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plus en contrebas[1] que la moitié de l’épaisseur. La troisieme, appellée plancher à poutre perdue, fig. 47. & 48. est lorsque le plancher H & I étant double, la poutre A se trouve perdue dans son épaisseur, & procure par-là le moyen de faire un plafond[2] uni.

La seconde sorte de plancher, fig. 49. & celle que l’on emploie de nos jours, sur-tout lorsqu’il s’agit de pieces peu spacieuses, se fait en employant seulement des solives de bois de brin, d’environ 10 à 12 pouces de grosseur, & quelquefois plus selon le diametre des pieces qui déterminent leurs longueurs, & qui, comme nous l’avons vu précédemment, sont beaucoup plus fortes que celles de bois de sciage, & supprimant pour cet effet les poutres qui traversant pour l’ordinaire le milieu de ces pieces, empêchent l’unité des plafonds, & qui diminuent la dépense & le poids d’un double plancher, si on ne veut point qu’elles soient apparentes.

Il faut observer autant qu’il est possible, pour conserver la portée de ces poutres, solives & autres bois qui composent les planchers, non seulement de les poser sur des plates-formes, madriers ou autres pieces de bois K, fig. 42 & 47. mais encore de leur procurer de l’air par des ouvertures pratiquées à leurs extrémités, l’expérience ayant fait voir de tout tems, que le bois enfermé dans la maçonnerie se brûle & se pourrit en fort peu de tems.

Des escaliers. Un escalier, du latin scala, échelle, est l’assemblage d’une certaine quantité de marches dans une ou plusieurs pieces de bois perpendiculaires ou rampantes qui les portent, appellées noyaux, limous ou échiffres, c’est dans la Charpenterie un des ouvrages les plus difficiles à l’égard des courbes[3], sur-tout lorsqu’il s’agit d’économiser le bois. Il en est de deux especes ; les uns appellés grands escaliers, & placés dans des pieces appellées cages d’escalier[4], servent à communiquer de bas en haut des vestibules[5], péristiles[6], ou porches[7], dans les appartemens des étages supérieurs ; les autres appellés petits escaliers, ou escaliers de dégagement, privés, secrets ou dérobés, placés dans des petites pieces, servent à dégager aussi de bas en haut, dans des cabinets, gardes-robes, entresolles, chambres de domestiques, &c. Les uns & les autres sont placés dans des cages de forme circulaire, fig. 50. & 51. 58. & 59. ovales, fig. 52. & 53. quarrées, fig. 54. & 55. 60. & 61. rectangulaires, fig. 56. & 57. 62. & 63. 64. & 65. 66. & 67. ou enfin irrégulieres, fig. 68. & 69. on les fait de quatre manieres différentes.

La premiere, appellée à noyau, est de deux sortes ; l’une appellée à noyau circulaire, fig. 50 & 51. 52. & 53. est composée d’une ou plusieurs pieces de bois A, appellées noyaux arrondis, d’environ 12 à 15 pouces de diametre, qui montent depuis le bas jusqu’en haut, & entées l’une sur l’autre à tenon & mortaise, dans lesquelles sont aussi assemblées à tenon & mortaise par un bout B, chacune des marches BC, delardées[8] par dessous pour être lattées & enduites de plâtre, dont l’autre bout C est scellé dans les murs G, & les intervalles D se remplissent comme

de coutume de maçonnerie. L’autre, fig. 54. & 55. 56. & 57. appellée à noyau quarré, ne differe des précédentes que parce que le noyau A au lieu d’être circulaire est quarré, & les cages d’escaliers au lieu d’être circulaires ou ovales sont quarrées ou rectangulaires.

La deuxieme maniere appellée suspendue, est celle dont le limon[9] suspendu en tournant sur lui-même forme au milieu un vuide qui laisse appercevoir une partie de la cage de l’escalier. Il en est de quatre especes différentes. La premiere, fig. 58. & 59. appellée en limace circulaire, est lorsque le limon rampant A, d’environ 10 à 12 pouces de hauteur, sur 6 & 8 pouces de largeur, formant un cercle par son plan, vient s’arrondir par en-bas D en forme de limaçon d’où il tire son nom, & les marches BC delardées par dessous, sont assemblées à tenon & mortaise par un bout B, & par l’autre C scellées dans le mur G, comme nous venons de le voir en parlant des escaliers à noyau. La seconde espece appellée en limace ovale, ne differe de la précédente que par le limon rampant A, qui au lieu d’être circulaire est ovale par son plan. La troisieme espece, fig. 60. & 61. appellé à limon quarré, est celle dont le limon rampant A est quarré par son plan. La quatrieme espece, fig. 62. & 63. 68. & 69. appellée à limon rectangulaire, est lorsque le limon A tournant comme les autres sur lui-même, forme un rectangle par son plan.

La troisieme maniere appellée en péristile, fig. 64. & 65. est lorsque le limon rampant A est soutenu par chaque bout par une piece de bois qui monte de fond[10].

La quatrieme maniere, fig. 66. & 67. appellée à échifre, est lorsque les limons A qui portent les marches sont posés à-plomb les uns des autres.

Chacun de ces limons est composé de plusieurs pieces de bois A, dans lesquelles est assemblé à tenon & mortaise le collet B des marches BC, dont l’autre côté C est scellé dans les murs G : on les assemble aussi à tenon & mortaise de différente maniere. La premiere, fig. 60. & 61. 62. & 63. dans des petits montans D, par une entaille D, fig. 60. & 61. faite en eux-mêmes sur une partie de la charpente des paliers quarrés H, fig. 61. & 63. ou continues H, fig. 65. 67. & 69. ou sur des quartiers tournans I, fig. 63. ou bien encore sur de longues pieces de bois D, fig. 64. qui montent de fond, c’est-à-dire depuis le dessus du patin K appuyé sur de la maçonnerie L jusqu’en haut du bâtiment. Ces limons A sont ordinairement surmontés d’une rampe ou gardefou en fer M, fig. 62. & 64. ou d’un autre limon N, appellé limon d’appui, assemblé à tenon & mortaise par chaque bout dans les montans D, fig. 62. ou par un bout dans les montans D, fig. 64. & par l’autre dans le limon supérieur A dont l’intervalle est divise de balustres[11] rampans O, fig. 62. 64. & 66. ou horisontaux P, fig. 66. méplats, circulaires ou quarrés par leur plan.

Il arrive fort souvent, & cela est beaucoup mieux, que l’on fait la premiere marche E de tous ces escaliers en pierre, dont l’extrémité F arrondie ou quarrée, supporte le pié du noyau ou limon A, & cela pour préserver l’un & l’autre des humidités de la terre ; c’est aussi pour cette raison, que l’on surmonte les patins K d’une mâçonnerie L, de quinze à dix-huit pouces de hauteur.

Des combles. Nous avons vu au commencement

  1. Contrebas & contrehaut, deux termes qui signifient de haut en bas, & de bas en haut.
  2. Surface inférieure d’un plancher.
  3. Des courbes sont des pieces de bois rampantes de toutes sortes de formes.
  4. On appelle cage d’escalier la piece où il est construit.
  5. Un vestibule est une piece intérieure qui n’est point fermée, & qui précede toutes celles d’un appartement.
  6. Un péristile est un lieu extérieur décoré de colonnes, qui précede toutes les autres pieces d’un appartement.
  7. Un porche est une espece de vestibule extérieur pour le passage des voitures.
  8. Le délardement d’une marche est sa vis arrêtée que l’on supprime par dessous.
  9. Le limon est la piece de bois qui soutient toutes les marches d’un escalier.
  10. Une piece de bois, cloison ou autre monte de fond, lorsque commençant au rez-de-chaussée, elle va jusqu’au sommet du bâtiment.
  11. Balustres sont des especes de vases.