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lades qui en sont attaqués meurent en peu de jours bouffis, & qu’une sueur froide abondante précédant, annonce leur mort ; quelquefois les convulsions de tout le corps surviennent, accélerent la mort, & la rendent plus terrible ; la moindre attention aux causes de cette maladie nous fera voir encore le raisonnement ici d’accord avec l’observation. Il est rapporté que plusieurs moines atteints de cette maladie moururent presque entre les bras d’une religieuse dans laquelle ils avoient cru sans doute, trouver un remede agréable & spécifique à leurs maux. Dieter iatr. pag. 1116.

Les différens auteurs qui ont écrit sur cette matiere sont peu d’accord sur la méthode qu’il faut suivre dans le traitement du priapisme ; les uns vantent beaucoup l’efficacité des rafraichissans, des émulsions, des semences de chanvre, d’agnus castus, des boissons nitrées, &c. les autres conseillent les émétiques, les échauffans stomachiques, carminatifs, cordiaux, le camphre, l’eau de canelle, l’huile de rhue, l’eau de chasteté de Riviere ou de Quercetan. Platerus recommande & dit avoir éprouvé avec succès les pilules aromatiques chargées de mastic. Zacutus Lusitanus, l’eau distillée de clous de gérofle verds ; Joel, des décoctions de rhue & de cumin ; Poterius, l’or diaphorétique, &c. D’un autre côté, Lindanus, Etmuller, Baillou, sont pour les émulsions, le nitre, le nymphea, &c. De chaque côté il y a des observations authentiques ; il est bien difficile de concevoir comment deux méthodes si opposées produisent les mêmes effets ; d’où vient donc cette diversité dans la façon de penser & d’agir, & cette ressemblance dans les succès ? La source est dans l’erreur de la plûpart de ces médecins, qui ont confondu le priapisme & le satyriasis, & qui n’ont pas même bien distingué les causes de ces maladies : les rafraichissans conviennent très-bien au satyriasis ; telle étoit la maladie que Baldassar Timuaeus guérit avec du nitre (casuum medic. lib. III.). Les remedes un peu actifs, toniques, nervins, roborans, paroissent plus appropriés dans le priapisme ; ils combattent & détruisent plus efficacement ses causes ; les bains froids, les extraits amers, les martiaux, quelque peu de camphre, & sur-tout le quinquina, sont les plus assurés, les émétiques ne doivent pas être négligés lorsque ce sont les causes ordinaires des convulsions, de l’épilepsie qui ont produit le priapisme ; mais tous ces remedes seroient pernicieux s’il étoit la suite & l’effet de l’usage des cantharides, ou autres remedes de cette nature. Le remede qu’une observation constante a consacré comme le plus propre à réparer leur mauvais effet, est le lait des animaux qu’on peut couper avec les deux tiers d’eau pour en former un hydrogala, ou celui qu’on fait avec les semences émulsives, en étendant leur huile dans une suffisante quantité d’eau commune, ou si on veut, la rendre plus rafraichissante, on substitue à l’eau la décoction de nymphea. dans le priapisme qui succede à la manustupration, ou à quelqu’autre cause semblable, on doit sur-tout attendre la guérison d’un régime convenable, d’une diete restaurante, analeptique ; il ne faut pas négliger les secours moraux qui peuvent faire effet sur quelques esprits ; on doit aussi beaucoup compter sur la dissipation & les plaisirs qui éloigneront ces malades de leurs idées lascives, & plus encore de leur détestable pratique ; tels sont les spectacles châtiés, les concerts, les promenades, &c. On peut seconder leurs actions par l’usage des médicamens proposés plus haut, des toniques, nervins, antispasmodiques, &c. Voyez Manustupration.

PRIAPUS, (Géog. anc.) ville de l’Asie mineure, dans la Mysie, selon Strabon, l. XIII. p. 587. qui la place entre l’embouchure du Granique, & la ville Parium. Pline, liv. IV. c. xij. & liv. V. c. xxxij.

lui donne la même position. C’étoit une ville maritime qui tiroit son nom du dieu Priape qu’on y adoroit ; 2°. Priapus, île d’Asie aux environs de l’Ionie, selon Pline, liv. V. c. xxxj. (D. J.)

PRIEZ-DIEU, s. m. terme d’Eglise ; c’est une espece de banc d’église ou d’accoudoir un peu relevé, au haut de cet accoudoir regne un petit ais en forme de pupitre, sur lequel on peut s’appuyer, mettre son chapelet & ses heures, & devant lequel on est de bout ou à genoux. On prépare des priez-Dieu couverts de velours, avec des galons ou des crépines d’or aux grandes cérémonies, pour les personnes du premier ordre. Ce luxe peu sensé qui s’est établi dans les églises catholiques, consacrées à l’humiliation devant l’être suprème, a peut-être même en bonne politique, plus d’inconvéniens que d’avantage. Quoi qu’il en soit, le mot de priez-Dieu se prend encore pour une sorte de petite chapelle dans une chambre d’un palais ou d’une maison devant laquelle on prie Dieu.

PRIENE, (Géog. anc.) Πριήνη, ville d’Ionie, dans l’Asie mineure, & bâtie en même tems que Myunte, comme on le peut voir dans Pausanias Achare, ch. ij. elle avoit été conquise par les Lydiens sous Ardus. Tous les Géographes, excepté Ptolomée, placent cette ville au pié du mont Mycale, sur le bord de la mer, ou du-moins près de la côte. Le Périple de Scylax donne deux ports aux habitans de Priène. La justice étoit si exactement observée dans cette ville, deux siecles avant J. C. qu’elle passoit en proverbe, dit Strabon, liv. XIV. p. 636. Holophernes ayant mis en dépôt à Priène quatre cens talens d’argent, toutes les sollicitations d’Attalus, roi de Pergame, & d’Ariarathus, ne purent porter les Priéniens à frustrer Holophernes (dont la puissance n’étoit pas pour eux redoutable) de la somme qu’il leur avoit confiée.

Priène se souvint toujours d’avoir produit Bias un des sept à qui les Grecs donnerent le nom de sages, voyez sa vie dans Plutarque. Il florissoit sous le regne d’Alyattes, roi de Lydie, vers la quarante-deuxieme olympiade, 610 ans avant J. C., & l’an 144 de Rome ; c’est lui qui dans une tempête entendant des impies invoquer les dieux, leur dit : « Taisez-vous, de peur qu’ils ne s’apperçoivent que vous êtes sur ce vaisseau ».

Priène n’étoit pas moins glorieuse d’avoir donné la naissance à Archelaüs, l’un des plus excellens sculpteurs de l’antiquité. Plusieurs savans prétendent qu’il fleurissoit du tems de l’empereur Claude, & que ce fut ce prince amateur des ouvrages d’Homere, qui lui fit faire en marbre l’apothéose de ce divin poëte. Quoi qu’il en soit, ce marbre qui est d’une beauté singuliere, & qui prouve la sagesse, l’étendue de génie, le grand savoir, & l’habileté de cet illustre sculpteur, fut trouvé en 1658 dans un lieu nommé Frattochia, appartenant aux princes Colonnes, & où l’empereur Claude avoit autrefois une maison de plaisance ; il n’y a point de curieux qui ne sachent qu’il fait aujourd’hui l’un des plus beaux ornemens du palais de ces princes à Rome. Dès le moment qu’on l’eut découvert, il fut dessiné & gravé à Rome, par Jean-Raptiste Galostruccius, peintre de Florence, & depuis il a paru dans plusieurs ouvrages d’antiquité, entr’autres dans ceux du P. Kircher, de Cuper, de Spanheim, & dans l’ouvrage des pierres antiques, gravées de Stosch.

Il n’est presque point de célébre antiquaire qui n’ait travaillé à son explication ; non-seulement elle a été donnée par les savans qu’on vient de nommer, mais encore par Nicolas Heinsius, critique de grande réputation, par Jacques Gronovius, dans le second tome de son Thesaurus antiquitatum græcarum exp. 21. par Jean-Rodolphe Wetstein dans sa disser-