement de l’extrémité de l’os du coude. Voyez les Mémoires de l’acad. des Sciences, année 1729. (D. J.)

ROTE, s. f. (Hist. mod.) est le nom d’une cour ou jurisdiction particuliere établie à Rome pour connoitre des matieres bénéficiales de toutes les provinces qui n’ont point d’indult pour les agiter devant leurs propres juges. Voyez Bénéfice.

Cette cour est composée de 12 conseillers qu’on nomme auditeurs de rote. Ils sont tirés des 4 nations : d’Italie, France, Espagne & Allemagne : il y en a 3 romains, un florentin, un milanois, un de Bologne, un de Ferrare, un vénitien, un françois, deux espagnols & un allemand. Chacun d’eux a sous lui 4 clercs ou notaires, & le plus ancien des auditeurs fait l’office de président. On porte à leur tribunal toutes les causes bénéficiales, tant de l’intérieur de Rome que de l’Etat ecclésiastique, lorsqu’il y a appel ; ils jugent de plus toutes les causes civiles au-dessus de 500 écus.

On les appelle aussi chapelains du pape, parce qu’ils ont succédé aux anciens juges du sacré palais, qui donnoient leurs audiences dans la chapelle du pape. Voyez Chapelain.

A l’égard de la dénomination de rote, qui vient de rota, roue, quelques auteurs la font venir de ce que les plus importantes affaires de la chrétienté roulent, & pour ainsi dire, tournent sur eux. Ducange fait venir ce mot de rota porphyretica, parce que le carreau de la salle où ils s’assembloient d’abord, étoit de porphyre, & fait en forme de roue ; & d’autres enfin de ce que les auditeurs de rote, quand ils jugent, sont rangés en cercle.

Le revenu de ces places peut monter à environ mille écus par an, & c’est le pape qui les paie. Il leur est défendu sous peine de censure, de recevoir aucune autre rétribution pour leurs sentences, même par forme de présent. Pour qu’une affaire soit décidée à la rote, il faut trois sentences consécutives dont la

derniere contient les raisons, autorités ou motifs sur lesquelles est fondé le jugement ; & lorsqu’il est rendu, les parties ont encore la ressource de la requête civile, au moyen de laquelle la cause peut être portée & revue devant le pape à la signature de grace.

Les audiences de la rote se tiennent tous les lundis, hors le tems des vacances qui commencent la premiere semaine de Juillet, & durent jusqu’au premier d’Octobre. La rentrée est annoncée par une nombreuse cavalcade, où les deux derniers auditeurs de rote se rendent au palais suivis de tous les officiers inférieurs de leur tribunal & de plusieurs gentilshommes que les cardinaux, ambassadeurs, princes & seigneurs romains envoient pour leur faire cortege ; & l’un des deux prononce une harangue latine sur quelque matiere relative aux fonctions du tribunal de la rote, & en présence des autres auditeurs qui se sont aussi rendus au palais apostolique. C’est encore un des privileges des auditeurs de rote que de donner le bonnet de docteur en l’un & l’autre droit aux sujets qu’ils en jugent capables.

ROTELEN, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans le marcgraviat de Bade-Dourlach, à une lieue de Bâle, avec un château. (D. J.)

ROTENBERG ou RODENBORG, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, dans l’évêché & près de Ferden.

Il y a une autre petite ville du même nom en Franconie, dans l’évêché de Wurtzbourg. (D. J.)

ROTENBURG, (Géog. mod.) prononcez Rotenbourg. Il y a quatre villes de ce nom en Allemagne.

1°. Rotenburg, ville libre & impériale, dans la Franconie, sur la riviere de Tauberg. Elle fut fondée au commencement du vj. siecle, & ses habitans étoient encore payens. L’empereur Frédéric I. l’érigea en ville libre de l’empire. Les troupes suédoises, françoises, impériales & bavaroises la prirent, & la ruinerent tour-à-tour dans le dernier siecle. Tous les habitans de cette ville & du comté de son nom sont luthériens. Long. 27. 45. latit. 49. 20.

2°. Rotenburg, ville de Suabe, au comté d’Hohenberg, sur le Necker, à 5 lieues au coachant de Tubingen, avec un château de même nom & titre de comté. Long. 26. 28. latit. 48. 24.

3°. Rotenburg, petite ville de l’évêché de Spire appartenant à l’évêque de Spire.

4°. Rotenburg, ville du pays de Hesse située entre des montagnes, sur la riviere de Fulda, avec un château bâti en 1574 par Guillaume IV. landgrave de Hesse.

Cette ville est petite ; mais elle a été illustrée par la naissance de Dithmar (Juste-Christophe), auteur de plusieurs ouvrages curieux. Voici les principaux : 1°. dissertationes academicæ ex jure publico naturali & historiâ, &c. Lipsioe, 1737 in-4°. La plûpart de ces pieces roulent sur des matieres intéressantes à l’Allemagne, comme de l’origine des électeurs, du faux Valdemar, prétendu marcgrave de Brandebourg, &c. 2°. Caii Cornelii Taciti, de situ, moribus & populis Germaniæ, libellus. Francof. 1725. L’auteur y a joint un commentaire perpétuel & historique sur les noms, la situation, les actions des peuples de l’Allemagne, les sociétés qu’ils ont formées, leurs mœurs, leurs droits, l’origine de leurs coutumes, &c. c’est le meilleur ouvrage qu’on ait sur la Germanie de Tacite. L’édition est fort jolie, mais elle a un grand défaut, c’est d’être peu correcte. 3°. Histoire & description de l’ordre de S. Jean, à Francfort sur l’Oder 1728, in-4°. en allemand, avec des planches. 4°. Commentatio de ordine militari de balneo. Francfort, 1729, infol. Le roi George I. ayant voulu rétablir l’ordre de chevalerie du bain, M. Dithmar fit alors cet ouvrage auquel il a joint les statuts de cet ordre en anglois, avec une traduction latine. 5°. Introduction à la con-