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perçoit toujours infailliblement & nécessairement. Logique du pere Buffier.

Je ne puis mieux terminer ce que j’ai à dire du raisonnement, qu’en rendant raison d’une expérience. On demande comment on peut dans la conversation développer, souvent sans hésiter, des raisonnemens fort étendus. Toutes les parties en sont-elles présentes dans le même instant ? Et, si elles ne le sont pas, comme il est vraissemblable, puisque l’esprit est trop borné pour saisir tout-à-la fois un grand nombre d’idées, par quel hazard se conduit-il avec ordre ? Voici comme l’explique l’auteur de l’essai sur l’origine des connoissances humaines.

Au moment qu’un homme se propose de faire un raisonnement, l’attention qu’il donne à la proposition qu’il veut prouver, lui fait appercevoir successivement les propositions principales, qui sont le résultat des différentes parties du raisonnement qu’il va faire. Si elles sont fortement liées, il les parcourt si rapidement, qu’il peut s’imaginer les voir toutes ensemble. Ces propositions saisies, il considere celle qui doit être exposée la premiere. Par ce moyen, les idées propres à la mettre dans son jour se réveillent en lui selon l’ordre de la liaison qui est entr’elles ; de-là il passe à la seconde, pour répéter la même opération, & ainsi de suite jusqu’à la conclusion de son raisonnement. Son esprit n’en embrasse donc pas en même tems toutes les parties ; mais par la liaison qui est entr’elles, il les parcourt avec assez de rapidité, pour devancer toujours la parole, à-peu-près comme l’œil de quelqu’un qui lit haut, devance la prononciation. Peut-être demandera-t-on comment on peut appercevoir les résultats d’un raisonnement, sans en avoir saisi les différentes parties dans tout leur détail. Je réponds que cela n’arrive que quand nous parlons sur des matieres qui nous sont familieres, ou qui ne sont pas loin de l’être, par le rapport qu’elles ont à celles que nous connoissons davantage. Voilà le seul cas, où le phénomène proposé peut être remarqué. Dans tout autre l’on parle en hésitant : ce qui provient de ce que les idées étant liées trop foiblement, se réveillent avec lenteur : ou l’on parle sans suite, & c’est un effet de l’ignorance.

RAISONNER, terme de commerce de mer ; il se dit de l’obligation qu’ont les capitaines & maîtres des vaisseaux marchands lorsqu’ils rentrent dans les ports, d’envoyer montrer à l’officier ou commis qui est en garde sur la patache, leur congé & leur charte-partie, leur manifeste de chargement & autres papiers & instructions, qu’ils sont tenus de communiquer en conséquence des ordonnances de la marine. Voyez Patache, Congé, Charte-partie, Manifeste, &c. Dictionnaires de Commerce & de Trévoux.

Raisonner signifie encore expliquer, déclarer la marchandise dans les bureaux des douanes & des traites, pour en payer les droits portés par les tarifs, suivant leur poids, mesure, nombre & qualité. Ce terme n’est guere d’usage que dans les provinces de France du côté du Rhône. Voyez Déclaration, Dictionnaire de Commerce.

RAITHI Regio, (Géog. anc.) contrée dans la partie méridionale de l’Arabie pétrée, vers les montagnes de l’Arabie heureuse, & aux environs du mont Sinaï, du côté de l’occident, selon le P. Lubin. Les peuples de cette contrée sont appellés Ratheni par Ptolomée, l. V. c. xvij. La contrée de Raithi ou Raithe, s’étend vers la mer rouge dans une longue plaine, large d’environ cinq lieues, & arrosée de plusieurs ruisseaux. Cet endroit est appellé Elim dans le livre de l’Exode, c. xxv. (D. J.)

RAJUSTER, v. act. (Gram. & Arts méch.) c’est remettre dans l’ordre ; on rajuste un habit, une machine ; la mort dérange & rajuste bien des choses.

RAKKUM ; s. m. (Hist. mod.) espece de dard

fait de bois ou de fer, dont les Hottentots se servent, & qu’ils lancent avec une adresse admirable, au point qu’ils ne manquent presque jamais leur but. Ils se servent de cette arme à la chasse & dans leurs guerres.

RAKONICK, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la Bohème, sur la petite riviere de même nom, qui se jette dans la Miza, au cercle de Rakonick, à 15 lieues au couchant de Prague. Long. 31. 30. latit. 52. 8. (D. J.)

RALE d’eau, s. m. Rallus aquaticus Aldrovandi, (Hist. nat. Ornithologie.) oiseau plus gros que la caille, & plus petit que la poulette d’eau, à laquelle il ressemble pour la forme du corps qui est mince & applati sur les côtés ; cet oiseau a environ un pié deux pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu’au bout des ongles, & seulement onze pouces jusqu’à l’extrémité de la queue ; l’envergure est d’un pié deux pouces & demi ; la tête & le bec sont applatis sur les côtés ; la tête est petite ; le bec ressemble à celui du paon de mer ; il a environ deux pouces de longueur ; la piece inférieure & la base de la piece du dessus sont rougeâtres, & l’extrémité de la piece supérieure a une couleur noirâtre ; la lanque s’étend jusqu’au bout du bec, & elle est terminée par des sortes de poils ; il y a sur le front un tubercule charnu rond & dégarni de plumes ; ce tubercule est beaucoup plus petit que celui des poules d’eau ; le dessus de la tête, les épaules, le dos, les petites plumes des aîles, & en général toute la face supérieure de l’oiseau, sont panachés de noirâtre & de jaunâtre, ou de jaune verdâtre ; le milieu de chaque plume est noir, & les bords sont jaunâtres ; le menton est blanc ; les plumes de la gorge ont une couleur roussâtre mêlée de cendré, à l’exception des bords qui sont blanchâtres ; la poitrine est d’une couleur bleue, & elle a sur son milieu une bande blanche ; les plumes des cuisses, des côtés du corps & du dessous de l’aîle, sont noires & ont des lignes blanches transversales ; le ventre est roux ; les plumes du dessous de la queue sont blanches & ont quelques taches noires ; les aîles ont chacune vingt-deux grandes plumes qui sont courtes, noires ou noirâtres ; il y a une ligne blanche sur la base de chaque aîle ; la queue est courte & noire, excepté les bords des plumes du milieu qui sont roussâtres ; les piés ont une couleur de chair obscure ; les doigts sont fort longs, comme dans tous les autres oiseaux de ce genre. Le râle d’eau court très-vîte & se tient sur le bord des ruisseaux & des rivieres ; il marche dans l’eau plutôt qu’il ne nage. Willughbi, Ornitholog. Voyez Oiseau.

Rale de genet, ou Roi de caille, ortygometra Aldrovandi, oiseau auquel on a donné le nom de roi de caille, parce qu’on prétend qu’il précede les cailles, & qu’il leur sert de guide lorsqu’elles quittent ces pays-ci pour aller dans un climat plus tempéré ; il pese cinq onces un tiers ; il a treize à quatorze pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’au bout des doigts, & environ dix pouces & demi jusqu’à l’extrémité de la queue ; l’envergure est de plus d’un pié cinq pouces ; le bec a un peu plus d’un pouce de longueur depuis la pointe jusqu’aux coins de la bouche ; le corps est applati par les côtés, & ressemble par sa forme à celui des poules d’eau ; la partie postérieure de la poitrine & le ventre sont blancs ; la gorge est d’un blanc sale ; il y a sur la tête deux larges lignes noires & une blanche sur les épaules ; les plumes du dos ont chacune le milieu noir & les bords d’un cendre roussâtre ; les cuisses sont traversées par de petites bandes blanches ; il y a vingt-trois grandes plumes dans chaque aile ; les petites sont d’un jaune couleur de safran ; les bords des grandes plumes ont la même couleur ; la queue est composée de douze plumes, & elle a près de deux