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ler des dieux immortels, il falloit qu’elle pût en parler dignement. (D. J.)

PRESBOURG ou POSON, (Géog. mod.) en latin Posonium ; ville de la haute Hongrie, sur la rive septentrionale du Danube, aux confins de l’Autriche, dans un pays fertile sur-tout en bons vins & en bétail, à 12 lieues au levant de Vienne, & à 29 au nord-ouest de Bude.

Elle n’est pas grande, mais ses faubourgs sont étendus. La citadelle est située sur une élévation : on y monte par 115 marches, & on y a taillé dans le roc un puits très-profond. On y conserve dans une tour la couronne de Hongrie ; on a posé sept serrures à la porte de cette tour, dont les clés sont gardées par sept seigneurs de Hongrie ; car les rois de Hongrie sont depuis long-tems couronnés à Presbourg, & c’est pour cette raison que l’impératrice reine s’y fit couronner en 1741.

Presbourg est la capitale du comté de Poson, la résidence du gouverneur du royaume, & le siége de l’archevêque de Strigonie. Il y a beaucoup de protestans dans cette ville, qui la font fleurir, & qui y jouissent de la liberté de conscience.

Le pays nourrit des bœufs d’une grandeur extraordinaire. L’on voit aussi dans les environs de cette ville une espece de bélier dont la grosseur du corps & la beauté des cornes qui font plusieurs tours sur leurs têtes, l’emportent sur ceux de tous les autres pays de l’Europe. Long. 35. 15. lat. 48. 13.

Mollerus (Daniel-Guillaume) naquit à Presbourg en 1642. Il apprit les langues mortes & vivantes, voyagea dans toute l’Europe, & écrivit quelques ouvrages en latin, en allemand, en françois, & surtout un grand nombre de dissertations. Le P. Niceron a mis cet homme de lettres, je ne sais pourquoi, au rang des hommes illustres. Il mourut à Altorf en 1712, âgé de 70 ans. (D. J.)

PRESBYTE, s. m. en Optique, signifie ceux qui ne voient que les objets éloignés, & qui ne peuvent distinguer les objets proches, parce qu’ils ont le crystallin ou le globe de l’œil trop plat. Voyez Vision & Myope.

La raison de ce défaut de la vûe est que quand les objets sont trop proches, les rayons qu’ils envoient après s’être rompus dans l’œil, atteignent la rétine avant de se réunir, ce qui empêche la vûe d’être distincte. Voyez Crystallin & Rétine.

On remédie à ce défaut par des verres convexes, ces verres font que les rayons entrent dans l’œil moins divergens, d’où il arrive qu’ils se réunissent plutôt, & viennent se rassembler précisement sur la rétine. Voyez Convexe & Lentille.

Ce mot vient du mot grec πρέσϐυς, vieillard. La raison en est que les personnes âgées sont ordinairement presbytes, parce que le tems applatit peu-à-peu la surface du globe de l’œil ; de sorte que cette surface étant moins convexe, ne rompt pas assez les rayons pour les réunir précisément au fond de l’œil. Le crystallin s’applatit aussi à mesure qu’on avance en âge, & devient par-là moins propre à réunir les rayons.

Les presbytes sont le contraire des myopes, qui ont le crystallin trop convexe.

Si dans la jeunesse le crystallin est trop convexe, il arrive quelquefois qu’en s’applatissant dans la vieillesse, il devient de la convexité nécessaire pour réunir précisément au fond de l’œil les rayons de lumiere qu’il réunissoit trop tôt auparavant. C’est pour cette raison qu’on dit que les vûes courtes sont celles qui se conservent le mieux. Voyez Myope.

On peut aussi être presbyte, quand la distance entre la rétine & le crystallin est trop petite, quoique le crystallin soit d’ailleurs bien conformé ; car en ce cas les rayons arrivent encore à la rétine avant de se réunir.

On voit par là qu’il y a différentes causes pour lesquelles on est presbyte, & que ces causes en général peuvent se réduire ou au trop peu de convexité des parties & des humeurs de l’œil, ou au trop peu d’éloignement entre le crystallin & la rétine. Chambers. (O)

PRESBYTERE ou PRESBYTERIE, s. m. (Hist. ecclésiast.) En Angleterre c’est l’assemblée de l’ordre des prêtres avec les anciens laïcs, pour l’exercice de la discipline de l’église.

L’église d’Ecosse est divisée en 69 presbytéries ; chacune comprend un nombre de paroisses qui n’excede pas vingt-quatre, & qui n’est jamais au-dessous de douze. Par un ancien réglement les ministres de ces paroisses se réunissent tous les six mois une fois, & forment une presbytérie qui s’assemble dans la ville principale du canton où ces paroisses sont situées.

On y choisit un modérateur de l’assemblée. Ils jugent les appels des séances des églises, c’est-à-dire des assemblées des différentes paroisses, mais ils ne peuvent connoitre des affaires qu’après qu’elles ont été portées en premiere instance devant ces églises particulieres. Ils accordent les différends qui peuvent survenir entre les ministres & le peuple ; pour cet effet on fait des visites presbytériales en chaque paroisse, pour examiner les registres des assemblées.

Ceux qui composent ces presbytéries sont aussi chargés des réparations des églises, & du soin des terres ou autres fonds qui en dépendent ; de celui des écoles, & de voir si les fonds destinés à leur entretien sont bien ou mal employés. Ils peuvent excommunier, autoriser les aspirans, suspendre, déposer les ministres, & connoître de toutes les affaires ecclésiastiques, sans l’appel de leur jugement au synode provincia. Voyez Synode.

Presbytere, (Théolog.) c’est le nom qu’on donnoit anciennement au chœur des églises parce qu’il n’y avoit que les prêtres qui eussent droit d’y prendre place, la nef étant au contraire destinée pour les seuls laïques. Voyez Chœur & Nef.

Presbytere se dit encore parmi les Catholiques, de la maison qu’occupe le curé d’une paroisse, parce qu’il est le prêtre titulaire, ou le premier prêtre de cette paroisse.

PRESBYTÉRIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) c’est le nom qu’on donne aux Calvinistes en Angleterre. Leur doctrine, quant au dogme, est peu différente de celle des Anglicans ; mais ils different essentiellement de ceux-ci sur la hiérarchie ecclésiastique.

Ils ne veulent point que l’église soit gouvernée par des évêques, ni que les prêtres soient inférieurs à ceux-ci. Ils n’admettent pas même de subordination parmi leurs ministres, parce que, disent-ils, il n’y en avoit aucune entre les prêtres & les évêques au tems des apôtres, & que les uns & les autres gouvernoient alors l’Eglise avec une égale autorité. L’épiscopat, tout ancien qu’il est en Angleterre & dans l’Eglise romaine, leur paroît une innovation, & ils nient que son établissement soit de droit divin. Voyez Evêque, Episcopat.

Au lieu d’une succession de ministres en qualité de prêtres, d’évêques & d’archevêques, leur police ecclésiastique réside dans une suite d’assemblées ou de synodes. Chaque ministre est tenu d’obéir au consistoire dans le district duquel il exerce ses fonctions, & ce consistoire ne dépend que d’un synode provincial ou général. Voyez Synode & Consistoire.

Le pouvoir de l’ordination, parmi les Presbytériens, n’appartient qu’au consistoire, & il n’y a que ceux qui sont ordonnés par l’imposition des ma ns des autres ministres, qui puissent conférer des sacremens. Ils ont néanmoins des diacres pour avoir soin des pauvres ; & dans le gouvernement de leurs égli-