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que le remede ci-dessus décrit est insuffisant, on le rend plus efficace en y joignant une petite quantité de racine de la renoncule de Virginie. Voyez Renoncule, Mat. méd. (b)

RAIS de chœur, s. m. (Archict.) ornement accompagné de feuilles d’eau, qui se taille sur les talons.

Rais, s. m. (Charronage.) ce sont les rayons d’une roue de carrosse, qui sont enclavés dans le noyau, & qui portent les jantes. Le mot françois est rayon. Voyez Rayes.

Rais, (Poterie.) ce mot signifie les quatre barres de fer qui suspendent & attachent la roue à la noix. Ces rais ne sont pas placés comme dans les roues ordinaires, mais pendent en lignes diagonales du haut de l’arbre ; ils ont deux usages, l’un de lier & de former la roue, l’autre de lui donner le mouvement lorsque l’ouvrier les pousse avec le tournoir. Savary. (D. J.)

Rais, terme de Blason ; ce mot se dit de l’escarboucle qu’on peint sur les écus avec huit rayons ou bâtons pommetés, qui en sortent en croix & en sautoir.

RAIRE ou RÉER, v. n. (Vénerie.) c’est le cri des cerfs lorsqu’ils sont en rut : on dit les cerfs raient.

RAISIN, s. m. (Botan. Agricult.) c’est le fruit de la vigne qui vient en grapes, qui est bon à manger & à faire du vin.

Les principales especes de raisin, les plus estimées, les plus ordinaires, ou les plus étendues, soit pour le jardin, pour le vin, ou pour le verjus, sont les morillons, & entr’autres les pineaux, les chasselas, les muscats, les corinthes, les malvoisies, les bourguiguons, les bourdelais, les saumoiraux ou prunelles, les meliers, les gamets, les gouais.

Il y a plusieurs sortes de morillons connues presque partout, tant aux champs qu’aux jardins, c’est-à-dire, tant propres à faire du vin qu’à manger.

Le raisin précoce, ou raisin de la Magdelaine, est appellé morillon hâtif, parce que c’est un fruit hâtif, qui est souvent mûr des la Magdelaine. Les Botanistes le nomment vitis præcox columellæ, H. R. P. en anglois, the july-grape. Ce raisin est noir, plus curieux que bon, parce qu’il a la peau dure. On l’estime seulement, parce qu’il vient de bonne heure, mais il n’est bon que dans quelque coin de jardin bien exposé au midi, & à couvert des vencs.

Le morillon taconne, vitis subhirsuta, C. B. P. est meilleur que le précédent pour faire du vin, vient bientôt apres la hâtif, & charge beaucoup. On le nomme aussi meunier, parce qu’il a les feuilles blanches & farineuses. Il se plaît dans les terres sablonneuses & légeres.

Le morillon noir ordinaire est le vitis præcox columellæ acinis dulcibus, nigrantibus ; on l’appelle en Bourgogne pineau, & à Orleans auvernat, parce que la plante en est venue d’Auvergne ; il est fort doux, sucré, noir, excellent à manger ; il vient en toutes sortes de terres, & passe aux environs de Paris, pour le raisin qui fait le meilleur vin. Son bois a la coupe plus rouge qu’aucun autre raisin ; le meilleur est celui qui est court, dont les nœuds ne sont pas espacés de plus de trois doigts. Il a le fruit entassé & la feuille plus ronde que les autres de la même espece.

Il y a une seconde espece de morillon, qu’on appelle pineau aigret, qui porte peu, & donne de petits raisins peu serrés ; mais le vin en est fort, & même meilleur que celui du premier morillon. Le pineau aigret a le bois long, plus gros, plus moëlleux, & plus lâche que l’autre ; les nœuds éloignés de quatre doigts au-moins ; l’écorce, sort rouge en-dehors, & la feuille découpée en pate d’oie, comme le figuier.

Il y a une troisieme espece de morillon qu’on ap-

pelle franc-mourillon ; il fleurit avant les autres plans,

& fait d’aussi bon vin que les deux autres mourillons. Il a le bois noir, & le fruit de même, fait belle montre en fleur & en verd, mais à la maturité, il déchet de moitié, & quelquefois davantage. Il croît plus qu’aucun autre en bois, en longueur & en hauteur, & les nœuds de ses jettés sont les plus espacés.

Il y a finalement une espece de morillon blanc excellent à manger, mais qui a la peau plus dure que le mourillon noir ordinaire.

Le chasselas, vitis uvâ peramplâ, acinis albidis, dulcibus, durioribus, I. R. H. autrement dit muscadet, ou bar-sur-aube blanc, c’est un raisin gros, blanc, excellent, soit à manger, à garder, à sécher, ou à faire de bon vin. Ses grains ne sont pas pressés. Il réussit surtout dans les vignes pierreuses, parce qu’il y meurit plus facilement. Le gros corinthe, dont nous parlerons ci-après, est une espece de chasselas noir blanc.

Le chasselas noir, vitis uvâ peramplâ, acinis dulcibus nigricantibus, I. R. H. s’appelle en Provence, en Languedoc raisin grec ; il est plus rare & plus curieux que le blanc, & même que le rouge, dont les grapes sont plus grosses. Il prend peu de couleur, & ils sont tous deux excellens.

Il y a beaucoup de sortes de muscats, qui sont exquises la plûpart ; le muscat blanc, ou de Frontignan, vitis Apiana, C. B. P. a la grappe longue, grosse & pressée de grains ; il est excellent à manger, à faire des confitures, de bon vin, & à sécher au four ou au soleil. Il y a une espece de muscat blanc hâtif de Piémont, qui a la grape plus longue, le grain moins serré & plus onctueux, dont on a fait une estime particuliere.

Le muscat rouge, ou de corail, à cause de la vivacité de sa couleur, a les mêmes qualités. Son grain est encore plus ferme, & il demande du soleil pour bien mûrir ; c’est le vitis acinis rubris nigrantibus, dulcissimis, de Garidel.

Le muscat noir est plus gros & fort pressé de grains ; il a le goût moins relevé, mais il est fort sucré, & très-recherché, parce qu’il charge beaucoup, & est hâtif.

Le muscat violet est d’un noir plus clair ; il a la couleur violette, les grappes fort longues, garnîes de grains qui sont gros, très-musqués, & des meilleurs.

Le muscat de rizebate est musqué, a le grain plus petit que les autres ; son suc est si doux & si agréable, que ce seroit un de nos premiers raisins, s’il ne couloit point tant ; mais il dégénere presque toujours en raisin de Corinthe, ainsi que le damas ; l’un & l’autre n’ont point de pepin à cause de leur coulure.

Le muscat long, ou passe-musqué d’Italie, est fort gros, fort musqué, excellent en confitures & à manger crud ; ses grapes sont très-grosses & très-longues. Il est rare, curieux, & veut une pleine exposition du midi contre un mur ; il est meilleur, & le plus parfumé des muscats en confiture.

Il y a le muscat long violet de Madere, qui est un raisin très-rare, & extraordinaire pour sa beauté & sa bonté.

Il y a encore le muscat de Jésu, dont le grain est fort gros, rond, des plus musqués, & des plus rares.

On compte aussi parmi les muscats, le jennetin, autrement dit le muscat d’Orléans, ou de saint Memin ; il est fort sucré, sujet à la coulure, & ressemble à la malvoisie ; c’est pourquoi quelques-uns l’appellent malvoisie blanche. Les limonnadiers & les cabaretiers de Paris vendent quelquefois le vin de jennetin pour le muscat de Frontignan.

Le raisin de Corinthe, vitis corinthiaca, sive apyrina. J. B. est un raisin délicieux & sucré. Il a le grain