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Posnanie ou Posen, (Géog. mod.) en latin moderne Posna ; ville de la grande Pologne, capitale du palatinat du même nom, sur la rive gauche de la Warta, dans une belle plaine, à 11 lieues au couchant de Gnesne, à 18 de Kalisch, & à 50 de Varsovie.

Cette ville prétend être la capitale de la grande Pologne : elle est du-moins ville commerçante, & l’entrepôt des marchandises qu’on apporte d’Allemagne en Pologne, ou qu’on transporte de Pologne en Allemagne. Miecislas I. duc de Pologne, y fonda un évéché en 966. Lubrantius, évêque de Posnanie, y établit un collége public. Long. 35. 8. latit. 52. 25. (D. J.)

POSPOLITE, s. m. (Hist. mod.) C’est ainsi que l’on nomme en Pologne un ordre par lequel dans les besoins pressans de l’état, tous les sujets tant nobles que roturiers qui sont en état de porter les armes, sont obligés de se rendre en un lieu marqué, & de servir la république à leurs dépens pendant l’espace de six semaines. Quelquefois les ecclésiastiques eux-mêmes ne sont point exempts de la nécessité d’obéir à cette convocation.

POSSÉDÉ, (Critique sacrée.) Δαιμονιζόμενος. Cette troupe de possédés qui se trouva du tems de Jesus-Christ, & qui continua jusqu’à l’abolition du Paganisme, surprend des lecteurs qui ne sont que médiocrement crédules. D’où vient que cette maladie a cessé avec les lumieres de la Médecine ? c’est qu’elle n’avoit que des causes naturelles qui nous sont connues. Aussi d’habiles gens qui respectent l’autorité des saints livres, ont peine à se persuader que les possédés dont parle l’Evangile, fussent réellement tourmentés par des démons.

Cette opinion ne doit scandaliser personne, parce que les miracles de Jesus-Christ, qui guérissoit ces sortes de malades, n’en sont que plus grands ; car que des êtres malfaisans obéissent au commandement de Jesus-Christ, ce n’est pas une chose si miraculeuse que de faire cesser des maladies les plus opiniâtres, les plus rebelles & les plus incurables, en n’employant cependant qu’une simple parole, un signe, un attouchement. Notre Sauveur ne jugeoit point devoir corriger les erreurs des Juifs sur la nature de ces maladies ; il ne disputoit pas, il guérissoit.

De plus, il paroît étrange à ceux qui réfléchissent, qu’il fallût plus d’un mauvais esprit pour tourmenter une personne. Les sept démons de Marie Magdeleine pouvoient sans doute loger dans une seule femme ; mais un seul ne suffisoit-il pas pour la rendre très-malheureuse ? Le démoniaque qui s’appelloit Légion, n’étoit autre chose qu’un furieux, un phrénétique à qui ses forces faisoient dire qu’il s’appelloit Légion, parce qu’il croyoit être possédé de démons en grand nombre.

Enfin, le mot δαίμων est un terme vague qui dans les auteurs grecs se prend pour génie, fortune, destinée, sort, malencontre ; genium, fortunam, fatum, sortem. Δαιμονάω signifie intemperiis agor, dit Budée ; ainsi, continue-t-il, dans S. Luc κακοδαίμων, sumi videtur pro eo qui intemperiis agitur. Ce mot dans Plutarque, vie de Périclès, se prend pour insanio, furore teneor. Δαιμόνιος veut dire malheureux, misérable, dans Platon. Δαίμονια au neutre, signifie ombres, spectres. (D. J.)

POSSÉDER, AVOIR, (Synon.) Il n’est pas nécessaire de pouvoir disposer d’une chose, ni qu’elle soit actuellement entre nos mains, pour l’avoir, il suffit qu’elle nous appartienne ; mais pour la posséder, il faut qu’elle soit entre nos mains, & que nous ayons la liberté actuelle d’en disposer ou d’en jouir. Ainsi nous avons des revenus, quoique non payés ou même saisis par des créanciers ; & nous possedons des trésors. On n’est pas toujours le maître de ce qu’on a, on l’est de ce qu’on possede.

Ces deux mots se disent aussi au figuré, & alors posséder signifie en choses spirituelles & morales, tenir, régir, gouverner, administrer, remplir. On a les bonnes graces des personnes à qui l’on plaît. On possede l’esprit de celles que l’on gouverne absolument. Un mari a de cruelles inquiétudes lorsque le démon de la jalousie le possede. Un avare peut avoir des richesses dans ses coffres, mais il n’en est pas le maître ; ce sont elles qui possedent & son cœur & son esprit. Un amant a le cœur d’une dame lorsqu’il est aimé ; il le possede lorsqu’elle n’aime que lui.

En fait de sciences & de talens, il suffit pour les avoir d’y être médiocrement habile ; pour les posséder, il y faut exceller. Alors posséder signifie savoir parfaitement. Ceux qui ont la connoissance des arts, en savent & suivent les regles ; mais ceux qui les possédent, font & donnent des regles à suivre. (D. J.)

POSSESSEUR, s. m. (Jurispr.) est celui qui détient quelque chose.

On distingue deux sortes de possesseurs, l’un de bonne foi, l’autre de mauvaise foi.

Le possesseur de bonne foi est celui qui a lieu de penser que sa possession est légitime.

A moyens égaux & dans le doute, la cause de celui qui possede est toujours la meilleure.

Il a aussi l’avantage de faire les fruits siens, & de répéter en tout événement les impenses utiles & nécessaires, & même voluptuaires qu’il fait de bonne foi.

Le possesseur de mauvaise foi est celui qui ne peut ignorer qu’il détient la chose d’autrui.

Il est obligé de restituer tous les fruits qu’il a perçus ou dû percevoir.

A l’égard des impenses, il ne peut répéter que les nécessaires ; & quant à celles qui ne sont qu’utiles ou voluptuaires, elles sont perdues pour lui, à moins qu’il ne puisse enlever ce qu’il a édifié sans endommager le surplus.

Depuis la contestation en cause, le possesseur de bonne foi devient pour l’avenir de même condition que le possesseur de mauvaise foi, c’est-à-dire qu’il ne gagne plus les fruits. Voyez au cod. livre III, le titre XXXII. & les mots Bonne foi, Mauvaise foi, Possession, Possessoire. (A)

POSSESSIF, ve (Gramm.) adjectif usité en Grammaire pour qualifier certains mots que l’on regarde communément comme une sorte de pronoms, mais qui sont en effet une sorte d’adjectifs distingués des autres par l’idée précise d’une dépendance relative à l’une des trois personnes.

Les adjectifs possessifs qui se rapportent à la premiere personne du singulier, sont mon, ma, mes ; mien, mienne, miens, miennes : ceux qui se rapportent à la premiere personne du pluriel, sont notre, nos ; nôtre, nôtres.

Les adjectifs possessifs qui se rapportent à la seconde personne du singulier, sont ton, ta, tes ; tien, tienne, tiens, tiennes : ceux qui se rapportent à la seconde personne du pluriel, sont votre, vos ; vôtre, vôtres.

Les adjectifs possessifs qui se rapportent à la troisieme personne du singulier, sont son, sa ses ; sien, sienne, siens, siennes : ceux qui se rapportent à la troisieme personne du pluriel, sont leur, leurs.

Sur cette premiere division des adjectifs possessifs, il faut remarquer que chacun d’eux a des terminaisons relatives à tous les nombres, quoique la dépendance qu’ils expriment soit relative à une personne d’un seul nombre. Ainsi mon livre veut dire le livre (au singulier) qui appartient à moi (pareillement au singulier) ; mes livres, c’est-à-dire les livres (au pluriel) qui appartiennent à moi (au singulier) : notre livre signifie le livre (au singulier) qui appartient à nous (au pluriel) ; nos livres, c’est la même chose que les