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faut la régler sur ses moyens, & la ranger selon le goût de la société où l’on vit, de façon néanmoins que les commodités domestiques ne souffrent point de l’envie de briller. Synon.

Rangé, en terme de Blason, se dit de plusieurs choses mises sur une même ligne en chef, en fasce, ou en bande. Turin à Paris, de gueules à trois étales d’or rangées en chef.

RANGÉE, s. f. (Gram.) se dit d’une suite de plusieurs objets placés sur une même ligne ; une rangée d’arbres, une rangée de tentes, une rangée de carosses.

Rang paroît se dire des choses & des personnes ; & rangée seulement des choses.

Rangée, en terme d’architecture civile, est le côté d’un ouvrage qui va droit sans être coupé par des angles. On le nomme aussi rangée courante.

Rangée de pavés, s. f. (Maçon.) c’est un rang de pavés d’une même grandeur, le long d’un ruisseau, sans caniveaux, ni contre-jumelles, ainsi qu’on le pratique dans les petites cours. (D. J.)

RANGER, v. act. c’est placer les choses selon leur rang. Voyez l’article Rang.

On dit ranger des pierres, ranger ses livres, ranger en bataille, ranger ses affaires, se ranger soi-même, se ranger d’un parti, ranger la côte, se ranger autour d’une table, ranger un enfant à son devoir, &c.

Ranger, (Marine.) c’est passer auprès de quelque chose. Ranger la terre, c’est passer auprès de la terre. Ranger la côte, c’est naviguer terre à terre, en cotoyant le rivage.

Ranger le vent, c’est cingler à six quarts de vent, près du rumb d’où il vient. On dit que le vent se range de l’avant, lorsque le vent prend le vaisseau par proue, & qu’il devient contraire à la route ; qu’il se range au nord, au sud, &c. quand il vient à souffler du côté du nord ou du sud.

Ranger la laine a pié, en terme de Tondeur de draps, c’est la demêler jusque dans le pié, ou jusqu’à la corde du drap.

RANGNIT, (Géog. mod.) petite ville de Prusse, dans le cercle de Samland, sur le bord méridional du Niémen, aux confins de la Samogitie. Long. 40. 46. lat. 54. 58. (D. J.)

RANGUE, (Marine.) commandement de faire ranger des hommes le long d’une manœuvre, ou sur quelque autre corde.

RANGUILLON ou Ardillon, s. m. (Imprimer.) on appelle ranguillon en terme d’Imprimerie, une petite pointe de fer, attachée à une petite lame de fer, quelque fois longue d’un demi-pié, & qui avance sur le tympan : le ranguillon est au bout de cette lame. Il y en a deux, un de chaque côté du tympan, & en perçant le papier, & la feuille qu’on tire du premier côté, ces deux ranguillons font deux petits trous qui tiennent le registre égal, quand on tire la feuille de l’autre côté. (D. J.)

RANIMER, v. act. rendre la vie, la vigueur, la chaleur, l’ame. Il faut ranimer la ferveur d’un néophite, le courage du soldat, l’espérance d’un amant ; le printems ranime toute la nature que l’hiver avoit engourdie ; on ranime le feu qui s’éteint, des couleurs qui se passent, &c.

RANINES ou Ranulaires, (Anat.) veines ranines, ce sont deux veines qui sont sous la langue, & qui prennent leur origine de la jugulaire externe, & sont situées le long de la partie moyenne de la langue. Voyez Langue.

On ouvre ces veines avec succès dans l’esquinancie. Elles sont ainsi appellées à cause que dans leur état elles ressemblent à une petite grenouille, que l’on nomme en latin ranula, & qu’elles ne sont jamais sans eau. On donne aussi ce nom à la branche d’artere qui vient de la carotide externe, & qui se distribue à la langue, d’où on la nomme encore artere sublinguale. Voyez Langue.

RANNIR, v. neut. terme de Potier d’étain, ancien terme des statuts des maîtres potiers d’étain ; c’est ce qu’on appelle présentement vernisser.

RANRAN, (Géog. mod.) province des Indes, au royaume de la Cochinchine, dans sa partie méridionale. La capitale de cette province en porte le nom. (D. J.)

RANULAIRES, adj. (Médec.) Voyez Ranines.

RANULE, terme de Chirurgie ; tumeur qui vient sous la langue, & qui est produite par la dilatation du conduit excréteur des canaux salivaires inférieurs. Voyez Grenouillette.

La saignée des veines ranules a été fort préconisée par les anciens dans les esquinancies ; ils la regardoient comme un secours dérivatif, capable d’évacuer immédiatement le sang qui cause l’inflammation. Hippocrate, Alexandre de Tralles, & parmi les modernes, Riviere, le Pois, (Nicolas Pison) & Sydenham, dont l’autorité est d’un si grand poids en pratique, s’accordent tous à faire tirer du sang des veines sublinguales, après quelques saignées faites au bras. M. Van Swieten expose la doctrine de ces grands maîtres sur le choix des saignées, en adoptant la précaution des saignées préliminaires au bras, sans laquelle celle des ranules seroit, dit-on, dangereuse, parce qu’elle attire le sang sur les parties enflammées. A ces raisons, tirées de la connoissance de la circulation du sang, & de la distribution des vaisseaux ; pour expliquer cet effet, M. Van Swieten joint l’expérience de Tulpius, qui condamne l’usage prématuré de la saignée des ranules, dont il a observé des inconvéniens très-fâcheux. Il convient de rapporter une autorité plus ancienne ; c’est celle de Lanfranc, qui professoit la Chirurgie à Paris à la fin du treizieme siecle : voici ce qu’il dit au chapitre de l’esquinancie, dans sa grande Chirurgie. « Qu’on se donne bien de garde de suivre le conseil de ceux qui prescrivent d’abord la saignée des veines qui sont sous la langue : il arrive souvent que le malade périt par cette saignée qui n’a point été précédée de celle du bras, principalement si le sujet est pléthorique » ; cette réfléxion ne porte que sur la saignée des ranules faite prématurément. Quoique les auteurs anciens y ayent eu grande confiance lorsqu’elle étoit placée à propos ; nous ne devons pas blâmer la pratique de nos jours où elle est absolument négligée. La saignée des veines jugulaires auroit tous les avantages que les anciens tiroient de celle des ranules. Alexandre de Tralles dit expressément, que n’ayant pû découvrir les veines sublinguales, il se détermina à ouvrir les jugulaires, & que cette saignée eut tout le succès possible. Joubert présume à cette occasion, que la difficulté de saigner les ranules venoit de la tuméfaction considérable des parties de la bouche. Quoi qu’il en soit, l’ouverture de ces veines est d’une foible ressource, & a beaucoup d’inconvéniens ; elles fournissent rarement la quantité de sang qu’on desireroit, & dans d’autres circonstances, on peut être fort embarrassé à en arrêter l’hémorrhagie ; il y en a des exemples funestes. Cette discussion se trouvera quelque jour exposée dans les mémoires de l’académie royale de Chirurgie, dans une dissertation qui aura pour titre…… du choix des saignées, & du danger de la métastase sur le poumon, par l’effet des saignées du pié dans les esquinancies inflammatoires. (Y)

RAOLCONDA, (Géog. mod.) lieu des Indes, au royaume de Visapour, dans la province de Carrarica, à 50 lieues de Golconde. Il est remarquable par une riche mine de diamans des plus estimés de l’Asie, & dont Tavernier a fait un détail curieux dans ses voyages, liv. II. c. xv. Long. 94. 35. lat. 14. 28. (D. J.)

RAON, (Géog. mod.) ou Raon l’Etape, en latin