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Huissiers, qu’on fasse silence,
Dit, en tenant l’audience,
Un président de Baugé ;
C’est un bruit à tête fendre :
Nous avons déja jugé
Dix causes, sans les entendre.

D’autresfois c’est la malignité : il est inutile d’en rapporter des exemples. Quelquefois c’est une absurdité qui n’étoit pas attendue. Tel est ce bon mot de Caton, rapporté par S. Augustin.

Autrefois un Romain s’en vint fort affligé,
Raconter à Caton que la nuit précédente
Son soulier des souris avoit été rongé :
Chose qui lui sembloit tout-à-fait effrayante ;
Mon ami, dit Caton, reprenez vos esprits :
Cet accident en soi n’a rien d’épouvantable :
Mais si votre soulier eût rongé les souris,
Ç’auroit été sans doute un prodige effroyable.

Barraton.

Mais de toutes les especes de pointes épigrammatiques, il n’y en a guere qui frappent plus que les retours inattendus :

Un gros serpent mordit Aurele,
Que croyez-vous qu’il arriva ?
Qu’Aurele en mourut ? bagatelle.
Çe fut le serpent qui creva.


(D. J.)

Pointe, (Géog. mod.) mot employé dans la Géographie, comme dans la Marine, pour désigner une longueur de terre qui s’avance dans la mer. On dit, par exemple, la pointe de l’est, de l’ouest, du sud ou du nord, pour dire la pointe d’une terre qui regarde quelqu’une de ces différentes parties du monde. Assez souvent on prend le mot pointe pour dire une langue de terre, & même un cap : il répond alors aux mots promontorio, capo ou ponta des Italiens, & aux mots promontorio, cabo & punta des Espagnols.

Ainsi on appelle pointe de S. Pierre, la partie la plus orientale de l’ile de Cadix sur la côte d’Espagne. Ce lieu se nommoit anciennement Heraclium à cause du fameux temple d’Hercule qu’on y avoit bâti.

On appelle pointe de S. Sébastien la partie la plus occidentale de Cadix, nomme autrefois Cronium, à cause d’un temple de Saturne qui y étoit. (D. J.)

Pointe, terme de Blason, la partie inférieure de l’écu qui aboutit ordinairement à une petite pointe. C’est aussi une piece qui monte du bas de l’écu en-haut, & qui étant plus étroite dans sa largeur que le chappé, occupe seulement le tiers de la pointe de l’écu. On appelle pointe en bande, pointe en barre, celle qui est posée dans la situation de la bande ou de la barre. Pointe en face est celle qui est mouvante d’un des flancs de l’écu ; & pointe renversée celle qui étant mouvante du chef contre-bas, occupe les deux tiers du chef en diminuant jusqu’à la pointe de l’écu, sans la toucher néanmoins.

Pointe, s. f. (Archit.) c’est l’extrémité d’un angle aigu, comme l’encoignure d’un bâtiment, du bout d’une île, d’un mole, &c.

On appelle aussi pointe le sommet d’un clocher, d’une obélisque, d’un comble, &c.

Pointe, s. f. terme générique d’ouvriers, extrémité d’un corps aigu, propre à percer ou à trancher quelque chose. Il y a plusieurs ouvriers & artisans qui donnent le nom de pointes à quelques-uns de leurs outils, mais qui sont bien différens les uns des autres, soit pour la forme, soit pour l’usage. Voyez les articles suivans. (D. J.)

Pointe a tracer, outil d’Arquebusier, c’est un morceau de fer quarré par le milieu, & sort pointu de deux côtés ; cet outil est environ long d’un demi-pié ;

les Arquebusiers s’en servent pour tracer des

ornemens sur les bois de fusil & autres.

Pointe, (Ardoiserie.) voyez l’article Ardoise.

Pointe, coup de, (Métier a bas.) voyez cet article.

Pointe, en terme de Boutonnier, est une lame aiguë, taillée en langue de serpent, & montée sur un mandrin de bois, qui s’enfonce dans une poupée jusqu’à une espece de bourrelet, qui termine ce mandrin du côté du fer. La pointe sert à percer diverses prises d’ouvrages qui ont besoin de l’être, & elle est fortement emmanchée dans son mandrin.

Pointe, c’est un instrument de fer aigu, mais en langue de serpent, montée sur une mollette. Cet outil sert à faire les quatre trous pour la corde à boyau.

Pointes, ce sont des aiguilles sans tête que l’on fiche dans le bas du moule le plus près du bord qu’il est possible à distances égales, pour asseoir les premiers jets de poil, soie ou or. C’est sur ces pointes que se font les coins. Voyez Coins.

Pointe a tracer, en terme de Bijoutier, c’est une espece de petit ciselet dont on se sert pour former légerement dans l’ouvrage les traits qu’on n’a fait que marquer avec les crayons.

Pointe, en terme de Bourserie, est un morceau d’étoffe coupé en triangle, qui entre dans la fabrique d’un bonnet ou d’une calotte.

Pointes pour trier, terme de Cartier, ce sont des petits bouts de lames de couteau garnies de leurs manches, dont ces ouvriers se servent pour éplucher le papier avec lequel ils fabriquent les cartes, & en ôter toutes les saletés & les inégalités.

Pointe, (Ciseleur.) les Ciseleurs appellent pointes de petits ciselets pointus, dont ils se servent pour achever les figures, & leur donner plus de relief.

Pointe, s. f. terme de Cloutier, clou sans tête, dont les Tapissiers, &c. se servent pour attacher les tapisseries au mur.

Pointe, s. f. terme de Coëffeuse, c’est la partie de la coëffure qui vient sur le front.

Pointe, s. f. terme de Coutelier, c’est la partie la plus grosse & la plus large du rasoir qui est vers le bout. (D. J.)

Pointe, en terme d’Epinglier, s’entend de l’extrémité aiguë de l’épingle qui se fait sur une meule de fer dentelée, sans avoir aucun égard au degré de finesse qu’elle y acquiere. Voyez Meule, petite & grosse Pointe.

Grosse pointe, est celle que forme la grosse meule dans l’ébauchage ; elle est courte & épaisse, au lieu que la petite pointe est alongée & fort fine.

Pointe fine, s’entend de la perfection où l’on met la pointe d’une épingle après l’ébauchage, ce qui s’appelle proprement repasser. Voyez Ebaucher & Repasser.

Pointe, (Fourbisseur.) c’est un morceau de fer, de bon acier, de dix à onze pouces de long, de forme triangulaire, dont les angles qui sont très-tranchans se terminent en pointe d’un côté, & en une queue de l’autre, qui sert à le monter dans un manche de bois. Cet outil sert à percer & ouvrir le pommeau, qui est la derniere piece de la monture d’une épée. (D. J.)

Pointes, petites, outil de Graveur à l’eau forte, sont des aiguilles à coudre de la meilleure qualité, c’est-à-dire de bon acier, qu’ils emmanchent dans un petit bâton, & qui leur servent à emporter le vernis dont la planche est couverte, & y former les traits les plus fins. Voyez Gravure a l’eau-forte, & les fig. Planches de la Gravure. On aiguise les pointes sur la pierre à l’huile comme tous les autres outils qui sont à leur usage. Le petit bâton qui sert de manche aux pointes est de quatre pouces de long, & a une pointe à chaque bout ; on se sert des pointes grosses ou petites comme d’un crayon, avec lesquelles on dessine sur le vernis ce qu’on s’est proposé de faire.