son cher Aza : « Au milieu de mon bouleversement, lui dit-elle, je ne sais par quel hasard j’ai conservé mes quipos. Je les possede, mon cher Aza, c’est aujourd’hui le seul trésor de mon cœur, puisqu’il servira d’interprete à ton amour comme au mien. Les mêmes nœuds qui t’apprendront mon existence, en changeant de forme entre tes mains m’instruiront de ton sort. Hélas ! par quelle voie pourrai-je les faire passer jusqu’à toi ? par quelle adresse pourront-ils m’être rendus ? je l’ignore encore ! Mais le même sentiment qui nous fit inventer leur usage, nous suggérera les moyens de tromper nos tyrans. J’emploie toujours dans cette espérance à nouer mes quipos, autant de tems que ma foiblesse me le permet. Ces nœuds qui frappent mes sens, semblent donner plus d’existence à mes discours. La sorte de ressemblance que j’imagine qu’ils ont avec les paroles, me fait une illusion qui trompe ma douleur.
» Mon cher Aza, lui dit-elle dans une autre lettre, je me suis hâtée de remplir mes quipos, & de les bien nouer, pour rendre mes sentimens éternels. Que l’arbre de la vertu répande à jamais son ombre sur la famille du pieux citoyen qui a reçu sous ma fenêtre le mystérieux tissu de mes pensées, & qui l’a remis dans tes mains ! Que Pachamac, plus puissant que le soleil, prolonge ses années, en récompense de son adresse à faire passer jusqu’à moi les plaisirs divins avec ta réponse !
» Les trésors de l’amour me sont ouverts ; j’y puise une joie délicieuse dont mon ame s’enivre. En dénouant les secrets de ton cœur, le mien se baigne dans une mer parfumée. Tu vis, & les chaines qui devoient nous unir ne sont pas rompues ! Tant de bonheur étoit l’objet de mes desirs, & non celui de mes espérances » ! (D. J.)
QUIPROQUO, s. m. (Gramm.) terme purement latin, mais qu’on emploie en françois pour signifier la méprise d’une personne qui a donné, pris, fait ou dit une chose pour une autre.
Ce terme se dit particulierement de la méprise d’un apothicaire qui délivre à une personne un remede préparé pour un autre, ou qui dans la composition d’un médicament, emploie une drogue pour une autre. Voyez Ordonnance.
On le dit aussi par extension de toutes les fautes ou méprises qui se commettent en Médecine, soit dans l’ordonnance, la préparation, ou l’application des remedes.
Un médecin du nord avoue franchement dans une these imprimée que les quiproquo sont fréquens en Médecine, & il en distingue plusieurs sortes ; les uns regardent le traitement, les autres le sujet ; d’autres la forme ou les effets. Les premiers sont ceux que fait le médecin ; ceux de la seconde espece viennent du malade, & les derniers de l’inadvertance de l’apoticaire.
Le même auteur parle aussi des quiproquo des Chirurgiens, de ceux des Cuisiniers, & de ceux des nourrices. Il remarque qu’il y a des quiproquo salutaires, qu’il y en a de dangereux, & d’autres indifférens.
On dit proverbialement, Dieu nous préserve d’un quiproquo.
QUIR, la terre de (Géog. mod.) nom donné mal-à-propos par quelques géographes au pays des terres australes, découvert par Ferdinand de Quiros en 1606. Cette terre qu’il falloit du moins nommer Quiros, pour faire honneur à celui qui la découvrit, n’est autre chose que la terre australe du S. Esprit, située au 15 deg. de latit. méridionale. (D. J.)
QUIRAT, s. m. (poids étranger.) petit poids dont on se sert au Caire & dans le reste de l’Egypte. La dragme vaut seize quirats, & le quirat quatre grains. (D. J.)
QUIRICO San, (Géog. mod.) bourg ou plutôt village d’Italie, en Toscane dans le Siennois, entre Radico-fani & Sienne dont il est à 20 milles. On trouve dans ce village quelques ruines d’antiquités romaines. (D. J.)
QUIRIEU, (Géog. mod.) petite ville de France dans le bas Dauphiné au Viennois, près du Rhône, à 7 lieues de Lyon. Long. 23. lat. 45. 46. (D. J.)
QUIRIMBA, (Géog. mod.) îles d’Afrique sur la côte orientale de l’Ethiopie, au Zanguebar. Elles prennent le nom de la plus grande, appartiennent aux Portugais, & sont en général dépeuplées quoique fertiles en gras pâturages & en fruits, comme dattes, oranges, citrons, raisins, &c. Les îles quirimba s’étendent depuis le 10 deg. jusqu’au 12. l’espace de 2 deg. en latitude méridionale. (D. J.)
QUIRINACIUM Opium, (Mat. médic.) nom donné par quelques écrivains à la gomme que nous appellons assa fœtida. C’est un mot barbare du moyen âge fondé sur le ὀπὸν κυρηναϊκὸν des Grecs, c’est-à-dire la gomme cyréniaque qui n’étoit cependant pas une gomme de mauvaise odeur, comme est l’assa fœtida. (D. J.)
QUIRINAL Mont, (Topog. de Rome anc.) collis Quirini. Le mont Quirinal étoit à une des extrémités de Rome du côté de la porte colline. On l’appelle aujourd’hui monte cavallo, à cause de deux chevaux de marbre qu’on y voit & qu’on dit être de Phidias & de Praxitèse. (D. J.)
QUIRINALES, s. f. (Antiq. Rom.) Quirinalia ; fête instituée par Numa Pompilius en l’honneur de Romulus après son apothéose sous le nom de Quirinus. Cette fête se célébroit le treize avant les calendes de Mars. On l’appelloit la fête des foux, parce qu’en ce jour ceux qui n’avoient pas pu faire la solemnité des Fornacales, ou qui en avoient ignoré le jour, sacrifioient à Quirinus pour expier leur faute d’ignorance. (D. J.)
QUIRINUS, (Antiq. rom. & Mythol.) ce nom vient de Cures capitale des Sabins ; on le donna à Romulus après le traité d’union fait entre les deux peuples, & on le lui consacra dans la suite. Numa Pompilius lui assigna sous ce nom un culte particulier, lui dédia un temple sur le mont Quirinal, institua les fêtes quirinales en son honneur, & créa un grand pontife appellé Flamen Quirinalis, lequel devoit être tiré du corps des patriciens pour présider au culte du nouveau dieu. Voici maintenant ce qui procura l’apothéose à Romulus.
Comme il voulut exercer un empire violent sur ses sujets, quelques mécontens le tuerent en plein sénat, & ce corps illustre pour éviter le soupçon qu’il avoit eu part à ce crime, mit au rang des dieux le monarque assassiné. Numa son successeur ratifia ce système politique ; il lui fit bâtir un temple dans le lieu où est aujourd’hui l’église de S. Théodore. On plaça dans ce temple une louve de bronze allaitant Remus & Romulus ; cette louve est à présent au capitole dans le palais des conservateurs. Dans la suite on bâtit à Romulus un second temple situé dans la vallée qui est au-dessous de l’église de S. Vital.
Ce second temple fut érigé l’an de Rome 460. Tite-Live & Denis d’Halycarnasse en ont fait l’histoire intéressante ; ils nous ont appris que pendant que Rome commençoit à soupçonner les patriciens d’avoir assassiné Romulus, un nommé Julius Proculus s’avança au milieu de la multitude & parla ainsi : « Romulus, fondateur de cette ville, Romains, dès le point du jour est descendu du ciel, & s’est présenté à mes yeux ; dans l’étonnement & le respect que m’a causé sa présence, je l’ai prié qu’il me fût permis de le contempler à loisir. Allez, m’a-t-il répondu, annoncez à l’univers que la volonté des dieux est que Rome soit la premiere ville du mon-