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nous, soit dans le passé, soit dans l’avenir, soit dans la distance. L’occasion est prochaine. La ville prochaine ; le tems prochain.

Prochain, s. m. (Gramm. Critiq. sacrée.) ce mot signifie dans l’Ecriture, 1°. un proche parent ; celui qui cédoit son droit ôtoit son soulier, & le donnoit à son parent, proximo suo, Ruth. c. iv. 7. Prochain désigne aussi des gens du même pays, de la même tribu, Ps. 121. 8. 3°. Un voisin ; il racontoit quelquefois son songe à son voisin, Juges vij. 13. proximo suo. 4°. un ami particulier ; David envoya du butin aux anciens de Juda qui étoient ses amis, proximis suis, I. Rois, xxx. 26. Enfin tous les hommes en général, car ce précepte, tu aimeras ton prochain, veut dire tu seras rempli de bienveillance & de l’humanité pour tous les hommes.

PROCHARISTÉRIES, s. f. pl. (Antiq. greq.) προχαριστήρια ; sacrifice solemnel que les magistrats d’Athènes offroient annuellement à Minerve au premier commencement du printems.

PROCHYTE, (Géogr. anc.) Prochyta, île de la mer de Tyrrhène, dans le golfe de Naples, près de l’île Ænaria, dont Pline, l. II. c. lxxxviij. dit qu’elle avoit été séparée sans doute par un tremblement de terre. Quelques-uns écrivent Porchyta au lieu de Prochyta. Ovide, Silius Italicus, Pomponius Mela, Strabon, Ptolomée, & la plûpart des autres anciens, font mention de cette île, qui conserve encore son ancien nom ; & on l’appelle aujourd’hui Procita.

PROCITA, ou PROCIDA, (Géogr. mod.) île sur la côte d’Italie dans le golfe de Naples, à demi-lieue de celle d’Ischia ; on lui donne 8 à 9 milles de circuit. Son terroir est fertile & peuplé. Elle a au sud-est une petite ville de même nom, entourée de fortifications antiques, & bâtie sur une hauteur escarpée du côté de la mer. Long. 31. 34. lat. 40. 51. (D. J.)

PROCLAMATION, s. f. PROCLAME, PROCLAMER, (Jurisprud.) est l’action de faire crier quelque chose à haute voix pour la rendre notoire & publique ; on proclame certaines lois & réglemens de police au son du tambour ou à son de trompe, afin que le peuple en soit mieux instruit.

On se sert aussi du terme de proclamation pour exprimer la nomination publique qui a été faite de quelqu’un à une haute dignité ; comme quand on dit qu’un tel prince fut proclamé roi ou empereur. (A)

PROCLAME, s. f. (Gramm.) confession que quelques religieux font de leurs fautes dans le chapitre après prime. Les Bernardins & les Feuillans disent proclamation.

PROCLINIATES, s. m. (Hist. ecclésiast.) hérétiques dans le quatrieme siecle, qui nioient l’incarnation de Jesus-Christ ; la résurrection des corps, & le jugement universel. S. Epiphane.

PROCONDYLE, s. m. (Anatomie.) dénomination que l’on donne à l’extrémité de la derniere phalange de chaque doigt. Voyez Condyle & Doigt.

PROCONNESE, Proconnesus, (Géogr. anc.) île de la Propontide, vis-à-vis de Cyzique. Pline, l. V. c. xxxij. dit qu’on l’appelloit aussi Elaphonnesus & Nevris. C’est de cette île qu’on tiroit le marbre appellé le marbre de Cizique.

C’est dans cette île que nâquit Aristée, en latin Aristeus, personnage qui joue un grand rôle dans les légendes du Paganisme. On peut voir dans Hérodote, l. IV. c. xiij. & xiv. le détail des prodiges qu’on lui attribuoit. Après avoir disparu subitement de Proconnese sa patrie, il y reparut, disoit-on, sept ans après ; assura ses concytoyens que pendant son absence, il avoit accompagné Apollon chez les Hyperboréens, & leur récita son poëme sur ces peuples ; après quoi il disparut encore. Les habitans de Métaponte en Italie ajoutoient que 370 ans après cette apparition, dans la place de Proconnese, Aristée se remontra dans

leur ville, & leur ordonna d’élever un autel en l’honneur d’Apollon, parce qu’ils étoient les seuls grecs d’Italie que ce Dieu eût daigné visiter, quoique sans se rendre visible.

Plutarque s’est mocqué de tous ces contes, & Strabon nous donne Aristée pour un des plus grands enchanteurs qui furent jamais ; c’est pour cela qu’on lui a attribué un ouvrage rempli de fables sur l’origine des dieux, & un poëme contenant l’histoire des Arimaspes, peuples fabuleux, dont on debitoit d’étranges absurdités. On ne sait point quand a vécu cet homme singulier ; Suidas le met au tems de Cyrus & de Cresus, mais il devoit être encore plus ancien, suivant Hérodote.

PROCONNÉSIEN, marbre (Hist. nat.) nom donné par les anciens à un marbre d’un beau blanc veiné de noir.

PROCONSUL, (Hist. rom.) c’étoit un magistrat que la république romaine envoyoit dans une province, qui y gouvernoit, & y commandoit avec toute l’autorité des consuls à Rome.

Les consuls après leur élection se partageoient d’abord le gouvernement des provinces selon que le sort en disposoit ; mais l’empire romain devint si étendu, & les guerres qu’il fallut entreprendre furent si fréquentes & si considérables, qu’on fut obligé de changer la forme du gouvernement, & de donner à des particuliers l’autorité nécessaire pour conduire les armées, commander dans les provinces, & tenir la place des consuls qu’ils représentoient.

Comme la maxime de la république étoit à mesure qu’elle faisoit des conquêtes d’en former des gouvernemens, ce qu’elle appelloit réduire en province ; elle commençoit d’abord par ôter à ces pays conquis leurs lois & leurs magistrats particuliers, les assujettissoit à recevoir les lois romaines, & y envoyoit pour gouverner, selon que la province étoit plus ou moins considérable, un proconsul ou un préteur, ou un propréteur, qui leur rendoit la justice, & commandoit les troupes ; elle y joignoit un questeur, pour avoir soin de faire payer les tributs qu’on leur avoit imposés. La Sicile fut le premier pays hors de l’Italie qui fut réduit en province.

Appien, de bell. civ. l. I. raconte qu’avant la guerre des alliés, les provinces étoient désignées à des proconsuls. Ces gouverneurs n’étoient nommés que pour un an, après lequel le sénat en envoyoit d’autres. Si un gouvernement se trouvoit sur la frontiere où il y eût quelque guerre, dont on eût confié la conduite au gouverneur, il arrivoit quelquefois qu’on prolongeoit le tems de son administration, afin qu’il pût terminer cette guerre. Mais cela ne se faisoit que par un édit du peuple romain assemblé en comices.

Les proconsuls, les préteurs & les propréteurs, avoient des lieutenans sous eux dans leurs gouvernemens, quelquefois jusqu’à trois, selon son étendue ; car en décernant ces provinces, le sénat marquoit l’étendue de chacune, régloit le nombre des troupes, assignoit des fonds pour leur paye & leur subsistance, nommoit les lieutenans que le gouverneur devoit avoir, & pourvoyoit à la dépense sur la route, ainsi qu’à leur équipage, qui consistoit en un certain nombre d’habits, de meubles, de chevaux, mulets & tentes, qu’on leur faisoit délivrer lorsqu’ils partoient pour leur gouvernement, ce qu’on appelloit viaticum, afin qu’ils ne fussent point à charge aux provinces.

Il paroît par un passage de Suétone, que du tems de la république, les mulets & les tentes qu’on leur fournissoit, étoient seulement loués aux dépens du public, & qu’ils devoient les rendre après le tems de leur gestion. Cette précaution de la république n’empêchoit pas lorsque ces magistrats étoient intéressés, qu’ils n’exigeassent encore de grosses sommes des provinces, comme il paroît par le reproche que