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Rode de pouppe, & Rode de proue, (Marine.) c’est dans une galere, ce qu’on appelle l’étambord & l’etrave dans un vaisseau. Voyez Galere.

RODE-MACHEREN, ou RODEMARCK, (Géog. mod.) ville des Pays-bas, dans le duché de Luxembourg, entre Luxembourg & Thionville, avec un fort château que les François, sous les ordres du duc de Guise, pillerent en 1639 : elle dépend de la maison d’Autriche. Long. 24. latit. 46. 35. (D. J.)

RODER, v. act. terme d’Armurier ; c’est tourner dans un calibre double cette piece de la platine des armes à feu, que l’on appelle la noix. Richelet. (D. J.)

RODEZ, (Géog. mod.) ville de France, dans le gouvernement de Guyenne, capitale du Rouergue, sur une colline, au pié de laquelle passe l’Aveiron, à 10 lieues d’Albi, à 20 de Toulouse, & à 130 de Paris. Long. suivant Cassini, 19. 37′. 30″. latit. 44. 20′. 40″.

Il y a dans cette ville sénéchaussée, présidial, & élection ; l’évêché étoit établi dès l’an 450, & a été suffragant de l’archevêché de Bourges, jusqu’à l’érection de celui d’Albi, sous lequel il est à présent. Il vaut au-moins quarante mille livres de revenu à l’évêque, qui est en partie seigneur de la ville, & prend la qualité de comte de Rodez ; son diocèse renferme environ 450 paroisses.

La cathédrale est un édifice gothique, mais assez beau ; son clocher bâti en pierres de taille, est renommé pour sa hauteur. Le chapitre est considérable, étant composé de quatre archidiaconés, quatre personnats, & vingt-quatre chanoines ; les canonicats valent 12 à 1500 livres années communes, & les archidiaconats sont encore meilleurs.

Mais la ville de Rodez est vilaine ; les rues sont étroites, sales, & la plûpart en pente ; les maisons sont aussi fort mal bâties ; on y compte environ six mille ames. Il s’y tient quatre foires par an, où l’on vend beaucoup de mules & de mulets pour l’Espagne ; ce qui fait un commerce assez considérable, outre les toiles grises & les serges qu’on débite en Languedoc.

Rodez se nomme en latin Segodunum, Segodunum Rectenorum, Ruteni, & urbs Rutena. Ptolomée connoît le nom de Segodunum, qui est aussi marqué dans la carte de Peutinger ; & par-là on voit que ce nom étoit encore en usage au commencement du v. siecle ; mais Grégoire de Tours, & ceux qui l’ont suivi, ne se servent que du mot Ruteni, qui est le nom du peuple.

Deux jésuites, le P. Annat, & le P. Ferrier, tous deux consécutivement confesseurs de Louis XIV. tous deux auteurs de plusieurs livres contre les Jansénistes, sont nés à Rodez, ou du-moins pour ce qui regarde le P. Annat, dans le diocèse de cette ville : leurs nombreux écrits polémiques sont morts avec eux.

Mais M. Amelot de la Houssaye rapporte un trait honorable à la mémoire du P. Ferrier : un chanoine de Bourges appellé Perrot, parent du P. Bourdaloue, lui écrivit une lettre par laquelle il tâchoit de l’engager de demander au roi, que les évêques qui seroient nommés à l’avenir par sa majesté, eussent à recevoir lors de leur sacre, de la main de son confesseur, la croix pectorale & l’anneau nuptial, & à payer au confesseur une certaine somme, à proportion du revenu des évêchés.

Le P. Ferrier en donnant cette lettre à lire à M. Amelot, lui dit : « Voilà un homme qui me propose de lever une nouvelle annate sur les évêchés futurs ; je songeois à lui procurer quelque petite abbaye, mais puisqu’il a perdu l’esprit, il n’aura rien ». (Le Chevalier de Jaucourt.)

RODIA, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au

royaume de Naples, sur la côte de la Capitanate, c’est la ville Hyrium ou Vreum des anciens ; son terroir produit des fruits excellens. Le golfe de Rodia qui fait une partie du golfe de Venise, est sur la côte de la Pouille. C’est de ce golfe que partit le pape Alexandre III. avec treize galeres, pour aller à Venise se réconcilier avec l’empereur Frédéric Barberousse. (D. J.)

RODIGAST, s. m. (Mythol.) divinité des anciens Germains qui portoit une tête de bœuf sur la poitrine, un aigle sur la tête, & tenoit une pique de la main gauche. (D. J.)

RODOSTO, ou RODOSTA, ou RODESTO, (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, dans la Romanie, sur la côte de la mer de Marmora, au fond d’un petit golfe de même nom, à 6 lieues au sud-ouest d’Héraclée, & à 24 de Constantinople ; les Grecs y ont quelques églises, & les Juifs deux synagogues ; son port lui procure l’avantage d’un commerce assez considérable. Long. 45. 10. lat. 40. 54. (D. J.)

RODOUL, s. m. arbrisseau dont la feuille sert aux Teinturiers pour le noir.

RŒMER, (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme à Francfort sur le Mein, l’hôtel-de-ville ; il est fameux dans toute l’Allemagne, parce qu’on y conserve la bulle d’or de l’empereur Charles IV. qui est la loi fondamentale de l’empire germanique.

ROÉ-NEUG, (Mesure de longueur) c’est la plus grande des mesures pour les distances & les longueurs, qui soit d’usage dans le royaume de Siam ; c’est proprement la lieue siamoise, qui est d’environ deux mille toises de France. Voyage de Siam. (D. J.)

ROER, prononcez Roure, (Géog. mod.) nom de deux rivieres d’Allemagne ; l’une au-deçà du Rhin, prend sa source aux confins du Luxembourg, mouille les villes de Gemund, Duren & Juliers, & va se jetter dans la Meuse, à Ruremonde ; l’autre, Roer, coule dans le cercle de Westphalie ; elle a sa source aux confins du comté de Waldeck, parcourt le comté de la Marck, & se perd dans le Rhin, à Duisbourg. (D. J.)

ROETACES, (Géog. anc.) fleuve d’Asie ; il couloit au voisinage de l’Arménie, & c’étoit, selon Strabon, liv. XI. p. 500. un des fleuves navigables qui se jettoient dans le Cyrus. (D. J.)

RŒUX, ou le Rœulx ; (Géog. mod.) petite ville des Pays-bas dans le Hainaut, entre Soignies au nord, & Binche au midi. Cette petite ville fut érigée en comté par Charles-quint, en faveur de la maison de Croy. Long. 21. 44. lat. 50. 28. (D. J.)

ROGA, s. f. (Hist.) étoit autrefois un présent que les Augustes ou empereurs faisoient aux sénateurs, aux magistrats, & même au peuple ; & que les papes ou patriarches faisoient à leur clergé. Voyez Don.

Ce mot vient du latin erogare, donner, distribuer ; selon d’autres, il vient de rogo, je demande ; c’est pour cela, dit-on, que S. Grégoire le grand appelloit ces distributions precaria, parce qu’on les demandoit pour les avoir. D’autres le font venir du mot grec ῥογὸς, qui signifie quelquefois du blé, parce que ce présent consistoit anciennement dans une distribution de blé qu’on faisoit au peuple, aux soldats, &c.

Les empereurs avoient coutume de distribuer ces présens le premier jour de l’année, ou le jour de leur naissance, ou le jour de la fête de la ville où ils étoient ; les papes & les patriarches les distribuoient dans la semaine de la passion. L’usage de ces présens ou largesses, fut introduit à Rome, par les tribuns du peuple, qui vouloient par ce moyen gagner la populace & la mettre dans leurs intérêts. Les empereurs se conformerent à cette coutume, & firent aussi de pareilles distributions au peuple & même aux