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& étrangeres, tout avoit contribué à faire tomber dans l’oubli un reglement aussi nécessaire. Henri le fit revivre, & il fut autorisé par les seigneurs & par les communes, à poursuivre ceux qui l’avoient violé ; le clergé entier se trouva coupable, & finalement il ouvrit les yeux.

L’appel comme d’abus, objet intéressant pour les François, & qui s’introduisit peu à-peu sous le regne de Philippe de Valois, par les soins de l’avocat général, Pierre Cugnieres, (car il faut conserver son nom dans l’histoire) cet appel, dis-je, interjetté aux parlemens du royaume, des entreprises des tribunaux ecclésiastiques ou de la cour de Rome, contre les droits du roi & du royaume, n’est en réalité qu’un léger palliatif, qu’une foible imitation de la fameuse loi præmunire. Les Anglois, dans tout ce qui regarde les libertés de l’état, ont montré plus d’une fois l’exemple aux autres peuples, ne laissant dormir leurs libertés que pendant quelque tems, & les faisant ensuite revivre avec plus d’éclat que jamais. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PRÆNESTE, Prænestæ, ou Preneste, (Géogr. anc.) ville du Latium, aux confins des Eques, assez près de Tusculum, à dix-huit milles de Rome, entre Labicum, Æsula, Trebia & Vétellia. Etienne de Bizance lui donne pour fondateur Préneste, fils d’Ulysse & de Circé : Hérile fils de la deesse Fréronie, y régna depuis ; & Cécale fils de Vulcain, en fut le second fondateur, parce qu’il la rebâtit & la fortifia.

Elle étoit située sur une montagne ; ce qui fait qu’elle est appellée par Virgile, Ænéid. l. VII. v. 682. altum Præneste, & par Horace, l. III. ode iv. frigidum Præneste. Palestrine qui a succédé à Præneste, est bâtie au pié de la montagne : l’ancienne ville étoit une place forte par sa situation, & par les murailles que l’art y avoit ajoutées ; & c’étoit, selon Strabon, l. V. la retraite de ceux qui avoient tramé quelque chose contre la république. Les habitans sont nommés Prænestini, par Tite-Live, l. VI. c. xxxix. & par Pline, l. III. c. v. Ce dernier ajoute qu’autrefois la ville de Præneste avoit été appellée Stephane, & en grec Πολυστέφανον, comme écrit Strabon, l. V. Elle étoit fameuse par ses forts & par son temple de la Fortune : on peut lire l’ouvrage de Suarez (Josephe-Marie), intitulé Prænestes antiquæ, lib. II. Roma 1655. in 4°.

Ælien, en latin Ælianus (Claudius), étoit né à Præneste, & enseignoit l’éloquence à Rome sous le regne d’Alexandre Severe, vers l’an 222. de J. C. Quoique romain, il a écrit en grec, au jugement de Philostrate, presque aussi élégamment que s’il fût né à Athènes ; d’ailleurs, il a écrit avec beaucoup de décence, & en admirateur des grands hommes de la Grece.

Il vécut environ soixante ans, & se montra toujours amateur du célibat. Suidas nous apprend qu’il devint grand-prêtre, ce qui prouve en lui une noble extraction ; mais ce qui vaut davantage, c’est qu’il étoit un vrai philosophe, qui fut plus curieux de l’étude, que de se faire valoir à la cour & d’acquérir de grandes richesses.

Il nous reste de lui une histoire des animaux, dont la meilleure édition est de Leyde, in-4°. en grec & en latin. Il paroît que c’est une compilation, mais écrite avec pureté. Ses mélanges ont eu plusieurs éditions. Camille Pereescua les publia le premier en grec à Rome en 1545. Perizonius en donna une belle édition à Leyde en 1701, deux volumes in-8°. mais cette édit on a été effacée par celle d’Abraham Gronovius, Amstælodami, 1731. 2. vol. in-4°. (D. J.)

PRÆPESINTHUS, (Géog. anc.) île de la mer Egée, & l’une des Cyclades, selon Pline, l. IV. c. xij. Strabon, l. X. p. 485. écrit Prepesinthus. On la

nomme aujourd’hui Arzentara, selon Niger ; mais le P. Hardouin dit que le nom moderne est Fermina.

PRÆPOSITUS sacri cubiculi, (Hist. de l’emp. rom.) officier de la maison de l’empereur, qui marchoit dans les cérémonies après le maître de la gendarmerie, comme il paroît par la derniere loi du code, & la loi pénultieme, où la charge de cet officier est décrite. Elle consistoit à se tenir dans la chambre du prince pour y recevoir ses ordres ; à préparer son lit, ses habits, & avoir soin de sa garde-robe. Voyez-en les détails dans Pancirole sur la notice de l’empire, & dans M. Boulanger, liv. III. chap. xiij.

Præpositus, (Hist. des offices des empereurs du moyen âge.) præpositus, veut dire, commis, chargé, préposé à quelque chose ; ce nom générique accompagné d’un autre qui marquoit l’emploi, étoit donné dans les cours des empereurs d’orient & d’occident, à tous ceux qui avoient le commandement ou l’inspection de certaines personnes ou de certaines affaires. En voici des exemples.

Præpositus argenti potorii, & auri vescarii, étoit celui qui avoit le soin de la vaisselle d’argent, ou de la vaisselle d’or des empereurs.

Præpositus Barbaricariorum, étoit chargé de faire faire pour l’empereur toutes sortes de vaisselles & d’armes. Il y avoit plusieurs officiers de ce nom en occident ; un à Treves, un à Arles, un autre à Rheims ; mais il n’y avoit point de tels officiers dans l’orient.

Præpositus bastagæ, officier chargé du soin des habits, du nécessaire, & des meubles de l’empereur lorsqu’il voyageoit. Il y avoit quatre officiers de ce nom pour l’orient, & quatre pour l’occident : le mot bastaga vient du grec βαστάζειν, porter.

Præpositus cameræ regalis, étoit une espece de valet-de-chambre ; mais præpositus cubiculi, étoit le premier homme de chambre qui commandoit aux autres. En vertu de sa charge, il étoit attaché à la personne de l’empereur, à côté duquel il couchoit dans un lit à part : il jouissoit de plusieurs priviléges, & d’un grand crédit.

Præpositus cursorum, intendant des postes.

Præpositus fibulæ, celui qui avoit soin des boucles, des ceintures, & des agraphes de diamans des habits de l’empereur.

Præpositus domûs regiæ, intendant de la maison impériale.

Præpositus læbari, celui qui portoit la banniere devant l’empereur.

Præpositus lætorum, celui qui régissoit les biens fonds publics ; car le mot lætæ, ou terræ læticæ, signifient les champs.

Præpositus largitionum, le trésorier des largesses de l’empereur.

Præpositus militum, le commandant des troupes sur les places frontieres.

Præpositus mensæ, le maître-d’hôtel de la cour.

Præpositus palatii, le major-dôme.

Præpositus provinciarum, l’inspecteur des frontieres de la province.

Præpositus tyrii textrini, l’inspecteur de la fabrique de la pourpre, ou de l’écarlate, &c.

Dans l’histoire ecclésiastique, le mot præpositus, vint à signifier le prevôt des eglises cathédrales, le premier des chanoines, ou celui qui gouvernoit les terres d’un chapitre. (D. J.)

PRÆSICIA, (Littérat.) on appelloit præsicia, les parties des animaux sacrifiés qu’on coupoit pour les offrir aux dieux. (D. J.)

PRÆSIDIUM, (Géogr. anc.) mot latin qui se prend en général pour tout ce que l’on met au-devant de quelque chose pour la conserver. On l’a employé dans les itinéraires romains, pour désigner