Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/507

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

formé de la préposition πρὸ, & de θύρα, porte. Voyez Portique, Porche & Vestibule.

PROTOCLESIA, (Critiq. sacr.) C’est ainsi que l’auteur du II. liv. des Machabées, jv. 21, nomme la solemnité du couronnement qu’on fit à Alexandrie, lorsque Ptolomée Philométor entrant dans sa quinzieme année, fut déclaré majeur l’an 173 avant J. C. Les grecs d’Alexandrie appelloient cette cérémonie ἀνακλητήρια, salutation, parce qu’on donnoit alors aux rois d’Egypte pour la premiere fois le nom de roi en le saluant. Nos bibles imprimées ont écrit πρωτοκλισία au lieu de πρωτοκλησία ; c’est une faute. (D. J.)

PROTOCOLE, s. m. (Jurispr.) chez les Romains étoit une écriture qui étoit à la tête de la premiere page du papier, dont les tabellions de Constantinople étoient obligés de se servir pour écrire leurs actes. Ce protocole devoit contenir le nom du Comte des sacrées largesses, comes sacrarum largitionum, qui étoit comme nos intendans des finances. On marquoit aussi dans ce protocole le tems où le papier avoit été fabriqué, & quelques autres choses semblables. Il étoit défendu aux tabellions par la novelle 44, de couper ces protocoles, & enjoint à eux de les laisser en leur entier.

En France, on entend par protocole les registres dans lesquels les notaires transcrivoient leurs notes ou minutes.

Dans une ordonnance de Philippe-le-Bel, du mois de Juillet 1304, il paroît qu’alors les notaires, lorsqu’ils recevoient les conventions des parties, en faisoient leurs notes, qu’ils transcrivoient ensuite dans leur cartulaire ou protocole. L’article premier leur enjoint, lorsqu’ils ont reçu l’acte dans le lieu de leur résidence, de le transcrire sur-le-champ dans leur protocole ; que s’ils ont reçu l’acte ailleurs, ils le rédigent à l’instant par écrit, & ensuite le transcrivent dans leur protocole le plutôt qu’ils pourront. La grosse ou autres expéditions étoient tirées sur ce protocole. L’article 4 leur enjoint de faire ces cartulaires ou protocoles en bon papier, avec des marges suffisantes ; de ne laisser qu’un modique espace entre les lignes d’écriture, afin qu’on ne puisse rien écrire en re deux, & de n’en laisser aucun entre la fin d’un acte & le commencement d’un autre. Les protocoles du notaire qui changeoit de domicile, devoient rester au lieu de sa premiere résidence ; & quand un notaire décédoit, ses protocoles restoient à son successeur, mais celui-ci devoit donner la moitié de l’émolument aux enfans de son prédécesseur.

L’ordonnance de 1539, article 173, 174 & 175, enjoint aux notaires de faire registre de tous contrats & autres actes.

Celle d’Orléans, article 83, ordonne aussi qu’ils seront tenus de signer leurs registres, & qu’après leur décès il en sera fait inventaire par les juges des lieux, & que ces registres seront mis au greffe, pour être les contrats & actes grossoyés signés & délivrés par le greffier aux parties qui le requéreront.

Mais cette disposition n’est pas observée à Paris, ni dans plusieurs autres endroits. Les notaires n’y font plus de protocoles ou registres de leurs minutes ; & le notaire qui achete la pratique d’un autre, garde les minutes, & délivre sur icelles les expéditions que les parties en demandent.

On entend quelquefois par protocole des notaires, un droit que le roi prend en certains endroits, comme en Bourbonnois, Forez & Beaujolois, sur les registres des notaires décédés, lesquels sont vendus au plus offrant & dernier enchérisseur. Le roi a les trois quarts du prix de cette vente, & l’autre quart appartient aux veuve & héritiers. Pour la vérification de ce droit, il faut rapporter l’adjudication qui a été faite des registres par les officiers des lieux, en présence du procureur du roi.

Enfin, on appelle aussi protocole, mais improprement, les styles & modeles d’actes de pratique. Voyez Minute & Notaire. (A)

PROTOCTISTE, s. m. (Hist. ecclés.) hérétiques origénistes. Après la mort du moine Nonnus, vers le milieu du jv. siecle, les Origénistes se diviserent en deux branches, les Protoctistes & les Isochristes. Les Protoctistes s’appellerent aussi Tétradites ; le chef des Protoctistes fut Isidore.

PROTO-MARTYR, s. m. (Hist. ecclés.) premier martyr ou témoin qui le premier a souffert la mort pour la défense de la vérité. On donne ordinairement ce nom à saint Etienne, qui mourut le premier pour l’Evangile. Quelques-uns le donnent, mais assez improprement, à Abel, qu’ils regardent comme le premier martyr de l’ancien Testament. Il est vrai qu’il mourut innocent, mais l’Ecriture ne dit pas que ce fût pour défendre les vérités de la religion.

Ce mot est composé du grec πρῶτος, premier, & μάρτυρ, témoin.

PROTONOTAIRE, s. m. (Jurisprud.) signifie proprement le premier des notaires ou secrétaires d’un prince ou du pape. C’est ainsi qu’on appelloit autrefois le premier des notaires des empereurs. Au parlement de Paris, le greffier en chef a conservé le titre de protonotaire, parce qu’il étoit anciennement le premier des notaires ou secrétaires du roi.

Les protonotaires apostoliques sont des officiers de cour de Rome qui ont un degré de prééminence sur les autres notaires ou secrétaires de la chancellerie romaine ; ils furent établis par le pape Clément I. pour écrire la vie des martyrs. Il y a un college de douze protonotaires qu’on appelle participans, parce qu’ils participent aux droits des expéditions de la chancellerie ; ils sont mis au rang des prélats, & précedent même tous les prélats non consacrés. Mais Clément II. régla qu’il n’auroient rang qu’après les évêques & les abbés : cependant les notaires participans ont rang devant les abbés ; ils assistent aux grandes cérémonies, & ont rang & séance en la chapelle du pape ; ils portent le violet, le rochet & le chapeau, avec le cordon & bord violet ; ils portent sur leur écu le chapeau, d’où pendent deux rangs de houpes de sinople une & deux. Leur fonction est d’expédier dans les grandes causes les actes que les simples notaires apostoliques expédient dans les petites, comme les procès-verbaux de prise de possession du pape ; ils assistent à quelques consistoires, & à la canonisation des saints, & rédigent par écrit ce qui se fait & se dit dans ces assemblées ; ils peuvent créer des docteurs & des notaires apostoliques, pour exercer hors de la ville. Ceux qui ne sont pas du corps des participans portent le même habit, mais ne jouissent pas des mêmes privileges.

En France, la qualité de protonotaire apostolique n’est qu’un titre sans fonction, que l’on obtient assez aisément par un rescrit du pape.

Il y a aussi un protonotaire de Constantinople qui est le premier des notaires ou secrétaires du patriarche. Voyez le glossaire de Ducange, au mot notarius. (A)

Protonotaire de Dauphiné ou delphinal, étoit le premier des notaires ou secrétaires du dauphin ; cette charge fut créée par Humbert II. revenant de Naples, sur l’idée de celle qui s’y exerçoit sous le même titre. Amblart de Beaumont est le seul que l’on trouve avoir exercé cette charge ; sa fonction étoit d’écrire les lettres du dauphin & de faire ses réponses ; ainsi il ne se passoit rien de considérable dont il ne fût instruit ; sa fonction ressembloit assez à celle des secrétaires d’état ; aussi exigeoit-on à sa réception un serment particulier de garder inviolablement le secret. Humbert pour donner plus de lustre à cette charge, recommande à celui qui en