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1551. in-fol. & en françois, à Lyon, 1614, in-8°. Voyez aussi Pitton (Jean Scholastique) sentimens sur les historiens de Provence, Aix 1682, in fol. Cet ouvrage vaut beaucoup mieux que le traité latin du même auteur, intitulé de conscribendâ historiâ rerum naturalium Provinciæ, qui parut à Aix, en 1672.

La Provence a produit des hommes célebres, soit dans les siecles d’or de l’église, où florissoit Honorat, Maxime, Léonce, Hilaire, Gennade, &c. soit dans les siecles suivans ; mais je n’ai garde d’oublier Peiresc, Gassendi, & Antoine Pagi ; leurs noms, surtout les deux premiers, sont trop bien gravés dans ma mémoire.

Peu d’hommes ont rendu plus de services à la république des lettres que M. de Peiresc, né dans un village de Provence, le premier Décembre 1580. Il employa ses revenus, non pas seulement à se rendre savant lui-même, à voyager dans toute l’Europe pour le devenir, à encourager les auteurs, à leur fournir des lumieres & des matériaux, mais encore à faire acheter ou à faire copier les monumens les plus rares & les utiles. Son commerce de lettres embrassoit toutes les parties du monde. Ce commerce étoit si grand, que M. de Mazauques, conseiller au parlement d’Aix, possédoit dix mille lettres, qui furent trouvées parmi les papiers de M. de Peiresc. Les expériences philosophiques, les raretés de la nature, les productions de l’art, l’antiquariat, l’histoire, les langues, étoient également l’objet de ses soins & de sa curiosité. Il s’appliqua particulierement au grec, aux mathématiques & aux médailles, dont il avoit une belle collection, dans laquelle, dit Charles Patin, il s’en trouvoit plus de mille grecques. Il apprit en Italie assez d’hébreu, de samaritain, de syriaque & d’arabe, pour être en état de déchifrer les autres médailles.

Il mourut le 24 Juin 1637 ; « & si vous me permettez (écrivoit Balzac à M. l’Huillier) de me servir en françois d’une parole empruntée de Grece, nous avons perdu en ce rare personnage une piece du naufrage de l’antiquité, & les reliques du siecle d’or. Toutes les vertus des tems héroïques s’étoient retirées en cette belle ame. La corruption universelle ne pouvoit rien sur sa bonne constitution, & le mal qui le touchoit ne le souilloit pas. Sa générosité n’a été ni bornée par la mer, ni enfermée au-deçà des Alpes : elle a semé ses faveurs & ses courtoisies de tous côtés : elle a reçu des remercimens des extrémités de la Syrie, & du sommet même du Liban. Dans une fortune assez médiocre il avoit les pensées d’un grand seigneur, & sans l’amitié d’Auguste, il ne laissoit pas d’être Mécenas ».

On a de M. de Peiresc plusieurs ouvrages, entr’autres historia Provinciæ Galliæ narbonnensis ; liber de ludicris naturæ operibus ; autores antiqui græci & latini de ponderibus & mensuris ; inscriptiones antiquoe & novæ ; observationes in varios authores ; observationes mathematicoe, &c.

C’est lui qui engagea Grotius à écrire son traité de la guerre & de la paix ; on apprend cette particularité par une des lettres de Grotius même à M. Peiresc, datée du 11 Janvier 1624 Interim, dit-il, non otior ; sed in illo de jure gentium opere pergo, quod si tale futurum est, ut lectores demereri possit, habebis, quod tibi debeat posteritas, qui me ad hunc laborem, & auxiliis & hortatu tuo, excitasti.

Vous trouverez beaucoup d’autres détails dans la vie de notre savant provençal, donnée élégamment & savamment en latin par Gassendi. Cet homme si célébre par toute l’Europe, & dont la mort fut pleurée par tant de poëtes, & en tant de langues ; cet homme enfin qui mit en deuil pompeusement les Humoristes de Rome, étoit inconnu à plusieurs françois de mérite, & presque ses contemporains ; l’auteur

des maximes, le duc de la Rochefoucault, n’avoit jamais oui parler de M. de Peiresc.

Gassendi (Pierre) nâquit en 1592, dans un bourg de Provence, du diocèse de Digne, & fut le restaurateur d’une partie de la physique d’Epicure, dont il a donné au public trois volumes. Il sentit, dit M. de Voltaire, la nécessité des atomes & du vuide de Newton, & d’autres ont démontré depuis ce que Gassendi avoit affirmé. Il eut moins de réputation que Descartes, parce qu’il étoit plus raisonnable, & qu’il n’étoit pas inventeur ; mais on l’accusa, comme Descartes, d’athéisme. Il est vrai qu’il étoit sceptique, & que la philosophie lui avoit appris à douter, mais non pas de l’existence d’un être suprème. Il joignoit d’ailleurs aux vertus de l’honnête homme, une belle & grande érudition. Il a publié des ouvrages astronomiques, les vies d’Epicure, de Copernic, de Ticho-Brahé, de Peurbac, de Regiomontan, de Peiresc, des épitres & divers autres traités. Il mourut à Paris le 24 Octobre 1656, âgé de 65 ans. M. Henri-Louis Habert de Montmort, maître des requêtes, le fit enterrer dans sa chapelle à S. Nicolas-des-Champs, & lui fit ériger un monument de marbre blanc, où l’on voit son buste avec une épitaphe au-dessous, & le tout d’une modestie digne d’un philosophe. Le même M. de Montmort & François Henrys, noble lyonnois, avocat au parlement de Paris, prirent soin de recueillir tous les ouvrages de leur ami, dont l’édition complette parut à Lyon en 6 vol. in-folio, en 1659.

Pagi (Antoine), cordelier & savant critique, nâquit à Rogne en Provence, en 1624, & mourut à Aix en 1699. Son principal ouvrage est une critique des annales de Baronius, où en suivant ce savant cardinal année par année, il rectifie une infinité d’endroits, dans lesquels Baronius s’étoit trompé, soit dans la chronologie, soit dans la narration des faits. Cet excellent ouvrage écrit en latin, a été imprimé à Geneve en 1705, in-fol. 4. vol. & le P. Pagi, son neveu, en a donné une nouvelle édition, en 1727, dans la même ville, quoique sous le titre d’Anvers. (Le Ch. de Jaucourt).

PROVENDE, s. f. (Maréc.) on appelle ainsi dans les haras une nourriture pour les poulains, composées de son & d’avoine.

PROVENIR, v. n. venir de, naître, tenir son origine. Nos infirmités proviennent presque toutes de l’intempérance ; d’où provient cette misere, ce trouble, ce vertige ? De l’ignorance & de l’orgueil. Ils sont tout étonnés de leurs grandeurs ; ils se croient tout permis, & de-là proviennent une infinité d’écarts dont les suites retombent sur nous.

PROVERBE, s. m. (Littérat.) Cambden le définit un discours concis, spirituel & sage fondé sur une longue expérience, & qui contient ordinairement quelque avis important & utile. Voyez Adage.

On pourroit en ce sens appeller proverbes tant d’apophtegmes & de maximes des sept sages de la Grece & des philosophes de l’antiquité. Et c’est sur le même fondement qu’on a donné le nom de proverbes à cet excellent recueil de maximes, qui fait partie des livres de l’ancien testament, sous le titre de proverbes de Salomon.

Par proverbes on entend communément une maxime concise, & qui renferme beaucoup de sens, mais énoncée dans un style familier, & qu’on n’employe guere que dans la conversation, tels que ceux-ci : qui trop embrasse mal étreint : chat échaudé craint l’eau tiede : un tiens vaut mieux que deux tu l’auras : il faut garder une poire pour la soif : à pere avare enfant prodigue : à bon chat bon rat, &c.

On nous a donné un recueil alphabétique des proverbes de cette derniere espece ; mais ce qui le rend presque inutile, c’est qu’on a négligé de rechercher