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tion en décomposant la mixtion saline, dont elle fortifie trop le principe terreux. Voyez Stahl, specimen becherianum, p. 228.

Rien n’est sans doute plus important que les applications que M. Pringle fait de ses expériences à la pratique de la Médecine ; mais M. Bordeu, dans ses theses sur les eaux minérales d’Aquitaine, these 31, a objecté contre l’application qu’il en fait à la gangrene, par exemple, que le sphacele se fait par un travail particulier de la nature qui ne ressemble point du tout à la putréfaction cadavéreuse ; car, dit-il, la fœtidité de la gangrene n’appartient pas plus à la putréfaction que celle de la matiere fœcale. Cependant on peut dire en faveur de M. Pringle, que Schvencke, après avoir observé que par les acides combinés avec du sel commun & des amers, on préserve en Allemagne, pendant plus d’un an, de la corruption les chairs des bêtes fauves, ajoute qu’il s’est servi des mêmes remedes avec le plus grand succès dans une gangrene spontanée au pié, qui survint à un sexagenaire. Hemotologiæ p. 132.

Putréfaction des parties du corps humain vivant. Voyez Gangrene.

La putréfaction des morts a été regardée comme le signe infaillible de leur état ; mais ce signe très-dangereux pour les survivans ne seroit admissible qu’autant qu’on n’auroit pas d’autres signes très-certains de la mort. On les a indiqués ailleurs. La putréfaction parfaite qui se manifesteroit en quelque partie, ne mettroit pas infailliblement à l’abri du danger affreux de donner la sépulture aux vivans. On voit tous les jours des personnes survivre à la perte de quelque membre dont la pourriture s’étoit emparée. Ainsi la pourriture pourroit attaquer de même un sujet dans l’état équivoque qui fait douter si une personne est morte ou vivante, c’est-à-dire, dans la situation où sans avoir perdu la vie, elle ne se manifeste néanmoins par aucune marque extérieure sensible aux personnes qui ne sont pas profondément instruites sur ce cas. C’est donc un précepte très-dangereux que de dire vaguement, que la putrefaction est le signe infaillible de la mort, & qu’on peut donner la sépulture à ceux en qui la putréfaction se manifeste.

Il auroit fallu distinguer du moins la pourriture qui attaque un corps vivant de celle qui s’empare d’un mort ; car chacune a des caracteres distinctifs qui lui sont propres. 1°. La gangrene seche n’a pas lieu sur un corps mort, parce qu’il n’y a ni la chaleur, ni l’action des vaisseaux par laquelle les sucs peuvent être durcis, & devenir avec les solides une masse homogene qui forme la croute solide qu’on nomme escarre. La putréfaction propre aux morts est toujours une gangrene humide ; & au contraire de ce qui se passe en pareille maladie sur les vivans, il n’y a sur les morts ni tension, ni rougeur inflammatoire qui trace une ligne de séparation entre le mort & le vif : l’épiderme se ride, la peau est d’abord pâle, elle devient d’une couleur blanche, grisâtre ; elle prend après des nuances plus foncées ; elle devient d’un bleu qui tire sur le verd, & ensuite d’un bleu noirâtre qu’on apperçoit à-travers la peau, qui prend elle-même enfin cette derniere couleur. Ces observations seroient bien importantes dans l’opinion que la pourriture est le signe infaillible de la mort, & elles n’ont point été faites par ceux qui se sont fait une sorte de réputation, en se déclarant les apôtres de cette fausse doctrine. (Y)

PUTRIDE, en Chirurgie, se dit des sucs corrompus qui coulent d’une plaie ou d’un ulcere. On appelle suppuration putride les humeurs dépravées qui forment une suppuration désavantageuse, qui sans avoir aucune couleur ni consistance déterminées, sont tantôt glaireuses & épaisses, tantôt très-fluides & comme dissoutes ; qui quelquefois sont fort lim-

pides, d’autres fois d’une couleur obscure : elles font

souvent sanguinolentes ; tous ces caracteres se trouvent quelquefois ensemble : ce qui fait voir la couleur & la consistance des matieres. Mais leurs caracteres les plus inséparables sont la puanteur & l’acrimonie qui dénotent une suppuration vicieuse, & atteinte de quelque degré de putréfaction.

Ces vices dépendent de l’état gangréneux des chairs. Voyez Gangrene & Ulcere putride. (Y)

Putride fievre, (Médec.) voyez Synoque.

PUTRIZ, (Hist. mod.) nom que l’on donne à la premiere femme du roi des Moluques ; ses enfans sont estimés plus nobles que ceux de ses autres femmes, qui ne leur contestent jamais le droit de succéder à la couronne.

PUTURE, s. f. terme de Jurisprudence angloise ; c’est un droit que prétendent les gardes des forêts, & quelquefois les baillifs des hundreds sur les habitans & propriétaires des terres dans l’enceinte de la forêt ou de l’hundred, qui consiste à exiger d’eux qu’ils le nourrissent, eux, leur cheval & leurs chiens. Voyez Purlieu, Enceinte.

Il y a déja long-tems qu’on a échangé ce droit à Knaresbourg, en une redevance de quatre sous. La terre chargée de cette servitude s’appelle terra puturata, terre de puture.

PUY, le (Géogr. mod.) ville de France dans le gouvernement du Languedoc, & la capitale du Vélay, à 14 lieues au nord-est de Mende, à 18 de Viviers, 58 au nord-est de Toulouse, & 112 de Paris. Elle est située près de la Borne & de la Loire, sur la petite montagne d’Anis, d’où elle a pris les noms d’Anicium & de Podium ; car le mot puig ou pueck, signifie en langue aquitanique, une montagne.

Le Puy est aujourd’hui une des plus grandes villes de Languedoc ; il y a sénéchaussée & présidial. Quand cette ville se fut accrue, on y transféra l’évêché de Ruescium, qui est aujourd’hui Saint-Paulien, bourg d’Auvergne dans l’élection de Brioude.

On prétend que Louis le Gros donna la seigneurie de cette ville à l’évêque en 1134. Cet évêché n’a que 129 paroisses ; il vaut au moins 36000 liv. de revenu, & ne releve que du saint siege ; mais pour la police intérieure, l’évêque du Puy est de la province ecclésiastique de Bourges. Son diocèse est renfermé dans une petite contrée appellée le Vélay. Le pape Clément IV. avoit été évêque du Puy ; mais avant qu’il eut embrassé l’état ecclésiastique, il avoit pris alternativement le parti des armes, celui de l’étude, de la jurisprudence, & s’étoit même marié. S. Louis le fit son secrétaire.

La ville du Puy est bâtie en amphithéatre, & a plusieurs communautés de l’un & de l’autre sexe. Sa cathédrale a vû dans les siecles de superstition, des princes, & même des souverains, s’y rendre en pélerinage. MM. de Saint-Sulpice ont le séminaire, & les Jésuites y tenoient un college. Long. 21. 33. 20. latit. 45. 25. 2.

Tardif (Guillaume) en latin Tardivus, naquit dans le quinzieme siecle à Puy. Il devint professeur en Belles-lettres & en éloquence au college de Navarre dans l’université de Paris. Il étoit outre cela lecteur, ou comme on s’exprimoit alors, liseur en titre d’office du roi Charles VIII. Il nous reste encore quelques écrits de sa composition, comme un grammaire latine, une rhétorique assez bonne, une édition de Solin, qu’il mit au jour en 1498, & l’art de Fauconnerie & des chiens de chasse, imprimé à Paris en 1492 in-folio. Ce dernier ouvrage a été réimprimé fort souvent dans la suite, comme en 1506 in-4°, en 1567, en 1606, & ensuite en latin à Bâle en 1578, & à Augsbourg en 1596 in-8°.

C’est aussi à Puy en Velay qu’est né en 1661, le cardinal Melchior de Polignac. Six mois après sa nais-