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fer, arrondi par l’extrémité ; elles ont quelques pouces de hauteur, & sont d’un diametre convenable. Les fondeurs s’en servent pour boucher les godets ou entrées des jets qui aboutissent à l’écheno, jusqu’à ce qu’il soit suffisamment rempli de métal liquide pour qu’il tombe en même tems dans le moule par tous les jets dont on retire les quenouilletes. (D. J.)

QUENS, s. m. (Lang. franç.) ce terme signifie dans nos anciens auteurs françois, un comte. On le trouve dans Villehardouin, & dans Guillaume Guyart, dont du Cange rapporte ces deux vers :

Et quens qui tant ot bataillé
Qu’il y ere suant & travaillé.


Et dans le roman de la Chasse cité par Borel : Là fut li quens de Tancarville. Aubert sur Richelet. (D. J.)

QUENTIN saint, (Géog. mod.) ancienne ville de France en Picardie, capitale du Vermandois, au diocese de Noyon, de l’intendance d’Amiens, & du parlement de Paris. C’est une place forte, qui a environ sept mille habitans. Son commerce consiste en belles toiles de batiste. Cette ville a une coutume particuliere. Elle est située sur la Somme à 6 lieues de Peronne, 9 de Cambray, 14 d’Amiens, 13 d’Arras, & 30 de Paris. Long. 20, 57. lat. 49. 50. 51.

Saint-Quentin est l’Augusta Veromanduorum, & ce n’est point le village nommé Vermand qui est l’ancienne Augusta des Vermandois, comme le pensent Cluvier & Sanson. Toutes les anciennes chroniques déposent contre leur opinion. On peut lire dans les mém. de Littér. tome XIX. la dissertation de M. l’abbé Belley, où il prouve trois choses ; 1°. que l’Augusta des Veromandui est la ville qui a pris le nom de Saint-Quentin ; 2°. qu’elle fut la capitale de son peuple sous la domination romaine ; 3°. qu’elle a été le siége de ses premiers évêques.

En effet, l’histoire nous apprend que cette ville ayant été saccagée par les barbares, l’évêque, nommé saint Médard, se retira en 531 à Noyon, qui étoit la seconde ville des Veromandui. Dans la suite le corps de saint Quentin ayant été retrouvé dans les masures de Saint-Quentin, la ville se rétablit par la dévotion que les peuples portoient à la mémoire de ce saint, dont l’église est une des plus belles de France. Les curieux peuvent encore s’instruire sur cette ville, dans un livre assez rare, intitulé, antiquités de l’Auguste des Vermandois, à présent nommée Saint-Quentin, par le sieur Lenin, ingénieur du roi à Noyon, 1671, in-4°.

Cependant nous ne connoissons guere cette ville que depuis le xvj. siecle. On sait que les défaites de Crécy, de Poitiers, d’Azincourt, n’ont pas été plus funestes à la France, que le fut la victoire de Saint-Quentin, par les Espagnols en 1557. Il ne resta rien de l’infanterie françoise, tout fut tué ou pris. Le connétable de Montmorenci, & presque tous les officiers généraux, furent prisonniers, un duc d’Enghien blessé à mort, la fleur de la noblesse détruite, la France dans le deuil & dans l’alarme. Philibert-Emanuel de Savoye prit d’assaut Saint-Quentin après cette fatale journée. Henri II. fit fortifier Paris à la hâte ; mais Philippe se contentant d’aller voir son camp victorieux, donna le tems au duc de Guise de revenir d’Italie, & de rassurer le royaume. Saint-Quentin fut rendu à la France deux ans après.

Gobinet (Charles), docteur de la maison de Sorbonne, né à Saint-Quentin, mourut à Paris en 1690, à 77 ans. Il a donné plusieurs petits ouvrages de piété.

Mais Acheri (dom Luc d’), bénédictin de la congrégation de saint Maur, a fait plus d’honneur à Saint-Quentin, où il naquit en 1609. Il a publié entr’autres ouvrages en 1645, l’épître attribuée à saint Barnabé. On lui doit un recueil de pieces importantes, qui

étoient jusqu’à lui restées manuscrites, & qu’il a intitulé spicilegium. Enfin son érudition l’a mis au rang des savans françois du xvij. siecle ; il mourut à Paris à l’abbaye de Saint-Germain-des-prés en 1685, âgé de 76 ans. (D. J.)

QUERA-IBA, s. m. (Botan. exot.) nom d’un arbre qui croît dans le Brésil, & dont Marggrave n’a donné qu’une description tronquée, qu’il couronne, en disant que l’écorce de cet arbre pilée s’emploie par les naturels du pays pour guérir les ulceres des jambes & des autres parties du corps.

QUÉRASQUE, (Géog. mod.) en italien Cherasco, & en latin moderne Clarascum, ville d’Italie en Piémont, dans la province de Cherasco, au confluent de la Sture & du Tanaro, à 8 lieues au nord-est de Coni ; & à dix au sud-est de Turin.

Ce n’étoit originairement qu’un château, qui en 1220 commença à se former en ville, laquelle devint assez puissante, & se gouverna pendant quelque tems en république. L’empereur Charles V. s’en rendit ensuite le maître ; mais la paix de Cambrai en 1559, en assura la possession au duc de Savoie, & sa postérité en jouit depuis ce tems-là. C’est maintenant une des plus fortes clés du pays, & le roi de Sardaigne y entretient un gouverneur. L’évêque d’Asti la gouverne pour le spirituel. Long. 25. 30. latit. 44. 36. (D. J.)

QUERAT, s. m. (Marine.) c’est la partie du bordage, comprise entre la quille & la premiere préceinte.

QUERCERELLE, ou CRESSERELLE, ou CRECELLE, s. f. (Ornithol.) mot sous lequel vous trouverez la description de cet oiseau de rapine dans ce Dictionnaire.

Je remarquerai seulement ici, que c’est vraissemblablement celui qui est nommé par Aristote cenchrios, & par Pline, l. XXXVII., ch. lij. tinuneulus. Aristote prétend que le cenchrios fait ses œufs-rouges comme son nom le signifie, & c’est ce que Pline attribue aussi au tinunculus. Il dit encore, liv. X. chap. xxxvj. que le tinunculus bâtit presque toujours son nid au haut des maisons & des tours ; & qu’il est ami des pigeons. Ce qu’il y a de sûr, c’est que la quercerelle se nourrit de souris, de rats, de mulots qu’elle trouve dans les champs où elle procure par sa chasse un bien inestimable, principalement dans les terres labourables. Il y a tels lieux, où sans elle, les milans & les buses, il faudroit que les habitans abandonnassent leurs terres par le dommage qu’y causeroit l’abondance des rats, des souris & des mulots. Aristote parlant de la quercelle, nous dit que son gesier est d’une structure lâche & charnue, au lieu que les autres oiseaux de rapine l’ont dur & calleux. Voyez Cresselle. (D. J.)

QUERCUS CAPITA, (Géog. anc.) c’est-à-dire les têtes de chêne, δρυὸς κεφαλαί. Les Athéniens nommoient ainsi le même lieu que les Bæotiens appelloient tria capita, les trois têtes, τρεῖς κεφαλὰς, selon Herodote, in calliop. Ce lieu étoit à l’entrée du mont Cythaeron en allant à Platées. Thucydide, liv. III. en fait aussi mention.

QUERCY, le (Géog. mod.) en latin Cardurcinus pagus, province de France dans le gouvernement de Guyenne ; elle est bornée au nord par le Limousin, au midi par le haut Languedoc, au levant par le Rouergue ; & au couchant par l’Agénois & le Périgord.

On divise le Quercy en haut & en bas ; le Lot en fait la séparation. Cahors est la capitale, & Montauban est le principal lieu du bas Quercy ; Cahors & Montauban sont deux évêchés.

Le Quercy est un pays peu commerçant, mais fertile en bled, en fruits & en excellens vins : voici l’histoire de cette province.

Le nom de Quercy ou Cahourcin, comme les an-