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exige des topiques résolutifs internes & externes joints à des douces frictions.

4°. On traite de même l’obstruction de la rate ; pour ce qui regarde son inflammation, la douleur, l’abscès, l’ulcere, & la corruption qui y surviennent, ce sont autant de maux dont le traitement ne s’éloigne pas de la méthode curative générale, à moins qu’on n’ait à prévenir avec grand soin le dépôt de l’humeur dans la cavité du bas-ventre. La douleur de la colique qu’on guérit par des émolliens & des minoratifs, est assez souvent attribuée à la rate. Quant à celle qui paroît à la suite d’une violente course, elle se dissipe d’elle-même par le repos, au cas qu’elle ne soit point accompagnée de fievre, d’inflammation, & d’autres symptomes fâcheux. (D. J.)

Rate retranchement de la, opération de Chirurgie par laquelle on extirperoit la rate. Le vulgaire ignorant imagine qu’on peut rendre un homme habile à la course, en le dératant, c’est-à-dire, en lui extirpant la rate. Ce viscere est sujet à des engorgemens considérables de sang qu’on soulage par l’application des sangsues aux veines hémorrhoïdales, à des skirres qu’on résout par des emplâtres ou cérats émolliens & discussifs. Fabrice d’Aquapendente, célebre chirurgien médecin de Padoue, rapporte des cures admirables de ce genre opérées par ses soins. Les anciens croyoient guérir les maux de rate, en cautérisant avec un fer rouge, en divers endroits, la peau sur la région de ce viscere. On a porté plus loin les tentatives cruelles & téméraires. Il y a cent cinquante ans qu’un particulier avoit acquis une certaine vogue en Italie par une opération sur la rate ; il couvroit l’hypocondre gauche d’une feuille de papier ; il appliquoit dessus le tranchant d’une hache, qu’il frappoit d’un grand coup de marteau : les malades s’en retournoient dans l’espérance d’être guéris. Fabrice d’Aquapendente assure qu’un pauvre homme fut tué par cette opération, parce que la hache ayant été frappée trop rudement, le papier, l’abdomen & la rate furent fendus du coup. Quand on considere la situation de la rate dans l’abdomen, & les connexions qu’elle a par le moyen de ses vaisseaux & de sa membrane, avec l’estomac, le diaphragme, l’épiploon, le péritoine, &c. on concevra bien qu’il n’est pas possible de faire l’extirpation de ce viscere, sans exposer celui à qui l’on feroit cette opération, au danger de mourir d’hémorrhagie dans l’opération même, ou fort peu de jours après, par l’inflammation de tous les visceres circonvoisins avec lesquels il a des rapports médiats ou immédiats. Cependant le chevalier Leonard Fioraventi prétend avoir extirpé la rate à une femme de Palerme avec le plus grand succès, & que cette rate pesoit plus de trente-deux onces. Plusieurs auteurs qui regardent Fioraventi comme un charlatan du premier ordre, tiennent cette observation pour très-suspecte. On sait que les animaux sur lesquels on a fait l’expérience de l’extirpation de la rate, sont tous morts peu de tems après par le vice du foie. On en a tiré des inductions sur les usages particuliers & relatifs de ces deux parties si essentielles à la digestion. Voyez Rate, terme d’anatomie. (Y)

RATEAU ou RATELIER, s. m. (Marine.) c’est le nom qu’on donne à 5 ou 6 poulies qu’on met de rang l’une sur l’autre, le long de la livre du mât de beaupré, pour y passer les manœuvres de ce mât. (Z)

Râteaux, ce sont des menues pieces de bois dentelées, que l’on cloue au-dessous du milieu des deux grandes vergues ; savoir, la grande vergue, & la vergue de misaine, & dans lesquelles passent les éguilletes qui tiennent la tête de la voile, à la place des rabans, parce qu’on n’en peut pas mettre en cet endroit.

Râteaux ou rateliers à chevillots, sont de petites

traverses de bois qu’on met en quelques endroits, & surtout dans les haubans d’artimon, avec des chevillots, pour y amarrer de petites manœuvres.

Rateau, (Cirerie.) le rateau des blanchisseurs de cire est de bois avec des dents fort serrées ; il sert à retirer les cires de dessus les toiles de l’herberie, quand elles y sont restées suffisamment suivant leur qualité. (D. J.)

Rateau, terme de Cordier, c’est une piece de bois garnie de dents aussi de bois, qui est élevée horisontalement au bout de l’attelier des cordiers. C’est entre les dents du rateau que l’ouvrier met ses fils ou ses cordons, à mesure que l’ouvrage s’avance. Savary. (D. J.)

Rateau, (Horlogerie.) les Horlogers nomment ainsi une portion de roue d’environ 120 degrés située sous le coq des montres, où elle tourne dans la coulisse. Voyez les Pl.

Le rateau a une partie q que l’on appelle sa queue. Vers l’extrémité de cette queue il y a deux petites chevilles qui s’élevent au-dessus de son plan de l’épaisseur d’un liard, ou un peu moins. La distance entre ses chevilles est d’une très-petite quantité plus grande que l’épaisseur du ressort spiral. C’est entre ces chevilles que passe ce ressort. Voyez nos Pl. de l’Horlogerie.

Rateau, (terme de Jardinier.) C’est un outil de jardinier dont il se sert pour tirer les herbes des allées des jardins, après qu’on les a arrachées avec la ratissoire. Il y a des rateaux à dents de fer, & d’autres à dents de bois ; les rateaux à dents de fer sont préférables pour dresser les planches & les plate-formes. (D. J.)

Rateaux, (Pesche.) c’est ainsi qu’on appelle de petits gors nommés improprement tesselles, dans la riviere de Villaine, dans l’amirauté de Vannes en Bretagne.

Rateaux, terme de pêche ; les rateaux de pêcheur ont jusqu’à trois ou quatre piés de tête, 12 dents de fer, & quelquefois 16, dont les pêcheurs se servent pour déterrer les poissons plats qui se sont ensablés ; ils font cette pêche, lorsqu’il ne reste plus que quelques pouces d’eau sur les sables, & même après qu’ils sont à sec. Ce travail ne peut détruire le fretton qui s’est déja retiré de la côte ; d’ailleurs on ne peut guere traîner cet instrument que sur les sables que l’eau a déjà abandonnés. On pêche de cette maniere d’assez beaux poissons, comme solles, petits turbots ou cailletots, barbues, plies, limandes, carrelets, floudes, &c. Voyez Hersse, qui fait en grand ce que le rateau fait en petit.

Rateau, (terme de Serrurier.) garniture ou garde d’une serrure. Ce sont de petits morceaux de fer, ou pointes faites en forme de rateau, qui entrent dans les fentes & dans les dents du panneton, ou museau de la clé ; on les a imaginés pour empêcher qu’une autre clé ne pût ouvrir cette même serrure. (D. J.)

Rateau pour séparer les portées des chaînes des étoffes de soie. Le rateau est un outil qui sert à plier les chaînes sur l’ensuple ; il est de la longueur de quatre piés ; il est garni de différentes dents en yvoire éloignées de 3 lignes environ les unes des autres ; elles ont à chaque bout un liteau d’un pouce environ de large, & demi-pouce d’épaisseur. Il y a un de ces liteaux qui se déboite au moyen d’un vis qui est au milieu, pour qu’on puisse faire les portées aisément entre les dents.

Les dents des rateaux ont différens éloignemens, suivant la quantité de portées dont la chaîne est composée, qui doit avoir toujours sa même largeur sur l’ensouple de derriere.

Les gaziers, drapiers & autres ouvriers ourdisseurs ont aussi leurs rateaux semblables à celui-ci.

Rateaux, en terme de Vergettier, ce sont des es-