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& par le poids que ces parties exigent, altere & change réellement la nature d’un bon régulateur (Voyez Régulateur) : donc il suit qu’en supposant qu’on parvienne à corriger les effets de la dilatation, l’on tombe nécessairement dans d’autres inconvéniens plus à craindre encore, celui d’affoiblir la puissance réglante. Comme l’on ne passe pas subitement d’une grande chaleur à un grand froid, les particuliers qui ont des pendules à secondes ne verront que de petites erreurs, & d’autant plus petites, qu’ils pourront les prévenir en y faisant toucher deux fois l’année, au commencement de l’été & de l’hiver ; mais pour l’observateur qui veut continuellement l’heure exacte, il peut sans grande peine maintenir sa pendule par une température artificielle, ou bien encore se former une table des erreurs que le changement de température lui donne, & comparer la table avec son thermometre lorsqu’il consulte sa pendule.

Il suit de ces quatre principales remarques, que pour avoir une pendule bien réglée, & que la verge soit sensiblement dans une longueur constante, il vaut mieux chercher à la tenir dans la même température.

L’on y trouvera ce double avantage qu’en prevenant l’alongement de la verge du pendule, l’on prévient encore tous les effets que le froid ou le chaud fait sur les autres parties de la machine, ce qui n’est pas à négliger, car j’ai vu dans de grands froids une pendule bien faite faire des effets tout contraires à ce qu’on devoit s’en attendre : la verge du pendule étant raccourcie, elle devoit avancer, cependant elle retardoit ; la cause étoit que l’huile étoit un peu desséchée, ensorte que les frottemens étoient tellement augmentés, qu’ils retardoient l’oscillation en plus grande raison que le raccourcissement ne l’accéléroit. Je n’ai fait que mettre de la nouvelle huile fluide, & cette pendule s’est mise à avancer à-peu-près de ce qu’elle retardoit. A l’égard des pendules de différentes longueurs, l’on peut poser en fait qu’elles varient toutes également par les mêmes températures, ce qui est aisé à démontrer par le raisonnement suivant.

L’on sait que les longueurs des pendules sont entre elles réciproquement comme le quarré du nombre de leurs vibrations faites dans un même tems, ou bien que le nombre de vibrations de deux pendules dans un même tems sont entr’eux en raison inverse des racines quarrées des longueurs desdits pendules : cela est démontré. Il suit donc de ce principe que si la chaleur ou le froid vient à faire varier la longueur des pendules, comme cela est indubitable, cette variation sera proportionnée aux longueurs données, car la dilatation ou la condensation agit en tout sens, cela est incontestable : donc les dimensions homologues éprouveront des changemens proportionnels. Ainsi un pendule double ou triple s’alongera de même du double ou triple.

Donc il suit que les effets ou vibrations qui résulteront dans un même tems par les variations des longueurs du pendule, produiront nécessairement des effets proportionnés au principe ; par conséquent il n’y a point de préférence à donner sur les longueurs des pendules pour obtenir moins de variation par des températures différentes. Il suit même de ce principe que pour régler un pendule de différentes longueurs, il faut, pour faire les mêmes effets, remonter ou descendre la lentille dans ce rapport des longueurs : par exemple, deux pendules, un de 36 pouces, l’autre d’un pouce pour faire un effet d’une minute sur le grand pendule, il le faut alonger d’une ligne, & il ne faudra que la 36e partie d’une ligne pour faire le même effet sur le pendule d’un pouce, ce qui est infiniment difficile à saisir, pour ne pas dire impossible. Il suit encore

que pour régler des pendules très-courts, les causes méchaniques ou le méchanisme des suspensions étant les mêmes dans les longs que dans les courts, les erreurs des suspensions seront des effets quadruples sur les courts.

Il suit enfin que les pendules les plus courts sont les régulateurs les plus foibles ; ils absorbent donc moins les inégalités de la force motrice, & les variations qui proviennent du frottement des pivots : d’où je conclus que les pendules qui ont de courts pendules sont les plus difficiles à régler, & les plus inconstantes dans leurs usages, & réciproquement. M. Romilly.

RÉGLET, s. m. (Archit.) petite moulure plate & étroite, qui dans les compartimens & panneaux, sert à en séparer les parties, & à former des guillochis & entrelas ; le réglet est différent du filet ou listel, en ce qu’il se profile également comme une regle. (D. J.)

Réglets, terme d’Imprimerie, ce sont les lignes droites qui marquent sur le papier ; ils sont en usage à la tête des chapitres, & quelquefois après les titres courans des pages : les réglets sont de cuivre ou de fonte, qui est la même matiere que les lettres ; l’œil du réglet est simple, double & triple ; on en forme aussi des quadres pour entourer les pages entieres. Voyez la Table des caracteres.

Réglet des Menuisiers, est une regle de bois de quinze lignes de large sur quatre d’épaisseur, environ dix-huit pouces ou deux piés au plus de long, & bien de calibre sur tous les côtés, montée sur deux coulisses qui élevent une regle environ d’un pouce, de sorte qu’elle soit bien parallele au plan sur lequel on pose les coulisses ou pié ; son usage est pour voir si les bords ne sont point gauches ; il en faut de la même façon pareillement justes, de sorte que lorsqu’on veut s’en servir, on pose un de ces réglets à l’extrémité de la piece qu’on veut vérifier, les coulistes posant l’une sur une des rives, & l’autre sur l’autre rive. Ensuite à l’autre bout on pose de même un autre réglet de la même maniere, puis l’on regarde par un des bouts pour voir si ces réglets s’alignent bien, & si un bout ne leve point plus que l’autre ; que s’ils ne se bornaillent point l’un & l’autre, c’est-à-dire que les deux réglets n’en fassent qu’un, c’est une marque que la piece est gauche. Voyez les fig. & les Pl. de Menuiserie.

RÉGLETTES, s. m. pl. (Impr.) les Imprimeurs nomment ainsi certaines petites tringles de bois, de la largeur de sept à huit lignes, & réduites au rabot à l’épaisseur des différens corps de caracteres de l’Imprimerie ; on appelle réglettes celles qui se comprennent depuis le feuillet jusqu’au petit-canon : on dit une réglette de petit-romain, de cicéro, c’est-à-dire que la réglette considérée par la force de son épaisseur, appartenant pour cette raison à une sorte de caractere, on la nomme réglette de tel caractere, comme il est dit dans l’exemple ci-dessus : on se sert des réglettes pour blanchir les titres dans différens ouvrages, mais il est toujours mieux d’employer des cadrats autant que l’on peut, eu égard à la solidité dont est la fonte, & le peu de justesse du bois, si bien travaillé qu’il soit, qui quand on le supposeroit de la derniere perfection, est sujet à l’user, à des incidens continuels & de toute nature.

RÉGLEUR, s. m. (Relieur de livres.) c’est l’ouvrier qui regle avec une encre qui tire sur le rouge, les feuillets des livres qu’on veut qui soient un peu propres, & qu’on a lavés auparavant. Cette façon ne se donne plus guere qu’aux bréviaires, missels, & autres livres d’église ; on regle aussi du papier blanc. Savary. (D. J.)

RÉGLISSE. s. f. (Botan.) glycyrrhisa, genre de plante à fleur papillionacée. Le pistil sort du calice & devient dans la suite une silique courte, qui renferme des semences dont la forme ressemble ordi-