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d’aller établir les colonies que l’on envoyoit dans les provinces, & quelquefois on en chargeoit cinq personnes, qu’on nommoit par cette raison quinquevirs. Il y avoit aussi des quatuorvirs dans l’empire pour veiller à l’entretien & réparation des chemins ; c’étoient les voyers de l’empire. Ils furent établis par un sénatus-consulte, parce que les censeurs, qui auparavant étoient chargés de ce soin, n’y pouvoient vaquer à cause de la multitude des affaires dont ils étoient accablés.

Quatuorvirs nocturnes, (Police de Rome.) c’étoient de petits officiers du college de vigintivirs, dont l’emploi consistoit à faire la ronde pendant la nuit dans les rues de Rome, avec pouvoir d’arrêter les vagabonds, les gens sans aveu, ou les esclaves ; on les appelloit aussi viales, c’est-à-dire ambulans, parce qu’ils alloient dans tous les quartiers sans qu’on pût prévoir le lieu. (D. J.)

Quatuor viri ab aerario, (Ant. rom.) titre que l’on donnoit dans les Gaules & ailleurs, à quatre personnes chargées de l’administration des deniers publics ; c’est ce que justifient plusieurs inscriptions rapportées par Poldo d’Albenas & par Grasser, aussi-bien que celle-ci découverte à Nismes en 1739, N. SOILLIO, Titi Filio VOLTinia VALERIANO Quatuorviro AB AERARio, car c’est ainsi qu’elle doit être lue. Les quatuorviri étoient des magistrats particuliers aux colonies & aux municipes dépendans de l’empire romain. On ne connoit point leur orgine, parce que l’histoire ne parle que de l’institution des magistrats & des officiers de Rome, sans rien dire de ceux des provinces & des autres villes.

QUATZALCOATL, s. m. (Hist. mod. Superst.) c’est le nom que les Mexicains donnoient à la divinité des marchands. Elle est représentée sous la figure d’un homme, mais avec la tête d’un oiseau à bec rouge, avec des dents, & couvert d’une espece de mitre pointue. Sa main étoit armée d’une faux ; ses jambes étoient ornées de bijoux d’or & d’argent. Ce dieu avoit un temple magnifique chez les Cholulans, peuples voisins du Mexique, & l’on s’y rendoit en pélérinage de toutes les provinces de l’empire. Sa statue étoit entourée d’un tas d’or, d’argent, de plumes rares, & d’autres choses précieuses. On célébroit une fête annuelle en son honneur, & on lui sacrifioit un captif, que l’on avoit soin de bien engraisser ; les prêtres lui annonçoient son sort neuf jours avant la cérémonie ; & s’il s’en affligeoit, son chagrin passoit pour un signe de mauvais augure ; mais les prêtres remédioient à cet inconvénient par des cérémonies qui, selon eux, changeoient les dispositions de la victime ; le sacrifice se faisoit au milieu de la nuit ; on offroit son cœur palpitant à la lune, & le corps étoit porté chez le principal des marchands où il étoit rôti pour le festin qui devoit se faire ; la fête se terminoit par des danses & des mascarades.

QUAUCOPALTIC-XIXIO, s. m. (Hist. naturel. Botan.) arbre du Mexique qui a le tronc uni & tendre ; ses feuilles ressemblent à celles du basilic ; il porte un fruit verd en naissant, mais qui rougit en mûrissant. Cet arbre fournit une résine que les Indiens nomment quauheitlali ; elle passe pour arrêter le sang, & pour être un puissant remede dans la dyssenterie ; mais il faut en prendre avec modération.

QUAUHAYOHUATLI, s. m. (Hist. nat. Bot.) grand arbre de la nouvelle Espagne, dont le tronc est gros, rouge, tortu & garni de beaucoup de branches ; ses feuilles sont longues & étroites comme celle du rododendron, ou de l’adelfe. Son fruit est rond & applati comme la feve marine, mais moins gros. Ce fruit infusé dans du vin, fait un excellent purgatif lorsqu’on en a ôté l’enveloppe. On nomme cet arbre quatlalatzin ; cependant sa description ne s’accorde point avec celle de l’arbre que l’on trouvera décrit sous ce nom.

QUAUHYAC Ocuilensium, (Botan. exot.) nom d’un grand arbre des Indes, dont les feuilles ressemblent à celles du citronnier ; son écorce est d’une odeur forte, astringente & dessicative.

QUAUTICONEX, (Hist. nat. Botan.) arbre du Mexique d’une grandeur médiocre ; son tronc est gros, dur & odorant ; ses feuilles sont larges, sa fleur est petite & blanche ; son fruit ressemble aux baies du laurier. On coupe son écorce en pieces pour la mettre en macération dans l’eau pendant quatre jours ; on expose ensuite cette écorce au soleil ; & lorsqu’elle commence à s’échauffer, on en tire, par le moyen d’un pressoir, une huile ou un baume dont on vante les vertus.

QUEATUMO, (Géogr. mod.) cap & bourgade de la Grece, sur la côte de l’Archipel, au midi de Démétriade, à l’extrémité méridionale de la côte orientale de la presqu’île qui forme le golfe de Volo. Le cap est le même que le Sepias des anciens.

QUEBEC, (Géogr. mod.) ville de l’Amérique septentrionale, capitale du Canada, avec une rade, un port, un château fortifié, & un évêché qui ne releve que du pape.

C’est au sieur de Champlain, gentilhomme de Saintonge, que les François doivent le premier établissement de Quebec. Il le commença en 1608, & y mourut en 1635, au bout de 27 ans de travaux. Cette ville est sur la rive septentrionale du fleuve S. Laurent, à six-vingt lieues de la mer, entre une petite riviere, qui porte le nom de S. Charles, & un gros cap, qu’on appelle le cap aux diamans, parce qu’on y trouve quelquefois de faux diamans, semblables aux pierres d’Alençon.

Les Anglois furent obligés de lever le siege de Quebec en 1690 ; mais ils ont pris cette ville en 1759. Long. selon Cassini, 307. 38′. 30″. latit. 46. 55. & suivant Harris, long. 386. 38′. 48″. latit. 60.

En 1744. M. Gautier estima que son thermometre étoit descendu au 33 degré de celui de M. de Réaumur ; nous disons estima, car le mercure étant rentré dans la boule après le 32 degré, il n’a pu avoir le dernier terme du froid que par estimation, & ce froid se trouvoit environ 17 degrès plus fort que celui de 1709 dans nos climats, ce qui est le plus grand froid artificiel que Farenheit ait pu faire. Le singulier est que Quebec est à-peu-près sous le parallele de 46 à 47 degrés qui répondent au milieu de la France ; preuve bien évidente que le degré de froid ne dépend pas toujours du lieu où on l’observe. (D. J.)

QUECKBRUNN, (Hist. nat.) c’est une fontaine fameuse qui se trouve à Bunzlau en Silésie, dont l’eau est très-pure & très-bonne à boire ; elle a la propriété d’être chaude en hiver & froide en été.

QUEDA, (Géog. mod.) petit royaume d’Asie, dans la presqu’île au-delà du Gange, près du détroit de Malaca. Le prince de cet état est tributaire du roi de Siam.

Les habitans sont Malais, ils suivent la secte mahométane des Turcs & des Mogols. Leurs maisons sont bâties de bambou, & élevées sur des piliers, à quatre ou cinq piés de terre, à cause de l’humidité. Le roi & quelques-uns des plus riches ont des maisons de planches. Leurs vêtemens sont semblables à ceux des malais de Malaca, de Jor & de Sumatra. Ils ont les cheveux longs, une piece de toile leur entoure la tête sans la couvrir entierement. Ils portent sur eux un poignard tranchant long de 15 pouces, & large de 2. Ils ont aussi des Zagayes. Il y a dans le pays plusieurs familles venues de la côte de Coromandel. On y trouve quelques Chinois qui y viennent de Siam par terre.

Ce royaume n’a pas vingt mille habitans ; il est rempli de grandes forêts, où l’on voit quantité de bufles sauvages, d’éléphans, de cerfs & de tigres ;