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pour le coup suivant. Si l’on s’apperçoit de la renonce avant que le coup soit achevé, il faut reprendre ses cartes, & recommencer à jouer de la levée où la renonce a été faite ; cependant si toutes les cartes sont jouées, la bête n’en est pas moins faite, & on ne reprend point ses cartes, à-moins qu’il n’y eût plusieurs renonces sur un même coup, auquel cas on pourroit reprendre le jeu, pourvu que les cartes ne fussent pas brouillées. Plusieurs bêtes faites sur le même coup doivent aller ensemble, à-moins que l’on ne convienne autrement avant que de commencer le coup. Les plus grosses bêtes passent toujours les premieres ; lorsqu’il y en a plusieurs, la vole ne gagne que ce que l’on est convenu, tirant simplement ce qui est au-devant, n’ayant rien à demander des bêtes qui ne vont pas. La vole est entreprise, soit en jouant sans prendre, ou avec un roi appellé, lorsque l’on a jetté la carte ayant les six premieres mains ; & si l’on ne la fait pas, on paye ce qu’on auroit reçu si on l’avoit faite. Quand celui qui a entrepris la vole ne la fait pas, les autres tirent le devant & se font payer le jeu, la consolation, le sans-prendre & les matadors, s’ils les ont. Quoique la vole soit entreprise, il n’est pas permis de voir le jeu de son ami. La vole ne sauroit être entreprise que le roi appellé n’ait paru.

Celui qui a été obligé de jouer avec spadille, ne peut point prétendre à la vole ; il n’est point permis de rien dire ou faire ou faire connoître qui puisse engager l’ami à entreprendre la vole ou à s’en désister ; il faut attendre que celui qui est à jouer l’ait fait ou abattu son jeu.

Le jeu est marqué par celui qui mêle, & qui met une fiche au devant : chacun fait outre cela au jeu un jetton pour chaque coup qui se paye à ceux qui gagnent avec la consolation, & ces quatre jettons sont comptés aux bêtes qui se font. S’il y a une bête, elle va avec ce qui est au-devant & le jeu que chacun doit, sans que pour cela celui qui mêle cesse de mettre la fiche du jeu au-devant : ce qui fait que la premiere bête étant de quatorze, la seconde doit être de quarante-deux, la troisieme de cinquante-six ; une bête faite sur une autre bête ne pouvant être plus forte que des quatorze marques dont le jeu augmente, savoir dix pour la fiche que met celui qui mêle, & quatre pour le jetton que chacun fait au jeu. A moins que le jeu n’ait doublé, comme il arrive lorsque la premiere bête est faite par remise, la seconde est de quarante-deux, &c. si le coup sur lequel la premiere bête est faite est tiré par codille, la seconde bête ne sera que de vingt-huit, attendu que les quatorze que le codille a tirés ne doivent point être compris, ne pouvant point au jeu perdre plus que l’on ne peut gagner. Si l’on joue le jeu double, les bêtes augmentent à-proportion.

Quadrille avec le médiateur sans couleur favorite. Alors l’on marque & l’on paye le jeu comme au quadrille ordinaire, à la réserve que l’on donne une fiche de plus à celui qui joue avec le médiateur, & celui qui joue sans prendre, c’est à-dire qui gagne sans médiateur. Il reçoit treize jettons de chacun, & les leur paye s’il perd codille ; au lieu qu’il n’en donne que 12 si elle n’est que remise. Celui qui gagne sans prendre doit recevoir dix-sept jettons de chacun ; s’il perd par remise il en donne seize à chacun, & dix-sept par codille. La vole avec le médiateur ne se paye qu’une fiche ; les bêtes se payent comme au quadrille ordinaire.

QUADRILLON, s. m. (Arithmét.) ou mille fois mille trillions ; c’est un nombre où l’on compte jusqu’à mille, mille, mille, mille, mille, mille, mille fois mille : il est composé de huit classes & d’une place, ou de vingt-cinq places d’unité, dont la derniere est marquée de quatre points. Dans cet exemple, 6, 543, 512, 234, 567, 890, 987, 664, 321.

La vingt-cinquieme place, 6 indique par les unités combien tout ce nombre contient de quadrillons. Irson. (D. J.)

QUADRIPARTITION, s. f. (Math.) c’est le partage d’une chose en quatre. Voyez Division, &c. ce mot est peu usité. (E)

QUADRUGÉE, quadrugecta terræ, (Jurisprud.) dans quelques anciens titres signifie autant de terre que quatre chevaux en peuvent labourer en un jour.

QUADRUM ou QUADRATUM, (Hist. nat.) nom donné par Cæsalpin & quelques autres auteurs, à une espece de grais composé de particules fines, & propre à être taillé pour les bâtimens.

QUADRUPEDE, s. m. (Hist. nat.) c’est par ce nom que l’on distingue les animaux à 4 piés des autres animaux qui n’ont que 2 piés, comme les oiseaux, ou qui n’ont point de piés, comme les poissons & les reptiles, ou qui ont plus de deux piés, comme les insectes. Les quadrupedes sont les moins nombreux, car il y a plus d’insectes que de poissons, plus de poissons que d’oiseaux, & plus d’oiseaux que de quadrupedes. Cependant on en a déja compté jusqu’à deux cens soixante-une especes ; c’est assez pour qu’il y ait de la difficulté à les distinguer, à les caractériser & à les nommer chacune en particulier : aussi a-t-on employé une sorte d’art pour faciliter la connoissance des caracteres qui peuvent faire reconnoître chaque espece de quadrupede, & de toute autre production de la nature. Voyez Méthode. En réunissant plusieurs especes dans un seul genre, ou plusieurs genres dans une seule classe par un caractere commun, il semble que l’on diminue le nombre des choses que l’on veut connoître : au-moins il est plus facile de les retenir de mémoire.

Des le tems d’Aristote on avoit fait trois classes d’animaux quadrupedes. Ce grand naturaliste donne le nom de solipedes à ceux qui ont les piés terminés par une corne d’une seule piece ; il désigne par la dénomination de piés fourchus les animaux qui ont deux cornes à chaque pié, & il appelle fissipedes ceux qui ont les piés divisés en plusieurs doigts. Aristote n’est entré dans aucun détail de distribution méthodique en ordres, genres, &c. s’il a reconnu des genres, ç’a été comme le vulgaire qui donne le même nom à toutes les choses qui paroissent de même nature. Il rejette toutes sous-divisions de genres, & principalement celles qui sont fondées sur des caracteres négatifs, parce que l’on ne doit pas établir une différence sur une idée de privation, & que ce qui n’est pas ne peut pas avoir des especes : leur rapport, à ce genre, seroit chimérique, puisque le fondement de la relation seroit purement négatif. De part. anim. lib. I. cap. iij.

On a fait plusieurs divisions méthodiques des animaux quadrupedes en classes, ordres, genres, especes. Gesner, Aldrovande, Jonston, & presque tous les naturalistes ont adopté la premiere division d’Aristote dans leurs méthodes que nous ne détaillerons pas ici ; il suffira de commencer par celle de Rai, qui fut publiée sur la fin du siecle dernier.

« Cet auteur change la division des animaux quadrupedes en solipedes, piés fourchus & sissipedes, & n’en fait que deux classes générales, dont la premiere comprend les animaux qui ont l’extrémité des doigts enveloppée dans une matiere de corne sur laquelle ils marchent, animalia ungulata ; la seconde classe renferme ceux qui ont un ongle qui tient à l’extrémité de chaque doigt, & qui laisse à nud la partie qui porte sur la terre, animalia unguiculata.

L’auteur sous-divise les animaux qui ont de la corne aux piés en solipedes, qui sont le cheval, l’âne & le zebre, en piés fourchus, tels que le tau-