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aux arrangemens que peuvent avoir les différentes pieces d’une machine, soit une vis b*, dont la hauteur du pas est n, servant d’axe à une roue c, à laquelle on transmet le mouvement de l’agent par le moyen de deux roues d, e, & de trois pignons f, g, h, dont le dernier a même axe que la manivelle m, qu’on peut regarder comme une nouvelle roue, suivant la tangente de laquelle tire la puissance qui doit mouvoir la vis.

Toute la machine étant supposée en équilibre, la puissance, que nous appellerons o, sera en équilibre avec l’effort qui se fait au point p, de la dent de la roue c, lorsqu’elle est rencontrée par l’aîle du pignon. Ainsi appellant p cet effort, & f, g, h, d, e, m, les rayons des pignons & des roues de même nom, on aura cette proportion qu’on ne sauroit démontrer ici.  ; l’effort p sera aussi en équilibre avec la résistance du marc, qui peut être regardé comme un poids placé sur les filets d’une vis verticale ; puisque son action est dirigée suivant l’axe de la vis qu’on suppose ici horisontale : appellant donc c, le rayon de la grande roue, circ. c. sa circonférence, & r la résistance dont il s’agit ; on aura ; multipliant ces deux proportions par ordre, on trouvera que ; cette analogie qu’on doit regarder comme démontrée, indique que la puissance appliquée à la manivelle, est à la résistance causée par le marc, comme le produit des rayons des pignons par le pas de la vis, est au produit de la circonférence de la roue de la vis par les rayons des autres roues ; c’est-à-dire que si la puissance est représentée par le premier produit, elle sera capable, pour peu qu’on l’augmente, d’emporter la résistance représentée par le dernier.

Il est facile à-présent de tirer de ce rapport général, celui qu’on auroit, en supposant que les valeurs des lettres qui y entrent sont données. Voici les valeurs.

c=50 rayon de la roue de la vis.
circ = circonférence de la même roue. la roue c a 64 dents
d= rayon de la roue de même nom. la roue d a 42
e= rayon de la roue de même nom. la roue e a 30
m=7 rayon de la manivelle.
n=3 hauteur du pas de la vis.
f= rayon du pignon de la roue d. le pignon f a 8 aîles.
g = rayon du pignon de la roue e. le pignon g a 7
h = rayon du pignon de la manivelle. le pignon h a 6

Faisant donc la substitution, on aura au lieu de ,  ; ou , ou  ; c’est-à-dire que si la puissance appliquée à la manivelle emploie une force de 25 livres, elle pourra faire équilibre avec une résistance équivalente à un poids de 88000 livres, qui agiroit suivant la même direction qu’elle.

Si l’on vouloit avoir la force qu’il seroit nécessaire d’appliquer tangentiellement à la circonférence de la roue c, pour faire équilibre avec la même résistance, on la trouveroit par cette proportion livres  : p ; de sorte que l’on auroit cette force que nous avons appellée p, égale à 840 livres, qui équivalent à la force de 33 hommes

& , qui n’emploiroient que celle des muscles, ou au poids de 5 hommes , supposé qu’ils agissent de toute leur pesanteur, que l’on fixe ordinairement à 150 liv. Ce rapport seroit exact & l’expérience repondroit au calcul, si l’on n’avoit point de frottemens à considerer ; mais ils se trouvent dans toutes les machines & en dérangent toutes les proportions ; en sorte que si l’on les calculoit, on trouveroit, comme cela arrive, que la même puissance de m ne seroit capable de faire équilibre qu’avec une résistance beaucoup moindre que 88000 liv.

La considération des frottemens, jointe à celle de la multiplication des roues & des pignons dans le pressoir, pourroit donner du soupçon sur sa bonté : le tems que l’homme est obligé d’employer pour faire faire un tour à la vis (car il est aisé de trouver, en divisant le produit des dents des roues par celui des aîles des pignons, que la manivelle doit faire 240 tours, pour que la vis en fasse un), pourroit même les augmenter ; mais il est facile de repondre à ces deux difficultés. Tous les pressoirs, soit qu’ils ayent un rouage, soit qu’ils n’en ayent point, ont une vis qui en est la principale piece : or, comme c’est elle qui produit le plus grand frottement, il est facile de voir que celui qui viendra des dents des roues lorsqu’elles frottent contre les aîles des pignons, joint à celui de leurs tourillons, ne sera pas à beaucoup près assez considérable pour absorber l’avantage que tirera la puissance des roues & des pignons que nous avons ajoutés aux pressoirs ordinaires. Là le tems d’une serre n’étant pas absolument déterminé, sur-tout quand on fait du vin rouge, il est évident que sa considération ne diminuera en rien la perfection du pressoir.

D’ailleurs la résistance que le marc oppose à la puissance, devenant d’autant plus considérable que la pression augmente dans le commencement de la serre, l’agent n’a point encore besoin d’être soulagé, ainsi on l’applique immédiatement à la roue AB, & l’on fait cesser l’engrenage en levant le pignon DE, par le moyen de deux leviers, sur une extrémité desquels on fait reposer les tourillons.

La remarque que nous venons de faire par rapport aux frottemens, nous conduit naturellement à en faire deux autres pour les diminuer, ou du moins pour en diminuer l’effet. Les frottemens étant d’autant plus considérables, que les parties élevées d’une surface entrent plus avant dans les endroits creux de l’autre, & qu’elles s’en retirent plus difficilement, ce sera toujours une bonne pratique de mettre entre les deux surfaces qui frottent, une graisse qui remplisse les endroits creux, qui puisse faire l’office d’une quantité de petits rouleaux que l’on sait avoir la propriété de diminuer considérablement les frottemens. Pour s’en donner un exemple sensible, il n’y a qu’à considérer ce que font les ouvriers pour se faciliter le transport d’une grosse piece de bois, ils ne manquent jamais de placer sous cette piece de bois des rouleaux. Il seroit aussi à-propos d’employer des tourillons d’un diametre le plus petit qu’il seroit possible ; car ces tourillons n’offrant alors aux frottemens de leurs surfaces que des bras de levier, petits autant qu’ils peuvent l’être, ils en diminueront considérablement l’effet.

De la façon de manœuvrer, en se servant des pressoirs à coffre simple & double. J’ai dejà dit qu’il ne falloit que deux hommes seuls pour les opérations du pressurage, soit que la vendange soit renfermée dans une cuve, soit dans des tonneaux. On doit l’en tirer aussitôt qu’on s’apperçoit qu’elle a suffisamment fermenté, pour la verser dans le coffre du pressoir. Pour cet effet, le pressureur sortira la vis du coffre, de façon que son extrémité effleure l’écrou du côté du coffre, il placera le mouton D, contre l’extrémité