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usuelle ; la plénitude analytique présente un tour insolite qui sent le barbarisme, & qui en seroit un réel si l’on prétendoit parler de la sorte. Mais ces tours analytiques ne sont point proposés ici comme des modeles à suivre dans l’usage ; ce sont des développemens pour rendre raison du véritable esprit de l’usage, & non pour en altérer les décisions.

6°. « Quoiqu’on puisse mettre quelquefois en & dans indifféremment devant un mot, dit le P. Bouhours (Rem. nouv. tom. I. pag. 73.) ; s’il y a plusieurs mots semblables dans la même période, & que ce soit le même sens, le même ordre & la même suite de discours, ayant mis dans au premier mot, il ne faut pas mettre en au second : l’uniformité demande que dans regne par-tout… C’est au Dieu fidele dans ses promesses : inépuisable dans ses bienfaits, juste dans ses jugemens… J’ai dit quand c’est le même ordre & le même sens ; car autrement on peut varier, & on doit le faire en certains endroits. Il passa un jour & une nuit entiere en une si profonde méditation, qu’il se tint toujours dans une même posture.

« C’est une négligence vicieuse, dit-il ailleurs (ib. p. 177.), de mettre deux avec qui se suivent & qui ont des rapports différens, dont l’un regarde la personne & l’autre la chose. Par exemple, elle vécut avec lui, avec la même bonté qu’elle avoit accoutumé… J’ai dit quand ils se suivent, car quand ils ne sont pas si près l’un de l’autre, cela choque moins, parce que cela se sent moins… On voit bien que ce prédicateur n’a guere de familiarité avec les peres, puisqu’il les traite avec tant de cérémonie… Pour moi, j’avoue que deux avec bien qu’un peu éloignés, ne me plaisent point dans une même période, quand ils ont divers rapports ; je dis quand ils ont divers rapports ; car si l’un & l’autre se rapportent ou à la personne ou à la chose, bien loin que ce soit un défaut, c’est quelquefois une beauté.

« C’est une négligence vicieuse, dit encore le même auteur (pag. 461.), d’entasser dans le discours plusieurs comme les uns sur les autres, quand ils ne sont pas dans le même ordre. Exemple : Ne considérons plus la mort comme des payens, mais comme des chrétiens ; c’est-à-dire avec l’espérance, comme saint Paul l’ordonne… Les deux premiers comme sont dans le même ordre, & n’ont rien d’irrégulier ni de choquant ; mais le troisieme est pour ainsi dire, d’une autre espece, & fait un effet desagréable… On pourroit mettre ainsi que au lieu de comme : ainsi que saint Paul l’ordonne ».

Toutes ces remarques séparées & fort éloignées les unes des autres dans le P. Bouhours, ont pourtant un lien commun, qu’il n’a pas assez nettement fait sentir. Ce sont des suites d’une même regle générale fondée sur une raison très-plausible. La voici :

On ne doit pas employer dans une même proposition, avec des complémens de différente espece ou dans des sens différens, un même mot qui annonce vaguement quelque rapport. C’est que l’esprit ayant été déterminé par le premier complément à prendre ce mot dans un certain sens, est choqué de le trouver tout de suite employé dans un autre, quoiqu’il s’agisse encore de l’expression de la même pensée individuelle. C’est dans l’élocution un vice à-peu-près semblable à celui où l’on tomberoit dans le raisonnement, si l’on donnoit à un terme dans la conclusion, un autre sens qu’il n’a dans les prémisses ; d’ailleurs cette disparate ne peut que nuire à la clarté de la proposition, parce qu’elle fait sur l’esprit une impression desagréable, dont l’effet immanquable est de le distraire.

Dans deux propositions qui se suivent, & dont l’une n’est pas subordonnée à l’autre, la raison de la regle n’existant plus, il n’y a plus de nécessité de s’y

assujettir ; & c’est pour cela qu’on ne peut improuver l’exemple rapporté par le P. Bouhours : On voit bien que ce prédicateur n’a guere de familiarité avec les Peres (premiere proposition), puisqu’il les traite avec tant de cérémonie (seconde proposition). La marche de l’une est indépendante de celle de l’autre.

Toutes les prépositions désignent un rapport vague qui n’est bien déterminé que par l’application qu’on en fait à deux termes, l’un antécédent & l’autre conséquent. C’est précisément pour cette raison que j’ai cru devoir établir ici cette regle générale de Grammaire. Mais les conjonctions de comparaison, telles que comme, & les expressions adverbiales qui ont la même signification, de même que, aussi-bien que, de la maniere que, &c. sont encore dans le même cas, parce qu’elles désignent des rapports généraux. Notre on doit suivre la même regle, parce qu’il est vaguement relatif à des personnes qui ne sont déterminées que par le sens du discours ; & c’est là le fondement de la remarque du P. Bouhours sur ce mot (pag. 240.), où il dit : « Ce n’est pas écrire nettement que de mettre ainsi deux on qui ne se rapportent pas à la même personne ». C’est à la suite de cette phrase : On peut à-peu-près tirer le même avantage d’un livre… où on a gravé ce qui nous reste des antiquités de, &c. (E. R. M. B.)

PRÉPUCE, s. m. terme d’Anatomie ; prolongement de la peau du penil, qui couvre le gland ou l’extrémité de la verge. Voyez nos Pl. anat. & leur explication. Voyez aussi Penil & Gland.

Le docteur Drake observe qu’on ne voit dans aucun des ouvrages de la nature autant de variété que dans le prépuce, & que dans les différens hommes, la figure & la proportion en sont toutes différentes.

C’est de-là apparemment qu’est venue la méthode de circoncire, pratiquée si universellement dans tout l’orient, qu’il faut considérer moins comme un acte de religion, que comme un moyen de tenir la partie nette, & d’empêcher les maladies qui naîtroient dans ces pays de la rétention de la mucosité que fournissent les glandes de dessous le prépuce ; & le même auteur ajoute qu’il a vû des orientaux, qui ayant des gros prépuces gonflés, ont été effrayés d’en voir sortir une mucosité, qui ne venoit sans doute ; que de ce qu’il s’en étoit amassé entre le prépuce & le gland ; & c’est sans doute cet inconvénient entr’autres, que le divin législateur des Juifs a eu en vue de prévenir, en faisant une loi de la circoncision. Voyez Circoncision.

La peau du prépuce est double : à l’endroit où la peau interne se joint aux autres parties, il y a plusieurs glandes ovales, ou à-peu-près rondes, placées irrégulierement autour de l’union du gland avec les corps caverneux, & sur le gland même.

Leur usage est de filtrer une liqueur qui rend le mouvement du prépuce sur le gland plus aisé. Quand cette liqueur devient rance par le grand âge, ou en conséquence d’un mal vénérien, elle écorche le gland & le prépuce ; & même quelquefois resserre ce dernier, au point qu’il faut quelquefois y faire une incision pour découvrir le gland. Voyez Phimosis & Paraphimosis.

Ce repli lâche de la peau de la verge, qu’on nomme prépuce, & qui embrasse ordinairement la base du gland, lui est quelquefois attaché par défaut de conformation ; & cette cohérence demande toute la dextérité d’un habile opérateur, afin d’éviter de blesser le prépuce & le gland.

Quelquefois par un autre vice de conformation, l’extrémité du prépuce est si étroite, qu’elle ne permet pas d’uriner sans douleur, ni de pouvoir découvrir le gland en aucune maniere.

Quelquefois encore le prépuce est si alongé au-delà du gland, & si étroit dans son alongement, qu’outre la peine d’uriner, il reste toujours entre cet allonge-