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On a aussi découvert l’arbre du quinquina en différens endroits assez distans de Loxa, comme aux environs de Rio Bamba, à 40 lieues au nord de Loxa ; aux environs de Cuença, un degré plus nord que Loxa, un peu plus à l’est ; & enfin dans les montagnes de Jaën, à 50 ou 60 lieues au sud-est de Loxa.

La quantité de quinquina qui passe tous les ans en Europe, a persuadé dans tout le Pérou, qu’on s’en servoit en Europe pour les teintures ; soit qu’on en ait fait autrefois quelque essai ou non, le préjugé est ancien, puisque dès le tems qu’il fut décrié par la fraude de ceux de Loxa, on dit que les marchands d’Europe se plaignirent qu’on ne lui avoit trouvé ni la même efficacité contre les fievres, ni la même bonté pour les teintures.

Le nom de quinquina est américain : mais l’écorce qui porte ce nom en Europe n’est connu au Pérou & à Loxa, que sous le nom de corteza ou cascara, ou plus ordinairement cascarilla, écorce de Loxa ou petite écorce ; le nom de poudre des Jésuites, non plus que celui de bois des fievres, palo de calenturas, ne sont plus aujourd’hui en usage ; mais il y a un autre arbre fort célebre & connu dans diverses provinces de l’Amérique méridionale, sous le nom de quina quina, & dans la province de Maynas, sur les bords de Maranon, sous le nom de tatché ; de cet arbre distille par incision une résine odorante ; les semences appellées par les Espagnols pepitas de quina quina, ont la forme de feves ou d’amandes plates, & sont renfermées dans un espece de feuille doublée ; elles contiennent aussi entre l’amande & l’enveloppe extérieure un peu de cette même résine qui distille de l’arbre. Leur principal usage est pour faire des fumigations, qu’on prétend salutaires & confortatives, mais qui ont été en bien plus grand crédit qu’elles ne sont aujourd’hui.

Les naturels du pays forment de la gomme résine, ou baume de cet arbre, des rouleaux ou masses qu’ils vont vendre au Potosi & à Chuquizaca, où ils servent non seulement à parfumer, mais à d’autres usages de médecine, tantôt sous la forme d’emplâtre, tantôt sous celle d’une huile composée qu’on en tire ; & enfin sans aucune préparation, en portant ces bols à la main, & les maniant sans cesse, pour aider à la transpiration & fortifier les nerfs. Les Turcs font précisément le même usage du labdanum : il reste à savoir maintenant, comment & pourquoi l’écorce de Loxa a reçu en Europe & dans le reste du monde, hors dans le lieu de son origine, le nom de quinquina.

Parmi les différentes vertus qu’on attribue à l’arbre balsamique dont nous venons de parler, & nommé de tout tems quina quina par les naturels, & depuis par les Espagnols, la plus considérable est celle de son écorce, qui passoit pour un excellent fébrifuge. Avant la découverte de l’arbre de Loxa, cet autre étoit en grande réputation pour guérir les fievres tierces, & les jésuites de la Paz ou Chuquiabo, recueilloient avec grand soin son écorce, qui est extrèmement amère ; ils étoient dans l’usage de l’envoyer à Rome ou elle se distribuoit sous son vrai nom de quina quina. L’écorce de Loxa ayant passé en Europe & à Rome par la même voie, le nouveau fébrifuge a été confondu avec l’ancien ; & celui de Loxa ayant prévalu, il a retenu le nom du premier, qui est aujourd’hui presque entierement oublié ; le nom de cascarilla ou de petite écorce, donné à celui de Loxa, semble aussi avoir été imposé, pour la distinguer d’un autre, qui étoit sans doute celle de l’ancien fébrifuge.

Il est arrivé au quinquina ce qui arrive à presque tous les remedes communs & de peu de valeur, dans les pays où ils naissent, & où on les trouve, pour ainsi dire, sous la main. On en fait au Pérou, géné-

ralement parlant, peu de cas & peu d’usage : on le

craint & on en use peu à Lima, beaucoup moins à Quito, & presque point à Loxa. Mais en Europe, le débit en est prodigieux, par la vertu spécifique qu’il a de guérir les flevres intermitentes ; cependant si la fievre est le symptome d’un autre maladie, c’est en vain & mal-à-propos que l’on donneroit l’écorce fébrifuge ; la fievre ne cédera qu’en guérissant la maladie idiopathique dont elle tire son origige ; on connoît encore que le quinquina n’est pas un remede convenable dans les fievres continues hétiques, inflammatoires, putrides, malignes & pestillentielles ; il ne faut donc regarder cette écorce que comme un antidote dans les seules fievres intermittentes.

Nous lisons dans les mémoires d’Edimbourg, que des médecins & chirurgiens habiles ont fait usage du quinquina avec un grand succès dans la gangrene & dans le sphacele, qui viennent d’une cause intérieure ou extérieure, & que des malades désespérés, après avoir tenté vainement tous les autres remedes, recouvrent une parfaite santé par l’usage de celui-ci. S’il étoit vrai que le quinquina eût des propriétés si merveilleuses que de guérir les malades attaqués de gangrene ou de sphacele, il deviendroit alors cent fois plus cher aux hommes qu’il ne l’est par sa vertu fébrifuge. (Le Chevalier de Jaucourt.)

QUINT, s. m. (Commerce.) la cinquieme partie d’un tout divisé en cinq parties égales. J’ai mon quint dans cette société, dans cet armement ; c’est-à-dire, j’y suis intéressé pour un cinquieme. Dict. du Comm.

Quint, s. m. (Comm. d’Amér.) ce terme est particulierement en usage dans l’Amérique espagnole, pour signifier ce qui est dû au roi pour le droit qu’il leve sur tout l’or & argent qui se tire des mines, ou que l’on y recueille autrement. Ce droit est si considérable qu’on prouve par les registres de l’or & de l’argent quintés, que des seules mines du Potosi, le roi d’Espagne a tiré en moins de cinquante ans plus de cent onze millions de pesos, à treize réales un quart le peso.

Le quint est dû aussi au roi pour toutes sortes de pierreries, & sous ce nom sont compris non-seulement les pierres qu’on appelle précieuses, & qui ont de l’éclat, mais encore le bezoard, le corail rouge, l’aimant, le jais, l’arcanson & le vitriol. Dictionn. du Commerce. (D. J.)

Quint, en matiere féodale, est la cinquieme partie du prix de la vente d’un fief.

En quelques pays on l’appelle vente ou droit de ventes ou lods, de même que le droit qui est dû pour les rotures.

Le quint est dû en général pour toute mutation par rente, ou par contrat équipollent à vente, comme quand le fief a été échangé, quand il a été donné à vente rachetable, quand il est adjugé par decret ou par licitation ; quand le débiteur le donne à son créancier en payement de ce qu’il lui doit ; lorsqu’il est donné ou légué à un étranger, à la charge de payer une somme à quelqu’un ; lorsque le vassal donne son fief à un cens modique avec des deniers d’entrée qui égalent la valeur du fief ; enfin quand le vassal donne une partie de son fief à cens ou à rente avec retention de foi, & qu’ensuite le cens ou la rente est vendu.

Le quint se prend sur le prix de la vente, comme de 100000 liv. 20000. liv.

On compte dans le prix non-seulement la somme payée au vendeur, mais aussi celles que l’acheteur s’est obligé de payer en son acquit.

Mais on ne compte point dans le prix ni les frais du contrat, ni les loyaux-coûts, ni les frais extraordinaires des criées, ni ceux du decret, parce que cela ne tourne point au profit du vendeur ; on suit à