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Italie il y a aussi des puits forés, mais on les construit différemment. On creuse jusqu’à l’eau, après quoi on fait un double revêtement dont on remplit l’entre-deux d’un corroi de glaise bien pétrie ; on continue de creuser plus avant, & de revêtir, comme dans la premiere opération, jusqu’à ce qu’on trouve des sources qui viennent en abondance ; alors on perce le fond avec une longue tariere, & le trou étant achevé, l’eau monte & remplit non-seulement le puits, mais se répand encore sur toute la campagne, qu’elle arrose continuellement.

Puits perdu, puits dont le fond est d’un sable si mouvant, qu’il ne retient pas son eau, & n’en a pas deux piés en été, qui est la moindre hauteur qu’il puisse y avoir pour puiser. Daviler. (D. J.)

Puits, dans la guerre des siéges & dans l’Artillerie, sont les enfoncemens que les mineurs font en forme de puits, pour s’enterrer, autant qu’il est nécessaire, afin de chercher les galeries ou les mines de l’ennemi, pour les éventer ou pour construire des mines qui fassent sauter ses ouvrages, ses batteries, &c.

Lorsqu’on est parvenu à la troisieme parallele ou place d’armes, les mineurs s’enfoncent ou font des puits dans cette ligne d’où ils partent pour chercher les mines que l’ennemi peut avoir construit sous le chemin couvert, & pour les éventer ou les détruire par d’autres mines, &c.

Les puits sont encore des creux ou des especes de trous qu’on pratique quelquefois devant les lignes de circonvallation pour en empêcher l’accès à l’ennemi.

On avoit fait de ces puits à la circonvallation de Philisbourg en 1734 ; ils avoient environ huit piés de diametre par le haut, & à-peu-près quatre par le bas ; leur profondeur étoit de sept ou huit piés ; ces puits étoient placés entre l’avant-fossé de la circonvallation & celui de cette ligne ; ils étoient si près les uns des autres qu’on ne pouvoit guere passer entre leurs intervalles sans faire écrouler la terre & tomber dans le puits. Les Espagnols avoient fait quelque chose de semblable à la circonvallation d’Arras en 1654. Il y a beaucoup d’apparence que les Espagnols & les François doivent à César l’idée de cette espece de fortification, qu’il employa à la défense de ses lignes devant Alesia. Voyez ses Commentaires sur la guerre des Gaules, liv. VII. Voyez aussi la seconde édition des Elémens de la guerre des siéges. (Q)

Puits, (Marine.) c’est une espace fait exprès à fond de cale, pour puiser l’eau qui entreroit dans le vaisseau avec abondance, & qu’on ne pourroit vuider avec les pompes. Voyez Archipompe.

Puits, c’est une grande profondeur qui se trouve à la mer dans un fonds uni.

Puits, (Jardinage.) est un ornement rond dont on se sert dans les plate-bandes coupées des parterres, pour y former des passages ; on s’en sert encore dans la broderie d’un tableau, pour remplir un petit espace au-dessus d’un fleuron ou d’une coquille.

Puits de Plougastel, (Hist. nat.) puits singulier en France, dans la Bretagne ; il est dans la cour du passage de Plougastel, entre Brest & Landernau. L’eau de ce puits monte quand la mer qui en est fort proche descend, & au-contraire descend quand la mer monte. Cela est si fort établi dans le pays comme un prodige, que M. Robelin, mathématicien, l’a cru digne qu’il l’examinât, & il en a envoyé à l’académie des Sciences une relation avec une explication fort simple. Le fond du puits est plus haut que le niveau de la basse-mer en quelque marée que ce soit ; de-là il arrive que l’eau du puits qui peut s’écouler s’écoule, ou que le puits descend tandis que la mer commence à monter, ce qui dure jusqu’à ce qu’elle soit arrivée au niveau du fond du puits ; après cela tant que la mer continue de monter, le puits

monte avec elle. Quand la mer se retire, il y a encore un tems considérable pendant lequel un reste de l’eau de la mer qui est entré dans les terres les pénetre lentement, & tombe successivement dans le puits qui monte encore, quoique la mer descende. Cette eau se filtre si bien dans les terres, qu’elle y perd sa salure. Quand elle est épuisée, le puits commence à descendre, & la mer acheve de monter. Comme ce puits qui n’a pas été creusé jusqu’à l’eau vive, & qui n’est revêtu que d’un mur de pierre seche, reçoit aussi des eaux d’une montagne voisine quand la pluie a été abondante ; il faut avoir égard aux changemens que ces eaux peuvent apporter à ce qui ne dépend que de la mer. Elles l’empêchent de tarir entierement l’hiver quand la mer est basse. Il seche quelquefois en été faute de ce secours, & parce que toute l’eau de la mer est bûe par une terre trop aride. Hist. de l’acad. année 1717. (D. J.)

Puits, (Critique sacrée.) dans l’Arabie, où l’eau est très-rare, on cachoit & on cache encore soigneusement les puits, en couvrant leur bouche avec du sable, afin que les voyageurs ne les voient point, & n’en tirent point d’eau. L’ange découvrit à Agar un de ces puits dans le désert, pour désaltérer son fils Ismaël qui mouroit de soif, Genes. xvj. 14. Il ne faut donc pas s’étonner s’il y avoit quelquefois pour un puits de très-grandes disputes chez les juifs de la Palestine ; l’Ecriture nous en fournit un exemple, entre les gens d’Abimélec, roi de Gérare, & ceux d’Isaac.

Comme ces puits étoient très-profonds, l’Ecriture appelle le tombeau, le puits de la mort, & l’enfer, le puits de l’abyme. C’est par la même raison que puits se prend encore pour un grand malheur. Que le puits où l’on m’a jetté ne se ferme point sur moi, dit David, Ps. lxviij. 16. c’est-à-dire, que je ne sois point accablé par un surcroît d’afflictions. Mais comme l’eau d’un puits étoit fort précieuse, ce terme se prend ailleurs pour abondance de biens ; l’épouse est comparée à une source d’eaux vivantes qui découlent du Liban, puteus aquarum viventium quæ fluunt de Libano, Cantiq. iv. 15. tandis que la femme étrangere cause la perte de ceux qui la recherchent ; c’est un puits étroit dont on ne peut sortir, dit Salomon, Prov. xxiij. 27. (D. J.)

PUL, s. m. terme de relation, les Persans nomment ainsi en général toutes sortes d’especes de cuivre qui se fabriquent dans leurs monnoies, & qui ont cours dans leur empire. En particulier ils appellent kabesqui & demi-kabeski, deux petites monnoies de ce métal, dont l’une vaut environ dix-deniers de France, & l’autre la moitié. Ces especes ont d’un côté la devise ou l’hiéroglyphe de la Perse moderne, qui est un lion avec un soleil levant, & de l’autre l’année & le lieu de leur fabrication. (D. J.)

PULAON, (Géog. mod.) île de la mer des Indes, vers l’ouest des Philippines. Elle est fertile en riz, en figues, cocos, cannes de sucre, gingembre, &c. Elle a son roi particulier, qui est tributaire de celui de Bornéo. Latit. nord 9d. 30′. (D. J.)

PULCHER-PORTUS, (Géogr. anc.) beau port. Il est dit dans les actes des apôtres, c. xxvij. que le vaisseau qui portoit saint Paul à Rome avec d’autres prisonniers, ayant pris au-dessous de l’île de Crete, & rangeant l’île, se vit en certain lieu nommé Beauport, autrement Bons-ports ; & que près de ce lieu étoit la ville de Thalassa, selon la vulgate. Le grec ordinaire, le syriaque, & les deux éditions arabes, au-lieu de Thalassa, portent Lasaia : on lit dans l’ancien manuscrit grec d’Alexandrie, Alassa ; mais tous ces lieux sont également inconnus aux Géographes. Saint Epiphane parle d’une montagne de l’île de Crète nommée Lasio ; & Pline, liv. IV. chap. xij.