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une figure toute autre que la figure sphérique, & seroient disposées de quelque maniere que ce fût, pourvu que la masse totale de ces petits corps continus dans un espace donné, fût supposée la même que lorsqu’ils étoient de petites boules. Par-là on peut arriver à des formules assez générales sur la résistance, dans lesquelles il n’entre que le rapport des densités du fluide, & du corps qui s’y meut.

La méthode générale de M. Newton, & de presque tous les autres auteurs, pour déterminer la résistance qu’un fluide fait à un corps solide, consiste à supposer, qu’au lieu que le corps vient frapper le fluide, ce soit au contraire le fluide qui frappe le corps, & à déterminer par ce moyen le rapport de l’action d’un fluide sur une surface courbe à son action sur une surface plane. La difficulté principale est d’évaluer exactement l’action d’un fluide contre un plan ; aussi les plus grands géometres ne sont-ils point d’accord là-dessus. Cette action vient en grande partie de l’accéleration du fluide, qui, obligé de se détourner à la rencontre du plan, & de couler dans un canal plus étroit, doit nécessairement y couler plus vîte, &, par ce moyen, presser le plan. Mais on ignore jusqu’à quelle distance le fluide peut s’accélérer des deux côtés du plan, &, par conséquent, la quantité exacte de la pression qu’il exerce. C’est-là, ce me semble, le nœud principal de la question, & la cause du partage qu’il y a entre les géometres sur la valeur absolue de la résistance.

Lorsqu’un corps se meut dans un fluide élastique, il est bon de remarquer que ce corps agit non-seulement sur la couche de fluide qui lui est contiguë, mais encore sur plusieurs autres couches plus éloignées, jusqu’à une certaine distance, ensorte que le fluide se condense à la partie antérieure, & se dilate à la partie postérieure du corps. Le fluide se condense à la partie antérieure suivant des lignes perpendiculaires à la surface du corps, & il se dilate de même à la partie postérieure, suivant des lignes perpendiculaires à la surface postérieure du corps ; de sorte que le fluide agit par la force élastique, non-seulement sur la surface antérieure du mobile, mais encore sur la surface postérieure.

Il faut cependant remarquer, que cette derniere action n’a lieu qu’autant que le fluide a une assez grande force élastique pour pouvoir remplir tout d’un coup l’espace que le corps laisse vuide par-derriere : autrement, il ne faut avoir égard qu’à la résistance que souffre la surface antérieure.

Ceux qui voudront approfondir davantage la matiere dont il s’agit, pourront consulter le second livre des principes de M. Newton, le traité du mouvement des eaux de M. Mariotte, où on trouve plusieurs expériences sur la résistance des fluides, l’hydrodynamique de M. Daniel Bernoully, & plusieurs mémoires du même auteur, imprimés dans le recueil de l’académie de Petersbourg, &c. Voyez aussi l’article Fluide, où vous trouverez d’autres remarques très importantes sur ce sujet. (O)

Résistance des eaux, (Hydraul.) il est certain que l’eau dans son cours ne fait résistance que par quelques frottemens qui se sont contre les parois ou côtés des tuyaux qui ne sont pas bien alaisés, ou dans les coudes, jarrets, soupapes & robinets des conduites, ou dans des ajutages trop petits. Ainsi, les jets d’eau ne font de résistance sur les corps qu’ils rencontrent que vers les extrémités, ce qui regarde la résistance que leur fait la colonne d’air qui s’oppose à l’élévation de l’eau dans la sortie de l’ajutage. L’eau même en retombant empêche de s’élever celle qui veut monter, sans compter la résistance des milieux. (K)

RÉSISTER, v. act. (Gram.) c’est s’opposer à l’effet, à l’action. Rien ne résiste au tems. Résister à la tentation.

Résister à l’éperon, (Maréchal.) est un défaut du cheval ramingue. Voyez Ramingue.

RESISTON ou RESISTOS, (Géog. anc.) ville de Thrace, dans les terres, selon Pline, liv. IV. ch. xj. L’itinéraire d’Antonin la met sur la route de Plotinopolis à Héraclée, entre Apros & Héraclée, à 22 milles de la premiere de ces villes, & à 25 milles de la seconde. (D. J.)

RESIXIEME, s. m. (Jurisprud.) c’est la sixieme partie du sixieme denier. Voyez l’ancienne coutume de Montreuil, art. 66. & le gloss. de M. de Lauriere, au mot resixieme. (A)

RÉSOLUTIFS internes, (Thérapeut.) disons un mot de leurs effets & de leurs usages ; on peut en même tems consulter l’article Dissolvant.

Les résolutifs internes sont toutes les choses qui résolvent les humeurs autrefois fluides, maintenant épaissies, & qui les divisent en ces petites molécules dont elles étoient formées avant leur concrétion. Or ces résolvans, ou divisent les fluides épais, par l’insinuation de leurs particules entre les parties cohérentes, ou ils augmentent la force des vaisseaux, en les aiguillonnant, ce qui occasionne un plus grand frottement, & souvent la division de ce qui est épaissi : quelquefois ils operent par ces deux occasions réunies.

Le sang doit passer lorsqu’il coule par tout le corps par des vaisseaux, dont le diametre n’excede point la dixieme partie de la grosseur d’un cheveu : mais le même sang sorti du corps, s’épaissit de façon qu’il ne seroit plus capable de passer par les gros canaux. On appelleroit résolutifs ce qui pourroit de nouveau diviser le sang épaissi en particules assez petites pour qu’il pût fluer par les plus petits vaisseaux.

Comme il y a divers sortes d’humeurs, il est nécessaire qu’il y ait différens dissolvans : car les dissolvans aqueux résolvent tout ce qui est mucilagineux, glutineux, gommeux, savonneux, &c. Mais il se rencontre plusieurs humeurs que l’eau ne peut résoudre ; car notre sang jetté dans l’eau tiede, ne laisse pas de se coaguler : la plûpart des dissolvans salins, ont l’admirable propriété de résoudre ce coagulum. Les sels neutres sont très-propres à résoudre les concrétions inflammatoires ; la plûpart des préparations de nitre, & surtout le nitre lui même, qui est plus léger que le sel de mer, & que les forces du corps peuvent surmonter plus aisément, est d’un meilleur usage dans presque toutes les maladies aiguës ; les sels alkalis sont plus estimés pour les concrétions glutineuses.

Les substances savonneuses, surtout les plus douces, faites de sucre, de miel, & d’autres ingrédiens, résolvent quantité de concrétions, sans presque aucun effort & sans aucun dérangement ; au lieu que celles qui sont plus fortes, telles que sont les préparations chimiques les plus âcres, operent en excitant un mouvement plus violent.

Mais toutes ces choses ne sont d’un grand secours que lorsqu’on aide leur effet par des frictions ; car alors les résolvans mélés avec le sang, par la pression & le relâchement alternatif des vaisseaux, sont, pour ainsi dire, broyés avec les fluides épaissis. Ainsi, il est constant qu’une légere friction faite avec le bain de vapeur (ayant en même tems donné les remedes intérieurs les plus résolvans), a souvent dissipé des tumeurs aux glandes qu’on croyoit presque indissolubles.

Les résolutifs sont 1°. les délayans ; 2°. les préparations de sel marin, de sel gemme, de borax, de sel ammoniac, les sels alkalis ; soit fixes ou volatils ; les acides bien fermentés, & les substances dont Ils sont la base, tels que le sel polychreste, le tartre tartarisé, le tartre purgatif de Sennert, la panacea duplicata du duc de Holstein, le nitre antimonié, & le sel de vipere soulé de Tachenius.