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miracle, parce qu’il n’étoit pas homme à l’oublier. Il est encore bon d’observer qu’on l’obligea de se disculper par serment, d’avoir mal parlé de la reine Frédégonde.

Genebrard (Gilbert), religieux de Clugny, & qui devint archevêque d’Aix en 1591, étoit un des savans hommes du xvi siecle. Il mourut à Semur en 1597, à 60 ans. On a de lui plusieurs ouvrages, & entr’autres une traduction françoise de Josephe. Il a publié en latin une chronologie sacrée, un commentaire sur les pseaumes, plusieurs opuscules des rabbins, trois livres sur la Trinité, & un traité pour soutenir les élections des évêques par le clergé & par le peuple, contre la nomination du roi. Ce dernier traité fit grand bruit par le mauvais esprit qui engagea l’auteur à le mettre au jour. C’étoit un livre injurieux aux droits de l’église gallicane, & le parlement de Provence le condamna à être brûlé. On sait que Genebrard avoit embrassé quelque tems auparavant le parti de la ligue, & qu’il ne cessoit dans ses sermons de déclamer avec fureur contre Henri IV. Il vomissoit, dit le journal de l’Etoile, autant d’injures contre ce prince, qu’une harangere en colere. Enfin, pour le peindre en deux mots, avec M. de Thou, c’étoit un homme plus réglé dans sa vie que dans ses écrits, & plus laborieux que sage. Son style se ressent de son caractere ; il est dur & rempli d’épithetes.

Courtin (Antoine de), sécretaire des commandemens de la reine Christine de Suede, naquit à Riom en 1622. Charles Gustave le fit son envoyé extraordinaire en France ; & après le décès de ce monarque, Colbert nomma M. Courtin résident de France vers les princes du nord. Il mourut à Paris en 1685. On lui doit la premiere traduction françoise du traité de la guerre & de la paix de Grotius ; mais celle de M. Barbeyrac l’a fait tomber dans l’oubli.

Danchet (Antoine), poëte françois, naquit à Riom en 1671, devint membre de l’académie des Inscriptions en 1706, de l’académie Françoise en 1712, & mourut à Paris en 1748, généralement aimé & estimé. Ce qui fait l’éloge de son cœur, c’est qu’étant poëte par goût & comme par état, il ne s’est jamais permis des vers satyriques contre personne, quoiqu’il ait été souvent blessé des traits de la malignité. Cet auteur aimable a fait plusieurs tragédies foibles, & a beaucoup travaillé pour le théâtre de l’opéra ; les pieces qu’il a données en ce genre se sont soutenues à l’aide du musicien. Toutes ses œuvres ont été recueillies & imprimées à Paris en 1751, en quatre vol. in-12. Il est l’auteur des vers intitulés les cinq sens.

J’entends la voix d’Eglé, quel plaisir souverain !
Je respire son air & son parfum divin :
Je la vois, à mes yeux Venus même s’expose ;
Je cueille le lis de son sein ;
Je goûte le baiser sur ses levres de rose.
Si j’ai bien compté par mes doigts,
(Car pour mon cœur le nombre en est extrème)
Voilà tous les cinq sens ravis tous à la fois ;
Je ne parle pas du sixieme.

Faydit (Pierre), connu par la singularité de ses opinions, naquit à Riom, entra dans la congrégation de l’oratoire en 1662, fut obligé d’en sortir en 1671, & mourut en 1709. Il publia en 1696, un traité sur la Trinité, dans lequel il déclame contre le système des théologiens scolastiques, & en établit un qui l’a fait soupçonner de favoriser le trithéïsme. Ses autres ouvrages sont 1°. la vie de S. Amable : 2°. des remarques sur Virgile, sur Homere & sur le style poétique de l’Ecriture : 3°. des mémoires contre l’histoire ecclésiastique de Tillemont : 4°. une critique du Télémaque de M. l’Archevêque de Cambrai. Tous ces ouvrages péchent moins par l’érudition, que par la

satyre, le manque de goût & de jugement.

Sirmond (Jacques), jésuite, né à Riom en 1559, mourut à Paris au college de Clermont en 1651, âgé de 92 ans. C’étoit l’un des plus érudits & des plus aimables hommes de son siecle. Il devint confesseur de Louis XIII. & se conduisit à la cour avec tant de prudence dans ce poste délicat, qu’il n’y donna jamais à personne le moindre sujet de plainte. Renfermé dans les bornes de son ministere, il continua ses études, ne se mêla d’aucune affaire temporelle, & ne demanda qu’un petit bénéfice pour M. de la Lande son neveu, sur lequel il fut contesté. Le pape le préféra à tous les savans d’Italie pour faire la préface de la collection des conciles. Ses nombreux ouvrages furent très-estimés, & sont très-peu lus. Il est vrai qu’on a recueilli à Paris en 1696 en 5 vol. in-fol. les seuls opuscules du pere Sirmond sur différentes matieres, mais à-peine les consulte-t-on aujourd’hui dans les bibliotheques publiques qui en ont fait l’acquisition ; cependant son style est concis, & il traite ses sujets avec beaucoup de choix, d’exactitude & d’érudition.

Foulée (Dom Antoine-Augustin), de la congrégation de S. Maur, né Riom en 1677, mourut en 1718, après avoir achevé une nouvelle édition des œuvres de S. Cyrille de Jérusalem, que dom Prudent Maran a publiée à Paris en 1720, in-fol. (Le Chevalier de Jaucourt.)

RIO-NEGRO, (Géog. mod.) grande riviere de l’Amérique méridionale, qui communique avec l’Orinoque. M. de Lisle la fait courir du nord au sud ; mais il se trompe ; elle vient de l’ouest, & court à l’est en inclinant un peu vers le sud. Rio-Negro entre si parallelement dans l’Amazone, qu’on la prendroit pour un bras de l’Amazone séparé par une île. Long. 319. 30. lat. 3.

Les Portugais fréquentent cette riviere depuis plus d’un siecle, & ont bâti un fort sur son bord septentrional, à l’endroit le plus étroit qui est de 1203 toises, à 3. 9. de latit. Ils y font un grand commerce d’esclaves, & ils doivent les faire dans les limites prescrites par les lois de Portugal, qui ne permettent de priver de la liberté que celui dont on rend la condition meilleure, en le faisant esclave : tels sont ces malheureux captifs destinés à la mort, & à servir de pâture à leurs ennemis parmi les nations qui sont dans ce barbare usage. C’est par cette raison que le camp volant de la riviere Noire porte le nom de troupe de rachat ; ce camp volant pénetre chaque année plus avant dans les terres, ou remonte plus haut la riviere.

Toute la partie découverte des bords de Rio-Negro, est peuplée de missions portugaises sous la direction des mêmes religieux du mont Carmel. Quand on a remonté pendant quinze jours, trois semaines & plus la riviere Noire, on la trouve encore plus large qu’à son embouchure, à cause du grand nombre d’îles & de lacs qu’elle forme. L’ancienne carte de M. de Lisle est plus exacte à cet égard que la nouvelle. Dans tout cet intervalle le terrein des bords est élevé, & n’est jamais inondé ; le bois y est moins fourré, & c’est un pays tout différent de celui des bords de l’Amazone. (D. J.)

RIO-RÉAL, (Géog. mod.) riviere d’Amérique méridionale, au Brésil. Elle sépare la capitainerie de la baie de celle de Seregippe, & se jette dans la mer, aux confins de ces deux capitaineries. (D. J.)

RIO S.-ANDRÉ, (Géog. mod.) riviere d’Afrique dans la Guinée, entre le cap de Palmes & celui de trois pointes. Elle donne son nom à la côte voisine, jusqu’à une certaine distance. Cette riviere est considérable, même avant que d’avoir reçu les eaux d’une autre riviere qui s’y perd, une lieue avant son embouchure dans la mer. Elle est bordée de prairies na-