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couez le tout ensemble brusquement, & vous trouverez dans cette eau artificielle le même goût des eaux naturelles de Pyrmont.

Le fondement de cette imitation est l’analyse même des eaux minérales de Pyrmont. On a trouvé par cette analyse qu’elles contiennent un fluide aqueux subtil, un fer volatil, & un alkali un peu prédominant, le tout uni ensemble dans une eau spiritueuse, vive & piquante. Il en résulte que cette eau artificielle, faite avec soin dans les proportions des ingrédiens dont nous avons parlé, imite exactement l’eau minérale de Pyrmont, & produit les mêmes effets en qualité de remede. (D. J.)

PYRN ou Pyrna, (Géog. mod.) ville d’Allemagne dans la Misnie, avec un fort château nommé Sonnenstein. Elle est sur l’Elbe à quatre lieues de Dresde. C’est près de Pyrna que les Prussiens en 1756 bloquerent les Saxons qui étoient au nombre de quinze mille hommes & les obligerent par famine à se rendre à discrétion. Long. 31. 34. latit. 51. 6. (D. J.)

Cetzel, (Jean) dominicain & inquisiteur, naquit à Pyrna vers le milieu du xv siecle, & mourut en 1519. Il avoit été choisi par les chevaliers teutoniques, pour prêcher les indulgences, & s’acquitta très-bien de sa commission. Il disoit en vendant cette rémission de toutes les peines des péchés, que les peuples n’avoient qu’à la bien payer, parce que leurs montagnes deviendroient des mines d’argent.

PYROBOLOGIE, s. f. (Chimie.) c’est ainsi que quelques-uns nomment la partie de la chimie qui s’occupe des feux d’artifice. Voyez les articles Artifices, Feux, & Pyrotechnie. Ce mot est dérivé de deux mots grecs, πῦρ, feu, & βάλλω, je lance ; ainsi il signifie l’art de lancer des feux.

PYROBOLUS, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à la pyrite, à cause de la propriété qu’elle a de faire feu, frappée avec l’acier.

PYROFORE, s. m. (Antiq. grecq.) les pyrophores étoient chez les Grecs, des hommes qui marchoient à la tête de l’armée, & tenoient dans leurs mains des vases remplis de feu, comme le symbole d’une chose sacrée. Ils étoient si respectés, que c’eût été un grand crime, même aux ennemis, de les attaquer.

L’usage du feu dans les cérémonies de la religion, subsistoit avant la loi de Moïse, & même avant Abraham, parmi les Chaldéens. Cette coutume vint à la fin à dégénérer en superstition. On immola des victimes au Feu, on lui dressa des autels, on lui consacra des temples. L’histoire nous apprend la vénération que lui portoient tous les anciens peuples asiatiques, les Chaldéens, les Egyptiens, les Indiens, les Perses, les Grecs, & nous en avons donné cent exemples dans ce Dictionnaire. (D. J.)

PYROLE, s. f. (Botan.) la principale des quatre especes de pyrole établies par Tournefort, est la grande à feuilles arrondies, pyrola rotundi folia major, I. R. H. 256 : en anglois, the larger round winter-green, or pyrola.

Sa racine est flexible, deliée, fibreuse, traçante & blanchâtre. Elle pousse cinq ou six feuilles arrondies, semblables à celles du poirier, d’où elle tire son nom. Elles sont assez charnues, épaisses, d’un verd-brun, lisses, attachées à de longues queues, couchées à terre, lesquelles conservent leur verdure durant tout l’hiver. Il s’éleve d’entre ces feuilles une tige simple, à la hauteur d’environ un pié, anguleuse, garnie de quelques petites feuilles pointues. Cette tige porte en sa sommité des fleurs agréables à l’œil, odorantes, composées chacune de cinq pétales disposés en rose, arrondies, de couleur blanche, avec dix étamines courtes, ayant en leur milieu un pistil recourbé par le bout d’en-haut en façon d’une trompe d’éléphant.

Après que la fleur est tombée, ce pistil devient un

fruit ou bouton anguleux, à cinq pans arrondis, divisé intérieurement en cinq loges, remplies de semences roussâtres & menues, semblables à de la sciure de bois.

Toute la plante a un goût amer & astringent. Elle croît aux lieux montagneux, ombrageux, bois & forêts. On la trouve en plusieurs provinces de France, & particulierement dans la haute Champagne. Elle se plaît sur-tout dans les pays froids, & dédaigne la culture des jardins ; car elle y vient comme malgré elle, y est toujours malade, & à la fin elle y meurt. Elle fleurit en Juin & Juillet.

Rai observe d’après Clusius, qu’il y a souvent de la différence dans la fleur de la pyrole, & qu’elle est tantôt plus grande & mollette, tantôt plus petite & plus dure. (D. J.)

Pyrole, (Mat. méd.) cette plante est comptée parmi les vulnéraires les plus célebres & les plus employés. Elle entre assez communément dans les especes ou assemblages de diverses plantes, qui sont connues sous le nom de vulnéraires de Suisse, & sous celui de faltranck. Voyez Faltranck.

Le suc de pyrole entre dans l’emplâtre oppodeltoch. (b)

PYROMANCIE, s. f. divination qu’on exerçoit par le moyen du feu.

Ce mot vient du grec πῦρ, feu, & μαντεία, divination.

Il y avoit chez les anciens différentes especes de pyromancie, ou diverses manieres de pratiquer la pymancie, dont voici les principales. Tantôt on jettoit sur le feu de la poix broyée, & si elle s’allumoit promptement on en tiroit un bon augure. Tantôt on allumoit des flambeaux enduits de poix, & l’on en observoit la flamme, si elle étoit réunie & ne formoit qu’une seule pointe, on auguroit bien de l’événement sur lequel on consultoit, & tout au contraire si elle se partageoit en deux ; mais quand elle montroit trois pointes, c’étoit le présage le plus favorable. Si elle s’écartoit à droite ou à gauche, c’étoit signe de mort pour un malade, ou de maladie pour ceux qui n’en étoient pas encore attaqués ; son pétillement annonçoit des malheurs, & son extinction les dangers les plus affreux. Quelquefois on jettoit une victime dans le feu, & l’on s’attachoit à considérer comment il l’environnoit & la consumoit ; si la flamme formoit une pyramide, ou si elle se divisoit : en un mot la couleur, l’éclat, la direction, la lenteur ou la vivacité de cet élément dans les sacrifices, tout étoit matiere à observation & à prophétie. On attribuoit l’origine de cette espece de pyromancie au devin Amphiaraüs qui périt au siege de Thebes ; d’autres la rapportent aux Argonautes. Dans quelques occasions on ajoutoit au feu d’autres matieres, par exemple, on prenoit un vaisseau plein d’urine, dont l’orifice étoit bouché avec un tampon de laine, on examinoit de quel côté le vaisseau crevoit, & là-dessus on regloit les augures. D’autres fois on les prenoit en observant le pétillement de la flamme ou de la lumiere d’une lampe. Il y avoit à Athènes dans le temple de Minerve Poliade, une lampe continuellement allumée, entretenue par des vierges qui observoient exactement tous les mouvemens de sa flamme. Mais ceci se rapporte plus directement à la Lampadomancie ou Lychnomancie. Voyez Lampadomancie & Lychnomancie.

Quelques auteurs mettent au nombre des especes de pyromancie, l’abominable & barbare coutume qu’avoient certains peuples orientaux, de faire passer leurs enfans par le feu en l’honneur de Moloch : coutume imitée par les Juifs quand ils s’abandonnerent à l’idolatrie. Delrio y comprend aussi la superstition de ceux qui examinoient les symptomes des feux qu’on a coutume d’allumer la veille de la S. Jean-