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deux mortiers de 12 pouces. Une pareille prame qu’on peut nommer aussi galiote à bombe plate, à 132 piés de longueur, 36 piés 6 pouces de largeur, & 9 piés de creux, étant en charge, cette prame tire de l’arriere 7 piés 6 pouces, & de l’avant 7 piés.

Il n’a que trois mâts, un beaupré, un grand mât, & un mât d’artimon. Les mortiers sont placés à l’avent du grand mât.

PRAMNION, (Hist. nat.) nom que Pline & quelques autres naturalistes, ont donné au crystal de roche d’une couleur noire ; ils l’appellent aussi morion.

Les Romains la recherchoient beaucoup pour la gravure, comme il paroît par le témoignage de Pline, & par plusieurs antiques très-estimés, dont la gravure est faite sur cette pierre. C’est de son nom que les anciens ont appellé pramnos, un vin rude, austere, noir à l’ombre, & pourpré à la lumiere. Hippocrate en recommande l’usage dans les hemorrhagies. (D. J.)

PRAMNIUM, Géog. anc.) montagne ou rocher dans l’île Icaria, selon Ortelius, qui cite Athénée, liv. I. Il y croissoit une sorte de vin qu’on appelloit vin de Pramnium.

PRANGUR, s. m. (Hist. mod.) franc, européen. C’est ainsi que les Indiens nous appellent. S’il arrive à un brame de vivre avec un prangur, il est souillé. Pour le purifier on lui coupe la ligne, ou le cordon de noblesse ; on le fait jeûner trois jours ; on le frotte à plusieurs reprises avec de la fiente de vache ; on le lave jusqu’à cent neuf fois ; on lui redonne une nouvelle ligne, & l’on finit la cérémonie par un repas.

PRASIANE, (Géog. anc.) Prasiana ; contrée de l’Inde, dans laquelle Elien dit que les singes étoient de la grandeur des chiens. Quelques exemplaires portent Praxiana. Selon Pline, liv. VI. ch. x. Prasiane étoit une très-grande île formée par le fleuve Indus ; sur quoi le pere Hardouin, après avoir remarqué que cette île prenoit son nom des peuples Prasiii qui l’habitolent, ajoute que c’est une contrée que Virgile, dans le IV. livre des Géorgiques, v. 291. appelle l’Egypte verte, viridem Ægyptum. (D. J.)

PRASIES, (Géog. anc.) bourg de l’Attique dans la tribu Pandionide. C’étoit un lieu maritime du côté de l’Eubée, où il y avoit un temple d’Apollon. On y envoyoit les premices qu’on vouloit consacrer à ce dieu dans l’île de Délos. Les Athéniens avoient soin de les y faire transporter. Erysichton revenant de cette île mourut à Prasiæ, & on lui fit son tombeau dans ce lieu. Dans une église, sur le chemin d’Athenes à Rafty, on trouve cette inscription : Ὀνήτωρ, ΠαναίοΥ, ΠρασιεΎς. Harpocration parle d’un Onetor à qui Demosthène adresse une de ses harangues.

2°. Prasiæ est encore une contrée de l’Inde, en-deçà du Gange, selon Ptolomée, liv. VII. chap. 1. (D. J.)

PRASINUS, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs anciens à l’émeraude.

PRASION, s. m. (Botan. anc.) ce terme est un bel exemple de l’homonimie des anciens botanistes grecs, car ils ont donné au moins le nom de prasion à trois plantes très-différentes ; savoir, 1°. au marrube, 2°. au poireau, 3°. à l’espece de marjolaine que nous nommons origan. Pline, en décrivant cette derniere plante, dit qu’on l’appelloit aussi prasius. Hesychius nous assure encore que les fucus, les algues, les varechs, en un mot toutes les mauvaises herbes marines étoient appellées prasia par les écrivains grecs ; & en effet il paroît que Théophraste les nomme ainsi.

PRASIUM, s. m. (Botan.) genre de plante que Linnæus caractérise ainsi. Le calice de la fleur est composé d’une seule feuille faite en forme de cloche contournée, & découpée à l’extrémité en deux levres permanentes ; la levre supérieure est divisée en trois segmens aigus ; la levre inférieure n’est partagée

qu’en deux. La fleur est du genre des labiées, & n’est composée que d’un seul pétale ; la levre supérieure est droite, creuse & de figure ovale, obtuse ; la levre inférieure est large, recourbée, divisée en trois portions, dont celle du milieu est la plus large. Les étamines sont quatre filets pointus, placés près les uns des autres sous la levre supérieure de la fleur. Les antheres sont oblongues & latérales ; le germe du pistil est quarré. Le stile est délié, & a la même longueur que les étamines. Le stigma est aigu & fendu en deux parties de grandeur inégale ; le fruit consiste en quatre baies arrondies, & placées au fond du calice ; chaque baie contient une graine. Linnæi gen. plant. p. 280. (D. J.)

PRASIUS, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les Grecs & les Romains à une chrysolite d’un verd de poireau. Celle qui étoit d’un verd clair s’est appellée prasoides. La chrysolite d’un verd tirant sur le jaune s’est appellée chrysoprase. Voyez Peridot.

Quelques auteurs ont regardé le prasius ou prase, comme une espece de berille ou d’éméraude, mais on dit qu’il n’en a point la dureté, & il perd sa couleur très-promptement dans le feu. Il est rare de trouver cette pierre sans taches & sans défaut.

Boot paroît avoir confondu cette pierre avec la chrysoprase, la chrysolite & la topase. M. Hill croit avec beaucoup de raison que le prasius des anciens est la pierre que nous appellons prime d’éméraude. Voyez cet article, & voyez Peridot.

PRASSAT, s. m. (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme le palais du roi de Siam. Jamais les sujets de ce monarque despotique n’entrent dans ce lieu redoutable ou n’en sortent sans se prosterner jusqu’à terre. La partie intérieure du palais où le roi a ses appartemens & les jardins, s’appelle vang. On n’y est admis qu’après beaucoup de formalités, dont la premiere est d’examiner si l’haleine de ceux qui veulent entrer ne sent point l’arack, ou l’eau-de-vie de riz ; on ôte ensuite les armes aux personnes qui doivent être admises, parce que la tyrannie est toujours soupçonneuse.

PRASSIUM, (Géog. anc.) ou Prasum promontorium, cap de la mer des Indes sur la côte orientale d’Afrique. On croit que c’est aujourd’hui l’île Mozambique. Ptolomée, liv. I. ch. x. & xiv. donne au cap Prassum la position précise de Mozambique, qui est le quinzieme degré. Il place l’île Zanzibar au 12 degré 30 minutes de latitude sud à l’orient d’été du cap Prassum ; & c’est justement la situation que nos cartes donnent aujourd’hui à la pointe la plus septentrionale de Madagascar.

PRASTANE, s. f. (Mythol.) c’est Luperca, nourrice de Romulus. On l’appella Prastane, parce que son nourrisson montra plus de force à tirer de l’arc qu’aucun autre enfant de son âge. Prastane vient de præstare, surpasser.

PRASTIA, (Géogr. mod.) port du Péloponnèse dans le Brazzo-di-Maina, avec un village bâti sur les ruines de l’ancienne Thalama. Ce misérable village étoit autrefois renommé à cause d’un temple de Pasiphaé, & d’un oracle célebre. Le long de la côte qui mene de Prastia a Bytilo, il y a au bord de la mer une source d’eau excellente, & qui est bien connue des corsaires. Elle étoit anciennement consacrée à la Lune, & tout auprès étoit le temple d’Ino, remarquable par un oracle célebre, qui découvroit en songe à ceux qui le consultoient les secrets de l’avenir. (D. J.)

PRASUM, (Géog. anc.) petite ville de l’île de Crete. Strabon liv. X. p. 475. dit qu’elle étoit sur la côte méridionale, & qu’il y avoit un temple de Jupiter Dictéen. Meursius Creta, cap. xiv. p. 56. prétend que Prasum n’est pas la véritable ortographe, & qu’il faut lire Praïbon, Πραῖϐον.