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gouttes de vin vieux, ou de l’eau ferrée, ou des eaux minérales légérement ferrugineuses, qui n’aient rien de rebutant ; on doit tâcher de les tenir dans un endroit sec, bien airé & modérément chaud ; il faut aussi que leurs linges ne soient ni humides ni froids. Les habillemens & même les chemises de laine leur conviendroient très-bien ; on pourroit les imprégner de quelque vapeur spiritueuse, de même que le lit dans lequel on les couche, qu’on pourroit aussi remplir de simples aromatiques. L’exercice ne doit pas être négligé : si l’enfant ne peut pas marcher, il faut le promener en voiture, l’agiter, le balancer, &c.

Les remedes intérieurs par lesquels on peut seconder l’effet de ces secours diététiques, sont les purgatifs, les extraits amers, les préparations de mars & les absorbans. Les purgatifs ne sont jamais indifférens à cet âge, sur-tout ceux qui poussent par les selles ; les émétiques sont cependant très-appropriés dans le cas présent, moins par l’évacuation qu’ils procurent, que par la secousse générale qu’ils excitent ; on doit préférer l’hypecacuana aux préparations d’antimoine ; les cathartiques les plus convenables sont la rhubarbe, le diagrede, le jalap & le mercure doux. On peut associer ces médicamens, en former des poudres ou des boles, & en continuer l’usage pendant plusieurs jours, & réitérer souvent cette purgation ; la manne, la casse, les huileux, tous purgatifs indigestes si peu efficaces & si usités, seroient ici très-déplacés. A ces remedes on fera succéder les opiates, ou les poudres stomachiques, toniques, absorbantes. Parmi les amers on pourra choisir la fougere, que l’observation ou le préjugé ont consacré particulierement dans ce cas, & qu’on regarde comme éminemment anti-rachitique. Si l’engourdissement étoit considérable, & que l’effet des remedes précédens ne fût pas assez sensible, il seroit à propos de leur joindre des médicamens un peu plus actifs, tels que les plantes aromatiques, quelques gouttes d’élixir de propriété de Paracelse, ou même d’esprit volatil de corne de cerf succiné, & autres semblables. Si la suppression de quelque éruption cutanée avoit donné naissance au rachitis, il faudroit faire tous ses efforts pour la rappeller ; ou même ne seroit il pas avantageux de procurer ces maladies ? on pourroit le faire en couchant les enfans avec des galeux, des teigneux, &c.

A l’extérieur conviennent principalement les frictions seches, avec des étoffes de laine imprégnées de vapeurs aromatiques, les linimens avec des baumes spiritueux, les douches avec des eaux minérales chaudes sur les différentes parties du corps exténuées, & sur-tout sur l’épine du dos ; les bains ou demi-bains aromatiques, ou avec des eaux thermales ; les fomentations avec les mêmes matieres, & quelquefois aussi l’application des vésicatoires derriere les oreilles ou à la nuque du cou ; quelques auteurs proposent aussi les cauteres & les setons ; mais le bien incertain qui pourroit en résulter ne sauroit compenser le désagrément, les douleurs & l’incommodité qu’ils occasionnent ; d’autres conseillent les sangsues ; mais ce remede n’est approprié ni à la maladie, ni à l’âge du sujet. Les charlatans anglois comptent beaucoup sur les scarifications des oreilles ; ils prétendent qu’on ne peut guérir aucun rachitique sans cette operation : ce qui est démontré faux par l’expérience journaliere ; cependant ce secours peut avoir l’avantage d’évacuer quelques humeurs de la tête ; son effet est assez analogue à celui des vésicatoires, quoique moins puissant, & à celui de l’opération de percer les oreilles, qu’on voit quelquefois dissiper les fluxions invétérées. Lorsque les os ont commencé à se courber, il faut tâcher de prévenir un vice plus considérable, & même corriger doucement celui qui est formé, par des ligatures, des bandages, des corps, des bottines,

&c. convenables à la partie pour laquelle ils sont destinés, & à la gravité du mal.

RACINAGE, s. m. c’est, en terme de Teinture, le bouillon ou la décoction de la racine, écorce, feuille de noyer & coque de noix.

RACINAL, s. m. (Archit. hydraul.) piece de bois dans laquelle est encastrée la crapaudine du seuil d’une porte d’écluse.

RACINAUX, s. m. pl. (Archit. hydraul.) piece de bois, comme des bouts de solives, arrêtées sur des pilots & sur lesquelles on pose les madriers & plateformes pour porter les murs de douve des réservoirs. On appelle aussi racinaux des pieces de bois plus larges qu’épaisses qui s’attachent sur la tête des pilots, & sur lesquelles on pose la plateforme. Ainsi lorsqu’on a enfoncé les pilots, on remplit tout le vuide avec des charbons, & par-dessus les pieux, d’espace en espace, on met les racinaux qu’on cloue sur la tête des pieux. C’est sur ces racinaux qu’on attache de grosses planches de cinq pouces d’épaisseur, qui forment la plateforme. Daviler. (D. J.)

Racinaux de comble, (Archit.) espece de corbeaux de bois qui portent en encorbellement sur des consoles le pié d’une forme ronde, qui couvre en saillie le pignon d’une vieille maison.

Racinaux d’écurie, petits poteaux qui, arrêtés de bout dans une écurie, servent à porter la mangeoire des chevaux.

Racinaux de gruë, pieces de bois croisées qui font l’empattement d’une gruë, & dans lesquelles sont assemblés l’arbre & les arcboutans. Lorsqu’elles sont plates, on les nomme solles. Daviler.

RACINE, s. f. (Botan.) la racine est la partie de la plante qui reçoit la premiere le suc de la terre, & qui le transmet aux autres ; cette partie est presque toujours dans la terre ; il y a très-peu de plantes où elle soit hors de terre, & nous n’avons presque que le lierre & la cuscute qui ayent une partie de leurs racines découvertes ; mais on ne connoît aucune plante qui n’ait sa racine attachée à la terre ou à quelque corps terrestre.

Toutes les racines sont garnies de fibres & d’une écorce plus ou moins épaisse ; mais comme les différences des racines se tirent de leur principale partie, on n’emploie guere le terme de fibre que lorsqu’elles font cette principale partie.

On peut considérer les racines par rapport à leur tissu, à leur structure & à leur figure.

Le tissu des racines est ou charnu, ou composé de fibres sensibles. Les racines charnues, ou d’un tissu charnu, sont celles dont le corps est une espece de chair, dans laquelle on ne découvre pas de fibres sensibles ; telles sont les racines de l’iris, du cyclamen, du safran, du lis, &c.

Les racines dont le corps est tissu de fibres entrelassées & serrées à-peu-près comme des brins de filasse, sont ou molles ou dures. Les molles sont semblables à celles du fenouil, du chardon-roland ; on peut les appeller racines à trognons. Les racines dures & ligneuses sont celles du poirier, de l’amandier, du chêne, &c.

Par rapport à la structure, les racines sont composées ou de fibres, ou de plusieurs autres racines, ou d’écailles, ou enfin de tuniques.

Les racines composées de fibres sont ou chevelues ou fibrées ; on appelle chevelues celles dont les fibres sont très-menues & semblables aux cheveux, comme celles du froment, du seigle, &c. on nomme fibrées les racines dont les fibres sont d’une grosseur considérable, comme celles de la violette, de la primevere, &c. Il y en a quelques-unes parmi celles-ci qui poussent des jets qui courent entre deux terres ; on peut les appeller racines fibrées & troçantes.

Les racines composées d’autres racines ont les mê-