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gens destinés à cette fonction ; ils ouvrent les tonneaux, quand elle se trouve d’une bonne qualité, on met les armes de la ville sur le tonneau : on juge de la bonté lorsqu’elle est d’un blanc bleuâtre, en masses solides, pesantes & seches, & d’un goût très-caustique. Si la potasse est d’une qualité inférieure, on fait deux entailles dans une des douves du tonneau, & on l’appelle brack : elle est d’un prix moindre que la premiere ; enfin celle qui est encore moins pure se nomme bracks-brack. La potasse qui vient de Konigsberg est moins estimée que celle de Dantzic, & celle qui vient de Riga passe pour la plus mauvaise de toutes.

La potasse a les propriétés de tous les sels alkalis fixes, & peut être employée aux mêmes usages que le sel alkali du tartre, & que les sels tirés de toute cendre ; elle ne differe de la soude, que parce que cette derniere est mélée de sel marin. Voyez Soude. On emploie la potasse dans la verrerie, dans les teintures, pour blanchir les toiles, &c. on lui donne quelquefois le nom de cendre de Moscovie. (—)

POT-DE-VIN, terme de Négoce ; ce mot se dit figurément, & alors c’est un présent que l’acheteur fait au vendeur, ou le preneur à ferme au propriétaire qui lui passe bail au-delà du prix convenu entr’eux.

Souvent le pot-de-vin se donne à l’entremetteur, ou à celui qui passe bail pour un autre, ce qui ne se fait guere du consentement des propriétaires des choses vendues ou affermées, qui souvent n’en savent rien, & à qui ces conventions secrettes sont toujours préjudiciables.

Les commissionnaires parmi les marchands sont tenus de faire bon à leurs commettans des pots-de-vin qu’on leur donne pour les marchés, ventes ou achats qu’ils font, à-moins que ces derniers ne consentent qu’ils le retiennent. Savary. (D. J.)

POTÉ, s. f. (Droit féodal.) le mot de poté, vient de potestas ou potentia, & signifie un territoire, comprenant un certain nombre de bourgades & de familles, qui autrefois étoient de condition servile. Il reste peu de pôtes en France. On n’y connoît guere que la pôte de la Magdeleine de Vezelai, la pôte d’Asnois en Nivernois, & la pôte de Sully-sur-Loire. Les vassaux de la pôte d’Asnois furent affranchis de la servitude par une chartre du sire d’Asnois de 1304, confirmée par Philippe le Bel, qui leur accorda le droit de bourgeoisie. (D. J.)

POTEAU, s. m. (Charpent.) c’est toute piece de bois posée de bout, qui est de différente grosseur, selon sa longueur & ses usages. Le mot poteau vient de postellum, qui signifioit un gros pieu de bois fiché en terre de bout, où l’on attache un carcan dans un carrefour.

Poteau cornier, maîtresse piece des côtés d’un pan de bois, ou à l’encoignure de deux, laquelle est ordinairement d’un seul brin, ou au-moins de neuf à dix pouces de gros, parce qu’on y assemble les sablieres dans chaque étage.

Poteau de cloison, c’est un poteau qui est posé à plomb, retenu à tenons & mortaises, dans les sablieres d’une cloison. Ces poteaux sont de quatre à six pouces dans les étages de 10 à 12 piés ; de 5 à 7, dans ceux de 14 à 16 ; de 6 à 8, dans ceux de 18 à 20. Les sablieres sur lesquelles ils posent doivent avoir un pouce de gros d’avantage.

Poteau de charge ; poteau incliné en maniere de guette, pour soulager la charge dans une cloison ou un pan de bois.

Poteau de fond ; c’est un poteau qui porte à plomb sur un autre dans tous les étages d’un pan de bois.

Poteau de membrure ; piece de bois de 12 à 15 pouces de gros, réduite à 7 ou 8 pouces d’épaisseur jusqu’à la console ou corbeau qui la couronne, & qui est pris dans la piece même, laquelle sert à porter de

fond les poutres dans les cloisons & pans de bois.

Poteau de remplage ; poteau qui sert à garnir un pan de bois, & qui est de la hauteur de l’étage.

Poteau d’huisserie ou de croisée, poteau qui fait le côté d’une porte ou d’une fenêtre. Ces poteaux doivent avoir 6 à 8 pouces de gros. Et quand on veut qu’ils soient apparens dans une cloison recouverte des deux côtés, il faut qu’ils aient au-moins 2 pouces de gros plus que les autres.

Poteau montant ; c’est dans la construction d’un pont de bois une piece retenue à plomb par deux contrefiches au-dessus du lit, & par deux décharges au-dessus du pavé, pour entretenir les lices ou garde-fous. (D. J.)

Poteau, (Comm. de bois.) piece de bois de sciage quand elle est au-dessous de 6 pouces, quoique de brin, équarrie ou d’équarrissage : quand elle est au-dessus, elle est ordinairement de chêne, de hêtre, de noyer, de poirier, de cornier ou d’aune.

Poteaux d’écurie, s. m. pl. (Charp.) morceaux de bois tournés enfoncés dans la terre, d’où ils sont élevés d’environ quatre piés, & qui ont quatre pouces de gros. Il servent à séparer les places des chevaux dans les écuries.

Poteaux de lucarne ; ce sont des poteaux placés à côté d’une lucarne, pour en porter le chapeau.

POTÉE, s. f. (Chimie & Art.) c’est le nom qu’on donne à une chaux d’étain. Lorsque l’on fait fondre de l’étain, il se forme à sa surface une poudre grise, qui n’est autre chose que ce métal calciné, & privé de son phlogistique ; c’est cette poudre que l’on nomme potée ; elle sert dans les arts à polir le verre & les glaces, les emaux, les pierres prétieuses, & les ouvrages en fer.

POTELETS, s. m. pl. (Charpent.) petits poteaux qui garnissent les pans de bois sous les appuis des croisées, sous les décharges, dans les fermes des combles, & les échiffres des escaliers. (D. J.)

POTELEUR, s. m. (Gram. Finan.) nom que les commis des aides donnent aux bourgeois qui vendent leur vin à pot & à pinte, sans cabaret ni taverne.

POTELOT, s. m. (Comm. de plomb.) espece de pierre minérale, qu’on appelle communément mine de plomb, & quelquefois plomb minéral, plomb de mine, & crayon ; c’est cette pierre que les anciens nommoient plombagine ou plomb de mer. (D. J.)

POTENCE, s. f. (Gram.) gibet de bois, composé d’un montant, à l’extrémité duquel il y a un chevron assemblé, lequel chevron est soutenu en-dessous par une piece de bois qui s’emmortaise & avec le montant & avec le chevron. C’est à l’extrémité de ce chevron qu’est attachée la corde que l’exécuteur passe au col du malfaiteur.

Potence, furcilla subalaris, bâton ou béquille en forme de la lettre T, dont les estropiés se servent pour se soutenir. Le bâton est de la longueur du corps depuis le dessous de l’aisselle jusqu’au talon ; il est garni à son bout inférieur d’un morceau de fer à plusieurs pointes, afin qu’il ne glisse point sur un terrein uni. La partie supérieure porte une traverse de bois de 7 à 8 pouces, qu’on fait garnir ordinairement d’étoffe rembourrée, pour ne point blesser l’aisselle. Le mot de potence a vieilli dans l’usage vulgaire ; on donne à ce soutien le nom de béquille. Les personnes qui ont eu les jambes ou les cuisses fracturées, ou qui ont été tenues long-tems dans l’inaction des parties inférieures, par quelque cause que ce soit, ne peuvent marcher dans les premiers tems de leur guérison qu’avec le secours des potences. Elles leur servent de point d’appui jusqu’à ce que les muscles aient repris leur vigueur, & que les ligamens assouplis cedent à la force motrice.

Si, par quelqu’accident, une jambe demeuroit plus