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maces pieuses d’un franc hypocrite, avec la réponse sensée que lui fait son frere pour l’en guérir.

Orgon.

C’en est fait, je renonce à tous les gens de bien.
J’en aurai désormais une horreur effroyable,
Et m’en vais devenir pour eux, pire qu’un diable.

Cléante.

Hé bien, ne voilà pas des vos emportemens !
Vous ne gardez en rien les doux tempéramens.
Dans la droite raison, jamais n’entre la vôtre,
Et toujours, d’un excès, vous vous jettez dans l’autre.
Vous voyez votre erreur, & vous avez connu
Que par un zèle feint vous étiez prévenu :
Mais pour vous corriger, quelle raison demande
Que vous alliez passer dans une erreur plus grande,
Et qu’avecque le cœur d’un perfide vaurien
Vous confondiez les cœurs de tous les gens de bien ?
Quoi ! parce qu’un fripon vous dupe avec audace,
Sous le pompeux éclat d’une austere grimace,
Vous voulez que partout on soit fait comme lui,
Et qu’aucun vrai dévot ne se trouve aujourd’hui ?
Laissez aux libertins ces sottes conséquences,
Démêlez la vertu d’avec ses apparences ;
Ne hazardez jamais votre estime trop tôt,
Et soyez, pour cela, dans le milieu qu’il faut.
Gardez-vous, s’il se peut, d’honorer l’imposture,
Mais au vrai zèle aussi n’allez pas faire injure ;
Et s’il vous faut tomber dans une extrémité,
Péchez plutôt encor de cet autre côté.

PRÉOLIER, s. m. termes des statuts ; c’est ainsi que sont nommés dans leurs statuts & lettres patentes, les maîtres Jardiniers de la ville, fauxbourgs & banlieue de Paris. (D. J.)

PRÉPARATE, en Anatomie, nom d’une grosse veine qui est quelquefois fort sensible à la partie supérieure du nez, & qui s’étend sur le front.

PRÉPARATION, s. f. est dans les Mathématiques, la partie préliminaire d’une démonstration.

Lorsqu’on veut démontrer une proposition de géométrie, la préparation consiste à tirer certaines lignes dans la figure : si on veut démontrer une proposition d’arithmétique, la préparation consiste en quelques calculs que l’on fait pour arriver plus aisément à la démonstration. (E)

Préparation anatomique, (Anatom.) on appelle préparation anatomique, une préparation faite par art des diverses parties des animaux, & sur-tout de l’homme, pour les conserver & en exposer la structure.

Comme il n’est pas possible de la découvrir par le seul secours de la dissection, quelque adresse qu’on y apporte ; plusieurs anatomistes, & M. Monro en particulier, ont cherché la meilleure méthode d’y parvenir autrement : voici l’extrait du mémoire de l’habile professeur d’Edimbourg.

La principale préparation que demandent les os, est de les blanchir ; Paulli & Lyserus nous en ont indiqué la maniere dans un assez grand détail, & nous ont appris aussi à dresser les squeletes des adultes.

Une bonne méthode pour blanchir les os des jeunes sujets, est de les laisser macérer long-tems dans l’eau froide, & de changer souvent l’eau ; il faut à chaque fois qu’on la renouvelle, laisser les os exposés quelques tems au soleil, afin qu’ils y séchent un peu. S’ils restent trop long-tems dans l’eau, les parties les plus spongieuses de ceux des adultes se dissoudront, & ceux des jeunes sujets perdront toutes leurs épiphyses ; si on les fait sécher, avant que le sang qui est contenu dans leurs vaisseaux soit dissous, ils ne deviendront jamais blancs.

La moëlle étant moins huileuse dans les jeunes

sujets, que dans les adultes, leurs os en général deviennent plus blancs, & ne jaunissent pas sitôt étant gardés. Dans les os des fœtus, on ne doit pas enlever le périoste aux endroits où se trouvent les épiphyses, autrement, il est presqu’impossible de conserver ces pieces rapportées. La méthode de brûler & d’exposer pendant long-tems à l’air les os des adultes pour en découvrir le tissu, est si généralement connue, qu’il n’est pas nécessaire d’en faire mention.

On rend les cartilages transparens par le même moyen dont on se sert pour blanchir les os. Il faut ensuite, si l’on veut les garder secs, leur donner la forme & la situation qu’ils ont naturellement, & leur conserver l’une & l’autre par le moyen des fils, des poids, des épingles, & de telle autre maniere qui paroîtra plus propre à ce dessein.

Pour montrer les extrémités des vaisseaux injectés dans l’eau commune, on mettra le cerveau, les poumons, le foie, la rate, ou quelqu’autre partie que ce soit, dont le tissu est délicat & qu’on a injectée ; on les laissera dans l’eau jusqu’à ce que la membrane qui sert d’enveloppe soit soulevée par l’eau introduite dans le tissu cellulaire, qui l’attache aux parties qui sont au-dessous. On séparera alors la membrane, & l’on remettra encore la partie dans l’eau, jusqu’à ce que les fibres qui lient les petits vaisseaux soient dissoutes ; c’est ce qu’on connoîtra, en agitant de tems à autre dans l’eau la partie préparée, dont il se détachera des parcelles corrompues, & on verra les vaisseaux distincts & flottans dans l’eau.

On ôtera pour lors la partie ainsi préparée de l’eau, & l’ayant doucement pressée pour en exprimer ce qu’il y reste d’humidité ; on la lavera dans un peu de la liqueur dans laquelle on se propose de la conserver pour la mettre tout de suite dans un vaisseau plein de la même liqueur, où on la suspendra par le moyen d’un fil, afin que la partie s’étende & que les petits vaisseaux se séparent les uns des autres.

Il n’est guere possible de diviser les nerfs en leurs petits filamens, lorsqu’ils ont une fois reçu de la dure-mere, leur plus forte enveloppe ; mais on les sépare facilement lorsqu’on les prend au-dessus ; ceux qui forment la queue du cheval sont plus propres pour cette préparation, parce qu’ils sont longs, & que leurs fibres ne sont unies que par une membrane très-mince & foible. L’un de ces cordons étant coupé au sortir de la moëlle de l’épine, & avant qu’il ait reçu une enveloppe de la dure-mere, on liera une de ses extrémités avec un fil, & on le suspendra dans un vaisseau plein d’eau, où après l’avoir laissé macérer quelque tems, on le retirera vers le bord du vaisseau, & tenant le fil d’une main, on aura une aiguille amanchée de l’autre, avec laquelle on fera doucement une légere égratignure tout le long du nerf.

On continuera cette opération jusqu’à ce qu’en agitant le nerf dans l’eau, il paroisse comme une fine toile tissue de fibres fort petites, & on le mettra alors dans une liqueur pour le conserver. Lorsqu’on a ainsi préparé quelques-uns des nerfs de la queue du cheval, l’effet en est fort beau, parce que presque tous les filets du nerf paroissent accompagnés de leur vaisseau sanguin injecté.

Quand c’est quelque membrane fine, telle que la plevre ou le péritoine, qu’on veut conserver seule pour en démontrer les artères par le moyen de l’injection ; il faut en les disséquant, conserver le plus qu’on pourra du tissu cellulaire qui les attache aux parties contiguës, sans perdre la transparence de la membrane ; car lorsque ce tissu cellulaire est entie-