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porte fermée ; & dès que la cuiller est vuidée, il referme la porte en la poussant avec la même gaffe. Une manœuvre qui ne differe de la précédente qu’en ce que les hommes marchent dans les roues & les font tourner en un sens contraire au premier, enleve la seconde cuiller, & ainsi de suite alternativement.

Le bateau qui reçoit les déblais au sortir des cuillers, & qui les transporte au loin dans la mer, est une petite tartane montée de quatre hommes, dont la plus grande longueur est d’environ 44 piés, la largeur de 14, & le creux de 5 piés. A 13 piés de la poupe commence une caisse en forme de trémie, dans laquelle les cuillers se vuident ; elle a 9 piés sur chaque face au tillac, 4 piés 4 pouces dans le bas, & 5 piés de hauteur, ensorte qu’elle contient 250 piés cubes. Le fond de cette caisse est fermé par une porte suspendue d’un côté à deux gonds par deux longues pentures, & de l’autre attachée aux deux branches d’une chaîne qui monte au-dessus du tillac : un levier au bout duquel cette chaîne est accrochée, sert à ouvrir, à fermer & à assujettir la porte au moyen d’une corde amarrée à l’autre bout du levier, & à un taquet ou à un arganeau. Cette porte a fait donner au bateau le nom de trébuchet ; elle épargne beaucoup de peine & de tems lorsqu’il faut le vuider.

On ne travaille dans le port de Cette que depuis l’équinoxe du printems jusqu’à celui de l’automne. La profondeur varie depuis 12 jusqu’à 24 piés : la moyenne est de 18. Les ouvriers du ponton gagnent 30 sols, & ceux du trébuchet 22 sols, ce qui fait en tout 52 sols pour chaque caisse pleine qui contient une toise cube un sixieme. Ainsi la toise cube revient à 44 sols 7 deniers. Le travail commence grand matin ; la journée ordinaire est de 10 caisses ou trébuchets. Dès que cette quantité est faite, les ouvriers fatigués se retirent, quand même il ne seroit que midi ou une heure, quoique tout ce qu’ils feroient de plus leur fût payé sur le même taux.

La valeur & l’entretien des machines n’est pas compris dans ce marché : on estime un ponton neuf avec tous ses agrets, 10000 livres, & un trébuchet 2500 livres. Il faut trois trébuchets pour le service de deux pontons ; & l’entretien annuel de deux pontons & de trois trébuchets, avec celui de tous leurs agrets ; est estimé 5000 livres.

Le poids du fer d’une cuiller est d’environ seize quintaux, & celui de sa chaîne en differe peu.

PONTONNIER, s. m. (Marine.) c’est un batelier qui tient un bac ou grand bateau pour traverser les rivieres aux lieux où les ports sont établis. On a dit autrefois pantonnier & pautonnier.

PONT-ORSON, (Géog. mod) en latin du moyen âge, Pons ursonis ; petite ville de France dans la basse Normandie, sur le Couesnon, aux confins de la Bretagne, à 3 lieues au sud-est d’Avranches, & à deux au midi du mont Saint-Michel. Louis XIII. après la prise de la Rochelle, la fit démanteler ; elle servoit autrefois de boulevard contre les Bretons. Long. 16. 8′. 13″. lat. 48. 34. (D. J.)

PONTREMOLI, (Géog. mod.) ville fortifiée d’Italie dans la Toscane, aux confins du Parmesan, du Plaisantin, & des terres de la république de Gènes. Elle est sur la riviere de Magra, au pié de l’Appenin, à 28 lieues au nord de Florence. Le grand duc de Toscane Ferdinand II. l’acheta des Espagnols en 1650. On croit que c’est l’ancienne Apua. Long. 27. 30. lat. 44. 26′.

PONT-SAINTE-MAIXENCE, (Géogr. modern.) petite ville de l’île de France, sur l’Oise, au diocèse de Beauvais, à deux lieues de Senlis. On y passe la riviere sur un pont fort caduc, pour entrer en Picardie ; cependant la ville est marchande, peuplée, & forme un gouvernement particulier. Long. 20. 14′. lat. 49. 18′.

Cette petite ville s’appelloit Sancta-Maxentia du tems de l’auteur des gestes de nos rois de la premiere race, qui dit qu’Ebroin, aussi-tôt après la mort du roi Childéric, vint à Sainte-Maixence, y tua les gardes du pont, & passa au-delà du côté d’Amiens. Il y a apparence que c’est le plus ancien des passages de l’Oise avec Pontoise, & qu’il est plus ancien que celui de Creil & de Beaumont. Ce pourroit être celui que tenoient les troupes romaines lorsqu’elles venoient de Beauvais ou Amiens à Senlis. Une vierge chrétienne appellée Maxentia, y souffrit le martyre dans le tems des persécutions. Il y a sur la route de Senlis une chapelle sous son invocation ; cette chapelle a été rebâtie & dédiée en 1706.

Pont-Sainte-Maixence est la patrie de Guérin, chevalier de l’ordre de S. Jean de Jérusalem, évêque de Senlis, & chancelier de France sous le regne de Philippe-Auguste. Les historiens de son siecle lui donnent la principale gloire de la journée de Bouvines, où il rangea l’armée du roi en bataille en qualité de lieutenant général ; mais en qualité d’évêque de Senlis, il se mit en prieres dans l’oratoire du roi pendant tout le tems que dura le combat. (D. J.)

PONT S. ESPRIT, (Géog. mod.) ville de France au bas Languedoc, dans l’Usege ou l’Usegais. C’est un place forte sur la rive droite du Rhône, qu’on y passe sur un pont à 8 lieues nord-est d’Usez, à 20 au nord-est de Montpellier, & à 136 de Paris.

Le Pont S. Esprit est un grand passage sur le Rhône, & c’est le dernier pont de pierre qui soit aujourd’hui sur ce fleuve, n’y ayant au-dessous que des ponts de bateaux. Quatre bastions font le plan de la citadelle, & renferment l’église du S. Esprit, de laquelle la ville a pris le nom qu’elle porte aujourd’hui. Long. 22. 20. lat. 44. 18′.

Le pont de cette ville est d’une belle construction, à cause de la largeur, de la profondeur & de la rapidité du fleuve. Il a 420 toises de long, sur 2 toises 4 piés 4 pouces de largeur. Il est soutenu par vingt-six arches, dix-neuf grandes & sept petites qui sont aux extrémités & forment les rampes. Ce pont, qui a grand besoin de réparation à tous égards, fut commencé en 1265, & bâti d’offrandes qu’on faisoit alors à un petit oratoire dédié au S. Esprit. Il fut achevé vers l’an 1309.

Le pape Nicolas V. dans une bulle qui accorde beaucoup d’indulgences à ceux qui iront visiter l’église du S. Esprit, dit que Dieu, touché du malheur des fideles qui faisoient nauffrage en cet endroit du Rhône, avoit envoyé un ange pour marquer le lieu où il falloit faire un pont & bâtir une église, ainsi qu’un hôpital. Cet ange avoit été un bon & digne citoyen qui chercha le bien de son pays, ensorte que le pont, l’église & l’hôpital furent bâtis & fondés dans cet endroit. Pour fournir à l’entretien de ces trois objets, on leve un droit sur le sel qui passe sous ce pont, ce qui monte à environ 8000 livres par année. Ce lieu s’appelloit auparavant le port, nom qui est demeuré à un monastere voisin.

Il y a au-dessous du Pont S. Esprit un territoire de cinq à six lieues d’étendue le long du Rhône. Ce territoire dépend pour le spirituel d’Avignon ; mais pour le temporel, il est de la province de Languedoc, & du ressort du parlement de Toulouse. (D. J.)

PONT-SUR-SEINE, (Géog. mod.) en latin moderne Pons ad Sequanam, petite ville de France dans la Champagne sur la Seine, à 8 lieues de Troyes, & à 23 au sud-est de Paris. Le surintendant Bouthillier de Chavigni y a fait bâtir un beau château, qui est du dessein & de l’exécution de le Muet, un des habiles architectes françois de son tems. Long. 21. 12′. latit. 48. 26′. (J. D.)

PONT-SUR-YONNE, (Géog. mod.) petite & chetive ville de France au diocese de Sens, aux confins