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Le pouls qui s’éloigne de ces caracteres est non-naturel, il peut varier de bien des façons ; les différences peuvent être simples ou composées ; parmi les simples se trouve, 1°. le pouls grand ou plein (notre auteur regarde ces deux mots comme synonymes), qui se découvre facilement & remplit les doigts de celui qui le touche. Il ne differe du naturel que par la plénitude & la tension de l’artere ; il est marqué par des notes blanches posées entre deux lignes paralleles.

2°. Le pouls petit ou vuide encore confondu mal-à-propos, bat foiblement & également ; il est designé par des croches entre deux lignes paralleles.

3°. Le pouls profond, est celui qui ne se découvre qu’en chargeant ou pesant un peu fort sur l’artere, il est marqué par une note noire posée sur la premiere ligne parallele, il est naturel en mouvement, & non pas en force.

4°. Le superficiel est l’opposé du précédent, on n’a besoin pour le sentir que de toucher légerement l’artère, la note noire qui le désigne est posée au-dessus de la seconde ligne.

Pouls profond. Pouls superficiel.

5°. Le pouls dur, ou tendu, ou élevé, (ce dernier caractere ne sympathise guere avec les précédens ; loin d’être le même) l’artère est dure, les pulsations sont fortes & vites ; les notes blanches qui les représentent sont plus rapprochées, & placées sur la seconde ligne ; ce pouls va ordinairement à trois tems surpassant le naturel de deux cinquiemes.

6°. Le pouls mol est le contraire, il résiste peu au toucher, il est naturel d’ailleurs en vitesse, ou tardif, il se marque par une croche pointée, posée entre les deux lignes.

Dur. Mou.

7°. Le pouls vite ou fiévreux peut augmenter d’un, deux, ou plusieurs tems ; le pouls plus vite d’un tems a encore un intervalle de quatre tems, on l’appelle pouls vite à quatre tems ; il est désigné par des noires pointées placées entre les paralleles, & séparées par quatre lignes ; le vite à trois tems est marqué par des notes blanches, séparées par trois lignes ; le vite à deux tems est représenté par une noire posée sur la seconde ligne, il n’y a que deux lignes de séparation entre chaque note : dans le pouls à un tems les battemens se succedent presque sans intervalle ; les notes sont des doubles croches placées sur la premiere parallele, qui ne sont séparées que par une ligne.

Pouls à 4 tems. Pouls à 3 tems.
à 2 tems. à 1 tems.

8°. Le lent a au-moins six tems, il peut en avoir sept, huit, neuf, &c. l’auteur dit en avoir trouvé jusqu’à douze dans des vieillards qui moururent bientôt après, il est représenté par des notes blanches plus ou moins éloignées, selon le nombre de tems, & comme il est toujours profond, ces blanches sont placées sur la premiere ligne.

Pouls à 6 tems. à 12 tems.

9°. Le pouls intermittent, éclipsé, intercadent, après quelques pulsations plus ou moins régulieres, il en manque une totalement ; il est marqué par des noires posées entre deux paralleles à distances égales, ou inégales ; de tems en tems il en manque une, & la note qui suit est blanche & posée sur la seconde ligne ; pour représenter la pulsation qui suit l’intermittence, & qui est toujours, selon notre auteur, plus élevée.

10°. Le pouls inégal en vitesse est formé par des pulsations qui se succedent dans des tems inégaux.

11°. Le pouls inégal & intercurrent n’a point de regles, tantôt il paroît, tantôt il disparoît ; tantôt il est fort, tantôt il est foible ; quelquefois il va vite & d’autres fois lentement ; les notes qui le représentent sont de différente nature, placées en différens endroits & diversement éloignées.

12°. Le pouls caprisant est fort analogue au précédent ; il a comme lui beaucoup d’inégalité, & il peut être représenté par la même figure.

13°. Le pouls convulsif est fort élevé, tendu, quelquefois grand, ensuite concentré, il participe de toutes les inégalités.

14°. Le pouls dicrote ou double bat deux coups à chaque pulsation, il a été observé dans un vieillard qui mourut de léthargie peu de tems après ; il est représenté par deux notes blanches entrelacées, posées tantôt entre les paralleles, tantôt sur la premiere ligne.

L’auteur ajoute à ces pouls avec Galien, les pouls tremblans, défaillans, vermiculaires, formicans ou fourmillans, supprimés ou deficientes ; mais il ne dit là-dessus rien de nouveau, & ne les représente par aucune figure.

On ne sauroit disconvenir, qu’il n’y ait entre les mouvemens des pouls & les lois de la musique un rapport assez sensible ; il n’en est cependant pas moins vrai, que les détails pénibles dans lesquels cet auteur est descendu, sont presque sans fondement & sans utilité ; tout au plus, cette comparaison & ces figures pourroient servir, si elles étoient bien justes, à faire concevoir ce qu’il faut exprimer, à donner une idée plus palpable des modifications des pouls en le peignant aux yeux ; & si l’auteur n’a eu que cet objet en vûe, il ne s’est pas beaucoup écarté de son but, & son ouvrage auroit été sûrement très-avantageux, si le système qui en fait la base eût été moins conforme à celui des méchaniciens, moins raisonné & en un mot plus rapproché de l’observation.

Doctrine des Chinois sur le pouls. La connoissance du pouls est la partie fondamentale de la médecine