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RAVESTISSEMENT, s. m. (Jurisprud.) est une maniere de revêtir quelqu’un de la propriété des biens qu’on lui transmet. Ce ravestissement s’opere de la part de celui qui donne en se dévestissant & désaisissant de ses biens, & en revestissant de ces mêmes biens le donataire.

Il y a ravestissement d’héritage & ravestissement de meubles.

On distingue aussi le ravestissement par lettres du ravestissement de sang.

Le ravestissement par lettres est celui qui s’opere par le moyent d’un acte de ravestissement ou saisine qui est donné par les hommes de loi.

Cette maniere de donner a lieu entre conjoints, c’est une donation mutuelle qu’ils se font devant les gens de loi ; il en est parlé dans les coutumes de Cambrai, Lille, scelin locale de Lille, Valenciennes & Béthune. Dans ces coutumes, les conjoints ne se peuvent donner mutuellement que par vest & devest, saisine & dessaisine, c’est-à-dire chacun se dessaisissant en faveur de l’autre, & chacun se faisant vestir & ensaisiner par les hommes de loi de ce qui lui est donné, ce que l’on appelle devoir de loi ; mais quoique l’effet de ces devoirs soit de dessaisir celui qui aliene, & de saisir ou ensaisiner celui qui acquiert ; cependant le ravestissement passé par-devant loi acquiert que le survivant des conjoints soit par loi remis ès biens dont le ravestissement est fait en-dedans l’an après le trépas du premier décédant quant aux héritages, & dans quarante jours quant aux meubles, après que le décès du prémourant est venu à sa connoissance.

Le ravestissement de sang est un droit par lequel le survivant des conjoints jouit en usufruit de la moitié des héritages cottiers ou mainfermes de ses enfans, ce droit n’a lieu qu’en premier & noble mariage, & ne dure que tant que les enfans qui en sont venus sont vivans. Voyez les coutumes ci-dessus citées ; Desjaunaux, sur celle de Cambrai ; Bouteiller, dans sa somme rurale, p. 885 ; & le glossaire de Lauriere au mot Ravestissement. (A)

RAVET, s. m. insecte des pays chauds de l’Amérique, il est de la grosseur & à-peu-près de la figure & de la couleur des hannetons, mais plus écrasé, plat, mollasse, dégoûtant, exhalant une mauvaise odeur. La femelle du ravet étant féconde, pond & dépose sur tout ce qu’elle rencontre une espece d’œuf de couleur brune, gros comme une petite feve, un peu applati, & s’ouvrant par le côté en deux parties, l’intérieur de cet œuf est partagé transversalement par des petites logettes, renfermant une substance gluante dans laquelle se forment les embryons, qui, lorsqu’ils ont acquis des forces suffisantes, ouvrent l’œuf & s’échappent avec une extrème vivacité. Les ravets étant parvenus à leur grosseur parfaite changent de peau & prenent des aîles ; dans cet état ils sont d’un blanc d’ivoire qui brunit dans l’espace de cinq à six heures, & l’insecte reprend sa premiere couleur.

On rencontre assez souvent une autre espece de ravets, qu’on nomme kakerlats ; ceux-ci sont beaucoup plus gros que les précédens, leur couleur est d’un vilain gris, ils sont hideux à voir, volent pesamment & répandent une odeur très-forte & très dégoûtante.

Ces insectes se trouvent en grand nombre dans les maisons, ils se fourrent par tout, dans les jointures des maisons, derriere les meubles, & même dans les armoires où ils rongent, gâtent & infectent tout ce qu’ils touchent.

Il y a encore d’autres petits ravets qui ne sont guere plus gros que des mouches à miel, ils ont les aîles pointues par leurs extrémités, un peu transparentes & d’une couleur olivâtre : cette espece est fort

commune à la côte de Guinée d’où elle a été transportée en Amérique par les vaisseaux qui font la traite des negres. M. le Romain.

RAUGRAVE, s. m. (Hist. mod.) nom de dignité qui a été en usage en Allemagne, comme ceux de landgrave, margrave, burgrave, &c. on croit que comme ceux-ci sont tirés de l’autorité qu’un prince avoit sur un pays une marche ou frontiere, une ville ou bourg, de même le titre de raugrave étoit dérivé de la nature du pays où commandoit celui qui le portoit. Ce mot en allemand raugraffen a été rendu par Reinesius en latin par comites asperi, à cause des pays rudes & sauvages que les raugraves habitoient entre la Meuse & la Moselle, leur principale résidence étant à Creutznach. On les trouve aussi nommés hirsuti comites, & dans des lettres écrites l’an 1308 au magistrat de Spire par Georges, seigneur de Gemersheim, il se nomme Georgius comes hirsutus ; dans la bulle d’or, les raugraves sont nommés parmi ceux qui accompagnoient l’électeur de Trèves. La réalité de ce titre est donc bien constatée ? Mais on ignore quand il a commencé, quelle autorité y étoit attachée, ni dans la personne de qui il a fini. Il y a apparence que les biens de la famille qui le portoit sont passés dans la maison palatine, parce que dans le xvij. siecle Charles-Louis, électeur palatin, le fit revivre en faveur d’un de ses fils naturels, mais cette qualité ne subsiste plus aujourd’hui. Imhof, Notitia.

RAVI, (Géogr. mod..) riviere de l’Inde, dans les états du Mogol. Elle a sa source dans les montagnes de Nagracut ; & après avoir reçu les eaux de deux autres rivieres, elle se perd dans la riviere de l’Inde, vis-à-vis de Buchor.

RAVIERES, (Géog. mod.) en latin du moyen âge Rabieræ ; petite ville de France en Champagne, au diocese de Langres, sur la riviere d’Armançon. Le terroir y produit du blé & du vin. Long. 21. 43. latit. 47. 36. (D. J.)

RAVINES, s. f. pl. ou grandes pluies, pluies d’orage, (Hydraul.) quand un lieu ne fournit point de sources, on a recours aux eaux de ravines qu’on ramasse dans la campagne par le moyen de rigoles faites le long des pieces de terre & des grands chemins ; on leur donne une pente douce pour les conduire dans un réservoir. On peut, pour ôter la couleur jaune de ces eaux, les purifier en les faisant tomber dans un puisart caillouté où elles déposeront, avant de tomber dans le réservoir, le plus gros de leur saleté. (K)

RAVIR, v. act. enlever de force. Voyez l’article Rapt. On ravit une fille à ses parens. Les oiseaux voraces ravissent leur proie. Les historiens & les grands poëtes ravissent les noms des grands hommes & le leur à l’oubli. Le médecin ravit l’homme à la mort. Ravir est aussi quelquefois synonyme à enchanter : vous me ravissez : c’est à ravir ; vous m’enchantez. La beauté ravit tous les cœurs. Il y a des saints qui ont été ravis en extase. On fit croire aux Romains que Romulus avoit été ravi au ciel. S. Paul fut ravi au troisieme ciel.

RAVIVER, terme de Fondeur, raviver le feu, c’est le rendre plus vif ; raviver le cuir, c’est le raper, le limer, pour le rendre propre à recevoir la soudure.

RAVISSANT, (Blason.) qui enleve par force. Il se dit en terme de Blason d’un loup qui porte sa proie, aussi-bien que du lion rampant.

Agout en Provence, d’or au loup ravissant d’azur.

RAVISSEMENT, extase ou transport de l’ame, (Littérature.) voyez Extase, Enthousiasme, &c.

RAVITAILLEMENT, s. m. Ravitailler, v. act.