Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

turelles & de vastes campagnes unies, d’un terrein gras, coupé par des ruisseaux qui le rafraîchissent. Le riz, le mil, le mahis, les pois, les patates, en un mot toutes sortes de légumes y viennent en perfection. On voit d’espace en espace des bouquets de palmier, d’orangers, de citronniers, de cotonniers de diverses especes, qui sans culture portent des fruits excellens. On y voit quantité de cannes à sucre qui y sont naturelles, & dont les éléphans profitent ; mais les negres de ces quartiers sont féroces, & même antropophages ; ils n’ont pour vêtement qu’un très-petit morceau de toile devant eux. Cependant le pere Labat prétend qu’il ne seroit pas difficile de les apprivoiser, & que Rio-S.-André est le lieu de toute cette côte le plus propre à placer une forteresse utile pour le commerce de l’or, des dents & des esclaves. (D. J.)

RIO-SANGUIN, (Géog. mod.) riviere d’Afrique, dans la Guinée, & dont l’embouchure est à 12 lieues de celle de Rio-Sextos. Les François ont eu un établissement sur les côtes de cette riviere, dont les Portugais s’emparerent, jusqu’à ce qu’ils en aient été chassés eux-mêmes par les Anglois & les Hollandois en 1604. L’embouchure de Rio-Sanguin est à 12 degrés de longit. & à 5. 12 de latitude septentrionale. (D. J.)

RIO-SEXTOS, (Géog. mod.) riviere d’Afrique, dans la Guinée. Son embouchure est à 12 lieues de celle de Rio-Sanguin, & à-peu-près à la même distance du petit Dieppe. Ce fut sur les bords de cette riviere que les Portugais virent pour la premiere fois du petit poivre, qu’on appelle en France graine de paradis, ou maniguette ; ce qui a fait donner à la côte le nom de côte de Maniguette, & par les Portugais côte de Sextos. La riviere de ce nom a un très-long cours, & environ demi-lieue de largeur à son embouchure. Les negres de cette côte font souvent des courses sur leurs voisins, pour enlever des captifs qu’ils vendent aux Européens. Les autres marchandises qu’on peut tirer de cette côte à grand marché, sont la maniguette, le riz, le mahis, les volailles, les bestiaux. On y trouve aussi des cailloux plus beaux que ceux de Medoc, & qu’on taille plus aisément que le diamant. (D. J.)

RIO-TINTO, (Géog. mod.) riviere d’Espagne, dans l’Andalousie, appellée aussi Azeche, & par les anciens Urius. Son eau est très-mauvaise, amere, nuisible aux plantes, & à tout ce qui a vie. Elle se jette dans l’Océan tout près de l’embouchure de celle de l’Odiero. (D. J.)

RIOUZIC, (Géog. mod.) petite île de France, en Bretagne, sur la côte de l’evêché de Tréguier, & une des sept îles que les anciens ont appellé Siadæ. (D. J.)

RIOXA, (Géog. mod.) en la in Raconia ; petite province d’Espagne, dans la Castille vieille, au voisinage de Miranda, de Ebro. Elle est séparée de l’Alava par l’Ebre, & elle prend son nom de Rio-Oxa qui l’arrose. On y jouit d’un air fort pur ; son terroir est fertile en blé, en vin & en miel. Elle renferme trois ou quatre villes ou bourgs, comme Navarette, Guardia, Bastida & Belovado.

C’est dans ce dernier lieu qu’est né Spinosa (Jean). Il servit utilement Charles-Quint dans quelques expéditions militaires ; mais il est connu des gens de lettres par un ouvrage à la louange des femmes, intitulé Gynæcepænos, imprimé à Milan en 1580, & par un autre livre, sous le titre de Micracanthos, contenant les actions & les paroles remarquables des grands hommes. (D. J.)

RIPA, (Géog. mod.) autrement Ripa trassonia, ou Ripa transone ; petite ville d’Italie, dans l’état de l’Eglise, Marche d’Ancône, & dans les teries. Elle est à 5 milles de la côte du golfe de Venise, à égale

distance de Monte Alto, & environ à 6 milles de Fermo. Elle est passablement peuplée, & a quelques fortifications. Son évéché fondé en 1570, est suffragant de Fermo. Long 31. 36. lat. 45. 55. (D. J.)

RIP AEI montes, (Géog. anc.) montagnes de l’Arcadie, selon Servius, in lib. IX. Æneid. p. 1340, qui dit que leur nom differe de celui des monts Rhiphées, en ce que l’un s’écrit avec aspiration, & l’autre sans aspiration. Voyez montes. Géog. anc. (D. J.)

RIPAILLE, (Géog. mod.) bourg de Savoie, dans le Chablais, sur le bord du lac de Geneve, environ à une lieue de Thonon. Long. 24. 10. latit. 46. 23.

Ripaille que fonda Amédée VIII. pour six hermites & lui, a acquis de la célébrité par la retraite agréable & momentanée qu’y fit ce prince, dans le tems qu’il se crut guéri de toute ambition, & que laissant flotter les renes de la souveraineté entre les mains de son fils, il ne songeoit pas à briguer la thiare pontificale contre aucun cardinal, & ne s’occupoit que des plaisirs de la vie tranquille. M. de Voltaire a joliment dépeint son caractere dans les vers qui suivent :

O bisarre Amédée !
De quel caprice ambitieux
Ton ame est-elle possédée ?
Ah ! pour quoi t’échapper à ta douce carriere ?
Comment as-tu quitté ces bords délicieux,
Ta cellule, ton vin, ta maîtresse & tes jeux,
Pour aller disputer la barque de S. Pierre ?

(D. J.)

RIPE, s. f. (outil d’ouvriers.) outil de maçon, de tailleur de pierre, & de sculpteur, qui sert à gratter un enduit ou de la pierre, ou une figure. La ripe des maçons est une espece de fer en forme de queue d’ironde dentelée, ou une sorte de petite truelle triangulaire, qui a des dents d’un côté, qu’on appelle plus communément truelle bretée ou bretelée ; celle des tailleurs de pierre est plus large, mais peu différente de celle des maçons. Pour celle des sculpteurs, c’est un cizeau plat, un peu courbé par le bout, & dentelé du côté convexe. Ces trois ripes sont à manches de bois. Il y a aussi des ripes sans dents qui ne sont que des fers un peu larges, pliés en équerre, tranchans & emmanchés de bois. Savary. (D. J.)

RIPEN ou RYPPEN, (Géog. mod.) ville de Danemark, dans le Jutland septentrional, près de la côte occidentale, & capitale du diocèse auquel elle donne son nom. Elle est située à 20 lieues au nord-ouest de Sleswick, & est mouillée par la riviere de Nipsaa, qui y cause souvent de grands dommages. Elle a pour sa défense un ancien château, mais elle est surtout fortifiée par la nature. Son église cathédrale est bâtie de pierres de taille. L’évêché de cette ville a pris son commencement vers l’an 860, & l’éveque jouissoit autrefois de la jurisdiction temporelle & spirituelle ; mais en 1536, le roi Christian III. ayant introduit la religion luthérienne en Danemark, réunit le domaine de l’évêché à la couronne. Le diocèse de Ripen qui est borné au midi par le duché de Slesweick, & au nord par le Wibourg, est composé de 13 bailliages.

La ville de Ripen est gouvernée par deux bourguemestres & par un sénat. Les prairies des environs de cette ville donnent un profit considérable aux habitans par la nourriture des bestiaux ; car c’est l’endroit où l’on assemble les bœufs de presque tout le Jutland. On les embarque ensuite sur des vaisseaux pour les transporter en divers pays, & principalement en Hollande. Long. 42. 8′. latit. 55. 19′.

Borrichius (Olaüs) l’un des plus savans personnages du nord, naquit à Ripen en 1626, & devint conseiller de la chancellerie royale en 1689. Il protégea les sciences de son crédit & de sa bourse. Il fonda