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de l’air ? Car il y a des couleurs dont l’union flatte l’œil, comme l’or & l’indigo, & d’autres dont l’accord est extrèmement desagréable.

Les rayons de lumiere n’ont-ils point divers côtés doués de plusieurs propriétés originales ? Il semble en effet, que chaque rayon de lumiere a deux côtés opposés qui possedent une propriété, d’où dépend la réfraction extraordinaire du crystal d’Islande, & deux autres côtés qui en sont dénués. Voyez Crystal d’Islande.

Les rayons ne sont-ils point de petits corps émanés des substances lumineuses ? En effet, de pareils corps peuvent avoir toutes les conditions de la lumiere ; & cette action & réaction entre les corps transparens & la lumiere, ressemble parfaitement à la force attractive qui subsiste entre les autres corps. Il n’est besoin d’autre chose pour la production de toutes les différentes couleurs, & de tous les degrés de réfrangibilité, sinon que les rayons de lumiere soient de différentes grosseurs ; car les moindres peuvent former le violet, qui est la plus foible & la moins brillante de toutes les couleurs, & celle qui se détourne le plus de son droit chemin à la rencontre des corps ; & les particules les plus grosses ne sont-elles pas celles qui produisent les couleurs plus fortes ; le bleu, le verd, le jaune & le rouge. Il n’est besoin d’autre chose pour faire que les rayons se réfléchissent & se transmettent aisément, sinon qu’ils soient de petits corps, qui par attraction, ou par quelque autre propriété semblable, excitent des vibrations dans les corps sur lesquels ils agissent ; car ces vibrations étant plus vives que celles des rayons, elles les changent & les alterent successivement, au point d’augmenter & de diminuer par degrés leur vîtesse, & d’y causer les variétés dont nous venons de parler.

Enfin, la réfraction extraordinaire du crystal d’Islande, n’est-elle pas causée par quelque vertu attractive qui réside dans certains côtés, tant du rayon, que du cristal ? Voilà les idées de M. Newton sur les propriétés des rayons de lumiere ; idées que ce philosophe n’a qu’ébauchées, parce qu’elles ne pouvoient pas être rendues autrement.

Rayon commun, en termes d’Optique, se fait quelquefois d’une ligne droite, tirée du point de rencontre des deux axes optiques, par le milieu de la ligne droite qui joint le centre des prunelles des deux yeux.

Rayon principal, en termes de Perspective, est la distance de l’œil au plan vertical. Voyez Perspective. Chambers. (O)

Pinceau de rayons, voyez Pinceau.

Rayon, en termes de Mécanique, se dit des rais d’une roue, parce qu’ils sortent du moyeu en forme de rayons.

Rayon visuel, (Nivell.) se dit dans l’opération d’un nivellement, quand vous mettant à 3 ou 4 piés de distance du niveau, vous posez l’œil, & vous vous alignez sur la surface de la liqueur colorée comprise dans les trois fioles : ce qui dirige votre rayon visuel, & forme une ligne de mire pour poser un jalon ou une perche à quelque distance.

Rayon extérieur, c’est, dans la Fortification, la ligne tirée du centre de la place à l’angle du polygone extérieur, ou à l’angle flanqué du bastion. C’est proprement le rayon du polygone extérieur. Ainsi OH, Pl. I. de fortification, fig. 1, est le rayon extérieur.

Rayon intérieur, c’est la ligne tirée du centre de la place à l’angle du centre du bastion, ou bien c’est le rayon du polygone intérieur, comme OK, Pl. IV. de Fortif. fig. 1. (Q)

Rayon, (Agriculture.) c’est le fond des sillons que produit la charrue, en labourant la terre en droite ligne ; on les fait en pente pour l’écoulement des eaux de pluie. (D. J.)

Rayon, (Jardinage.) espece de petite rigole profonde d’un pouce, & qu’on tire au cordeau sur des planches, pour y semer avec propreté les graines qui ne se sement point en plein chanp, comme les épinars, le cerfeuil, le persil, & quantité d’autres.

Rayon, s. m. (terme de Marchand.) il signifie des divisions d’armoires en quarrés, où l’on met différentes marchandises en ordre, & séparées les unes des autres.

Rayon, (terme de Monnoie.) les rayons sont des creux & cannelures qui sont dans les lingotieres, & qui servent de moule aux lingots. (D. J.)

Rayons, en terme d’Orfevre en grosserie, ce sont des traits, ou lames aiguës d’or ou d’argent, qui entourent la lunette d’un soleil, & imitent les rayons naturels de lumiere. Il y a des rayons simples, des rayons flamboyans, & des rayons à la bermine. Voyez ces mots à leur article.

Les rayons à la bermine sont des rayons réunis ensemble, & qui ne sont séparés qu’à leur extrémité, étant plus ou moins longs pour approcher la nature de plus près. On les appelle ainsi du nom d’un chevalier romain qui en a été l’inventeur.

Rayon flamboyant est un trait tourné en serpentant, & qui représente les variations de la flamme.

Rayon simple interne, ce sont des languettes d’or ou d’argent directes, qui imitent les rayons de lumiere. On en orne les soleils pour exposer le S. Sacrement.

RAYONNANT, adj. terme de blason, qui se dit du soleil & des étoiles. Mudtschideler d’argent rayonnant en barre de cinq pieces de gueule, mouvantes de l’angle senestre du chef.

RAYONNER, voyez l’article Rayon.

Rayonner, (Jardinage.) c’est l’usage où l’on est dans un potager de rayonner les planches, avant que de semer les graines potageres, telles que l’oseille, la poirée, le persil, le cerfeuil & les épinars : ce qui se fait avec la pointe d’un bâton qui trace des rigoles à distance convenable, suivant un cordeau téndu d’un bout à l’autre de la planche ; les autres graines, telles que les racines, les raves, les oignons, se sement en pleine planche, sans rayonner, & même les jardiniers marechais, pour aller plus vite, sement tout sans rayonner : ce qui n’est jamais si propre.

RAYURE, s. f. (Charpent.) c’est un assemblage de pieces de bois qui se fait dans un comble, au droit des croupes, ou des noues. (D. J.)

RAZ, s. m. (Mesure seche.) c’est au pays de Bresse la même mesure que le bichet ; anciennement on l’appelloit bichet raz, & par la suite on l’a nommé raz seulement. de Lauriere.

RAZE, s. f. (Mesure seche.) mesure de grains dont on se sert dans quelques lieux de Bretagne, particulierement à Quimpercorentin. C’est une espece de grand boisseau. Savary.

R E

RÉ, s. m. en Musique, est une des notes de la gamme de Guy Aretin ; & cette note s’exprime par la lettre D de cette même gamme. Voyez D & Gamme. (S)

Ré, isle de, (Géog. mod.) île de l’Océan, sur la côte occidentale de la France, au gouvernement du pays d’Aunis, à une lieue de la terre-ferme, & à trois lieues de la ville de la Rochelle. Elle a 3 à 4 lieues de longueur, sur une ou deux de largeur. On l’appelle en latin du moyen âge, Radis ou Ratis, ou insula Ratensis, de radis, rade, à cause sans doute des bonnes rades qu’on trouve sur sa côte.

Il n’est fait aucune mention de cette île avant le huitieme siecle. On y voyoit alors un monastere célebre, où Hunaud duc d’Aquitaine, se fit moine l’an 744. Cette île fut occupée dans l’onzieme siecle, par