Alors tout pénétré de sa vertu suprème
Ce n’est plus un mortel, c’est Apollon lui-même
Qui parle par ma voix.
PYTHIEN, (Littérature.) la défaite du serpent Python, proche de la ville de Delphes, donna à Apollon le nom de Pithien, Pythius, & à la ville voisine de Delphes celui de Pytho. Horace appelle Apollon incola Pythius, pour marquer l’impression qu’il faisoit sur le cœur des prêtres dont il s’emparoit, pour prononcer ses oracles par leur organe : fræna furente concutit, dit Virgile, & stimulos sub pectore vertit Apollo. Voyez Pythie. (D. J.)
PYTHIQUES, jeux, (Antiq. grecq.) jeux institués à Delphes en l’honneur d’Apollon. Nous n’amuserons point le lecteur par les fables d’Ovide & d’Hygin sur l’origine de ces jeux ; nous nous en tiendrons au récit de Pausanias. Cet historien nous apprend que les jeux pythiques eurent pour instituteur Jason, ou Diomede, roi d’Etolie, & pour restaurateur le brave Eurylochus de Thessalie, à qui sa valeur & ses exploits acquirent le nom de nouvel Achille. Ce renouvellement des jeux pythiques par Euryloque, arriva la troisieme année de la quarante-huitieme olympiade, l’an du monde 3364, & 584 avant la naissance de Jesus-Christ ; depuis ce tems-là les Grecs comptoient quelquefois par pythiades, comme ils comptoient par olympiades.
On ne convient pas trop de l’étymologie du mot de pythiques ; les uns le tirent de Pythus, fils de Delphus, & petit-fils d’Apollon ; d’autres d’Apollon Pythyque, ἀπὸ τοῦ πυθέσθαι, parce qu’on alloit l’interroger, c’est-à-dire le consulter ; ou de Delphes, qui s’appelloit autrement ποδεό, ensorte qu’Apollon Pythique & Apollon de Delphes signifient la même chose ; plusieurs enfin veulent que le mot de jeux pythiques doive son origine à la victoire insigne qu’Apollon remporta sur l’énorme serpent Python.
Quoi qu’il en soit, les amphictions avoient dans ces jeux le titre de juges ou d’agonothétes. Philippe, nouvel amphiction, exerça tous leurs droits, & jouit de tous leurs privileges ; il en abusa même dans la suite & y présida par procureur. Lorsqu’il ne daigne pas nous honorer de sa présence, dit Démosthène dans sa troisieme philippique, il envoye présider ses esclaves, c’est-à-dire ses courtisans. Strabon détaille les exercices des jeux pythiques, & Pindare chante leurs héros sur le même ton que ceux des olympiques.
On célébra d’abord les jeux pythiens tous les huit ans ; mais dans la suite ce fut tous les quatre ans, en la troisieme année de chaque olympiade, ensorte qu’ils servirent d’époque aux habitans de Delphes. Dans les commencemens ces jeux ne consistoient qu’en des combats de chant & de musique. Le prix se donnoit, dit Pausanias, à celui qui avoit fait & chanté la plus belle hymne en l’honneur du dieu, pour avoir délivré la terre d’un monstre qui la désoloit ; dans la suite on y admit les autres exercices du pancrace, tels qu’ils étoient aux jeux olympiques.
Les Romains, sur quelques vers de Martius, adopterent ces jeux l’an 642 de la fondation de leur ville, & leur donnerent le nom d’apollinaires. Si vous voulez vaincre l’ennemi, portoit la prédiction de ce devin, établissez des jeux en l’honneur d’Apollon. D’abord c’étoit le préteur qui étoit préposé à la représentation de ces jeux, mais ensuite on établit des quindecimvirs, qui en prirent soin, & qui devoient les donner à la maniere des Grecs. (D. J.)
PYTHIUM, (Géog. anc.) nom d’une ville de Macédoine, d’un lieu de l’île de Crete, ou d’un lieu de Bithynie. (D. J.)
PYTHON, s. m. (Théolog.) terme dont les septante & la vulgate se sont souvent servis pour expri-
ceux qui parloient du ventre. Voyez Devins, Magiciens, &c.
Il y avoit dans toutes ces sortes de gens beaucoup de friponnerie, de souplesse, d’imagination, & quelquefois aussi de l’opération du démon. Dieu, dans l’ancienne loi, avoit défendu, sous peine de la vie, de consulter ces sortes de devins. Saül les chassa & les extermina des terres d’Israël, & cependant il eut après cela lui-même la foiblesse d’aller consulter une pythonisse. Moïse, Lévit. xx. 27. veut qu’on lapide ceux qui sont remplis de l’esprit de python. Les rois de Juda qui abandonnerent le Seigneur, comme Manassé, multiplierent les devins ; & les rois pieux, comme Josias, les exterminerent de leur pays. On lit, dans les actes des apôtres, ch. xvj. que S. Paul ayant trouvé dans la ville de Philippes en Macédoine, une fille payenne qui avoit un esprit de python, & qui procuroit un grand gain à ses maîtres en devinant, chassa ce mauvais esprit & en délivra la fille, ce qui irrita tellement ses maîtres qu’ils exciterent une violente sédition contre cet apôtre.
Le terme hébreu ob ou oboths, qu’on traduit par python, signifie aussi un outre ou vase de peau, où l’on mettoit des liqueurs. Peut-être a-t-on donné ce nom aux devins, parce que dans le moment qu’ils étoient remplis de leur enthousiasme, feint ou vrai, ils s’enfloient & se grossissoient comme un outre, & qu’on leur entendoit tirer leurs paroles comme du creux de leur estomac, d’où vient que les Latins les appelloient ventriloqui, & les Grec ἐνγαστρίμυθοι, c’est-à-dire gens qui parlent du ventre. Isaïe, ch. xxix. v. 3. dit que Jérusalem affligée & humiliée parlera comme du creux de la terre, ainsi qu’une pythonisse ; qu’elle gémira & tirera ses paroles comme du fond d’une caverne.
L’apparition de Samuel à Saül, opérée par la pythonisse d’Endor, & rapportée dans le premier livre des Rois, ch. xxviij. donne lieu à une question importante, qui partage les anciens & les modernes, savoir si l’ame de Samuel a véritablement apparu à Saül, ou si tout ce qui est raconté à ce sujet n’est qu’un jeu ou une friponnerie de la pythonisse ou magicienne qui parla à Saül, & qu’il feignit de voir Samuel. On demande si cela arriva par la puissance du démon & par les forces de l’art magique, ou si Dieu permit que Samuel apparût par un effet miraculeux de sa puissance, & non par aucun effet de la magie.
Ceux qui tiennent pour la réalité de l’apparition de Samuel, comme saint Justin, Origene, Anastase d’Antioche, &c. ont cru que les démons avoient quelque pouvoir sur les ames des saints avant que Jesus-Christ descendît aux enfers ; & saint Augustin, de doct. Christ. liv. II. ch. xxxij. ne trouve aucun inconvénient à dire que le démon fit apparoître l’ame de Samuel, comme nous n’en trouvons point à dire que le démon transporta Jesus-Christ sur le pinacle du temple ; d’ailleurs le récit de l’Ecriture dit expressément que Samuel parut, qu’il parla, qu’il annonça au roi sa mort prochaine & la défaite de son armée.
Ceux qui soutiennent que Samuel n’apparut point à Saül, sont partagés entre eux ; les uns, comme Tertullien, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, croient que le démon prit la forme de Samuel, & parla ainsi à Saül. Les autres, tels qu’Eustathe d’Antioche, saint Cyrille d’Alexandrie, &c. tiennent que la magicienne ne vit rien, mais qu’elle feignit de voir le vrai Samuel ; qu’elle parla en son nom, & trompa ainsi Saül & tous les assistans ; d’autres enfin, comme saint Ambroise, Zénon de Verone, saint Thomas, pensent que le démon ne parut point, & ne prit point la forme de Samuel, mais que Dieu, à