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moyen de sa queue, est une preuve évidente de cette vérité.

Aristote a judicieusement observé que les oiseaux à longues jambes, & ceux dont les doigts des piés tiennent les uns aux autres par une membrane, ont ordinairement la queue courte, & ne racourcissent pas leurs piés vers le ventre, comme font les autres oiseaux, mais au contraire ils les étendent par derriere, afin qu’ils servent au lieu de queue à diriger leur vol.

De plus cette partie contribue beaucoup à maintenir le corps des oiseaux en équilibre dans l’air ; c’est pour cela qu’elle est parallele à l’horison lorsqu’elle est étendue & non-perpendiculaire, comme celle des poissons. Aussi les oiseaux qui n’ont point de queue, comme les plongeons, volent avec peine le corps élevé.

Borelli & quelques autres philosophes modernes ont trouvé que la queue des oiseaux en général ne contribuoit pas à les faire élever & descendre dans les airs ; ils le prouvent par les pigeons, qui ne laissent pas de se tourner de tous côtés après avoir perdu la queue. Aussi faut-il convenir que l’observation est très-vraie à l’égard des oiseaux qui ont la queue pointue & terminée en ligne droite. Mais à l’égard de ceux qui l’ont fourchuë, l’expérience justifie qu’elle produit l’effet que nous lui avons attribué pour le vol ; car il est très-visible que le milan qui a la queue fourchuë tourne entierement son corps en tournant sa queue de côté, élevant une des fourches & abaissant l’autre. Les hirondelles ont sans doute la même faculté dans la queue, puisqu’il n’y a point d’oiseau qui se tourne en l’air avec plus d’agilité.

Une observation d’un autre genre par laquelle je finis, c’est que les plumes dont est composée la queue des oiseaux de presque tous les genres, sont arrangées les unes sous les autres & les unes à côté des autres, dans un plan parallele ou incliné à l’horison. Il n’y a peut-être qu’un seul genre d’oiseau dont la queue est dans un plan vertical & plié en deux parties égales, de maniere que le dessus d’une moitié de ses plumes s’applique contre le dessous des plumes de l’autre moitié. Ce genre d’oiseaux, dont le port de la queue nous paroîtroit très-singulier si nous le voyions pour la premiere fois, est le genre des poules. Un genre de poules distincts, dont la queue ne mérite pas moins notre attention, est le paon. Voyez Paon. (D. J.)

QUEUTER, v. neut. terme du jeu de Billard, qui signifie pousser d’un seul coup les deux billes avec le petit bout de la queue ; quand un joueur queute, son adversaire gagne un point, & le coup est nul, si sa bille va dans quelque belouse.

QUEUX, s. m. (Corps de jurande.) ce vieux mot signifie cuisinier ; la communauté des maîtres Queux-cuisiniers-portes-chapes & traiteurs de la ville de Paris, ne fut établie en corps de jurande, que sur la fin du seizieme siecle ; elle doit ses premiers statuts à Henri IV, qui en accorda ses lettres patentes au mois de Mars 1599. Louis XIII. par les siennes du mois de Novembre 1612. les confirma ; & enfin, ils furent de nouveau examinés, réformés, & confirmés par celles de Louis XIV du mois d’Août 1663, enregistrées au parlement le 29 Janvier 1664. Dict. du Commerce. (D. J.)

Queux, s. f. (Coutellerie.) pierre dure sur laquelle particulierement les Couteliers aiguisent & avivent les instrumens de fer destinés à couper. Il y a différentes sortes de queux ; les unes pour les rasoirs, les autres pour les couteaux, d’autres pour les lancettes, & d’autres encore pour les ciseaux.

Queux de France, grand, (Hist. de France.) nom d’un ancien officier de la maison des rois de France, qui commandoit tous les officiers de la cui-

sine & de la bouche ; c’étoit des gens de qualité qui

étoient pourvûs de l’office de grand-queux, comme on le peut voir dans l’histoire des grands officiers de la couronne, par le P. Anselme.

QUIANPIAN, s. m. (Hist. nat.) oiseau du Brésil, qui est de la grosseur d’un merle, & dont tout le plumage est d’un bel écarlate.

QUIAY, s. m. (Hist. mod. superstit.) nom générique que l’on donne aux idoles ou pagodes dans la peninsule ultérieure de l’Inde, c’est-à-dire au Pégu, dans les royaumes d’Arrakan, de Siam, &c. Quiay-Poragray est la grande divinité d’Arrakan ; ses prêtres s’appellent raulins, voyez cet article. Dans certaines solemnités, ce dieu est porté en procession sur un char très-pesant, dont les roues sont fort épaisses & garnies de crochets de fer. Les dévots d’Arrakan se font écraser sous le poids de ces roues, ou s’accrochent aux crampons de fer qui s’y trouvent, ou bien ils se font des incisions & arrosent le dieu de leur sang ; ces martyrs de la superstition sont des objets de vénération pour le peuple, & les prêtres conservent dans leurs temples les instrumens de leur supplice.

QUIBO, (Géog. mod.) ou comme disent les Espagnols Caboya ; île de la mer du Sud, sur la côte de la province de Veragua, dans la nouvelle Espagne, au couchant du golfe de Panama. Cette île a environ six lieues de long, & trois de large. Sa latitude septentrionale est, selon Dampier, à 7 degrés 14′. (D. J.)

QUICHOA, s. m. (Langues.) c’est le nom que l’on donne à la langue que parlent les indiens du Pérou ; elle fut répandue autrefois par les Incas dans toute l’étendue de leur empire pour faciliter le commerce, en donnant à leurs sujets une langue uniforme. Les Indiens de la campagne ne veulent point parler d’autre langue, mais ceux qui habitent les villes affectent de ne savoir que l’espagnol, & d’ignorer la langue quichoa.

QUIDAM, s. m. (Jurisprud.) terme purement latin adopté dans la pratique du palais, pour exprimer une certaine personne inconnue & que l’on ne peut nommer ; on fait ordinairement le signalement d’un quidam, en le désignant par les traits de son visage, la couleur de ses cheveux, par sa taille, par ses habits & autres choses qui peuvent servir à le faire reconnoître.

On rend plainte contre un quidam, & l’on permet aussi d’informer contre lui ; on le decrete & on fait contre lui toute la procedure nécessaire, & finalement on le juge par contumace & on le condamne s’il y a lieu, & l’exécution se fait contre lui de même que contre les autres contumax. Voyez Contumax. (A)

QUIDIENSIS, (Géog. anc.) siége épiscopal d’Afrique dans la Mauritanie Césariense ; la notice épiscopale d’Afrique range dans cette Mauritanie, tiberianus Quindiensis ; & la conférence de Carthage nomme Priscus, episcopus ecclesiæ Quidiensis. On conjecture que c’est la même ville que Quiza. (D. J.)

QUIERS, (Géog. mod.) ou Chieri, en latin du moyen âge Caira ; ville d’Italie dans le Piémont, capitale de la province du même nom, sur les confins du Monferrat, à 4 lieues au levant de Turin, & à 8 au nord-ouest d’Asti.

On croit que c’est la même ville que Pline appelle Carrea potentia, entre Pollentia & Forum Fulvii ; c’est du moins une ville très-ancienne, & dans laquelle on trouve plusieurs choses qui sentent le tems des Romains ; mais on ne connoît aucun écrit, où il soit parlé distinctement de cette ville avant l’an 1154. Elle est sur le penchant d’une colline dans un terrein fort agréable, & dans un air doux & salubre. Aussi