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divisé en dix-huit grains, & selon Georges Agricola en quatre siciliques ; chaque grain en quatre parties. Le plus fort poids de cette suite est donc le marc, lequel peut, comme celui du §. précédent, être représenté par celui de seize livres du quintal d’essai, auquel cas la livre de celui-ci vaudra un loth de celui-là.

Le second poids de ce marc est petit, c’est-à-dire, le plus fort après le premier sera de huit loths ; le troisieme, de quatre ; le quatrieme, de deux ; le cinquieme, d’un seul ou de dix-huit grains ; le sixieme, d’un demi-loth ou de neuf grains. On peut encore substituer à ce dernier la demi-livre du quintal fictif. Quant à la division des grains du poids en question, on aura recours aux mêmes expédiens que pour les demi-onces du quintal en petit, c’est-à-dire, au cylindre d’argent (§. 5.). Son septieme poids sera donc de six grains ; le huitieme, de trois ; le neuvieme, de deux ; le dixieme, d’un seul ; l’onzieme, d’un demi ; & le douzieme enfin, d’un quart de grain. Ces grains auront des cases particulieres, de peur qu’on ne les confonde avec les demi-onces du quintal imaginaire.

Au reste, s’il prenoit fantaisie à quelque artiste de se faire un poids particulier en suivant notre division, nous n’avons pas d’autres avis à lui donner que ceux que nous avons exposés au §. 5. & suivans ; excepté pourtant que son principal poids de marc ne doit être tout-au-plus que de l’équivalent de celui de seize livres du quintal d’essai, comme nous l’avons dit aussi. Il est arbitraire à-la vérité de choisir tel poids absolu qu’on voudra, pour lui donner les divisions reçues : mais aussi un poids trop considérable est contraire aux vûes de l’art, puisqu’il ne s’occupe que de travaux en petit & non en grand. On fait principalement usage en Allemagne des deux poids de marc du §. 5. & de celui-cl.

13°. Dans la Flandre, au lieu des poids exposés aux §. 10 & 12. on se sert d’un poids de semelle que l’on divise idéalement en douze deniers. chacun desquels est sous-divisé en vingt-quatre grains. Ces douze deniers pesent un demi-gros réel ; c’est donc le poids que l’on donne au premier de la suite. Le second est de six deniers ; le troisieme, de trois ; le quatrieme, de deux ; le cinquieme, d’un seul ; le sixieme, de douze grains ; le septieme, de six ; le huitieme, de trois ; le neuvieme, de deux ; & le dixieme, d’un seul. On néglige les autres divisions.

14°. Quant à l’alliage de l’or par l’argent & le cuivre, on y fait usage d’un poids de semelle (carathgewicht), que l’on divise idéalement en vingt-quatre karats (carath.). Chaque karat se divise aussi imaginairement en douze grains ; le premier poids de la suite pese donc, ainsi qu’il convient, vingt-quatre karats ; le second, douze ; le troisieme, six ; le quatrieme, trois ; le cinquieme, deux ; le sixieme, un seul ; le septieme, un demi ou six grains, le huitieme, trois ; le neuvieme, deux ; le dixieme, un grain.

Il y a encore un grand nombre d’especes de poids, différentes de celles dont nous venons de parler §. 1. & suivans. Mais toute l’étendue dont cette matiere est susceptible n’est point de notre plan. On peut consulter à ce sujet le septieme livre de la métallique de Georges Agricola ; Docimastiq. de Crammer. (D. J.)

Poids, (Pharmacie.) Les Apoticaires se servoient autrefois de la livre de Médecine, qui étoit composée de douze onces, chacune moindre d’un sixieme que l’once poids de marc usité à Paris. Car cette once de Médecine étoit composée de huit gros ou dragmes qui n’étoient chacune que de soixante grains, au lieu que le gros poids de marc contient soixante-douze des mêmes grains.

Aujourd’hui les Apothicaires ne se servent plus en France & dans presque tous les pays de l’Europe, que de la livre civile ou marchande usitée dans cha-

que pays ; & lorsque quelques auteurs désignent une

quantité de quelque remede par la livre de Médecine, ils ont soin d’ajouter l’épithete medica au mot libra. Reste donc à savoir seulement quelle est la livre usitée en chaque pays. Voyez Livre, Commerce.

La livre se désigne ainsi dans les formules de Médecine par ce caractere ℔ ; l’once, par celui-ci ℥ ; le gros, par celui-ci ʒ ; le tiers du gros, que les Médecins appellent scrupule, par celui-ci ℈ ; & enfin le grain, par les lettres initiales gr. (b)

Poids, terme de Monnoie, c’est l’épreuve de la bonté des especes de monnoie.

Ces poids sont ordinairement de cuivre, de plomb ou de fer ; dans quelques endroits des Indes orientales, ils ne sont que de pierre : mais comme la sûreté & la bonne foi du commerce, dépendent en partie de la fidélité & de la justesse des poids, il n’y a guere de nation, pour peu qu’elle soit policée, qui n’ait pris des précautions pour en empêcher la falsification. La plus sûre de ces précautions est ce qu’on appelle communément l’étalonnage, c’est-à-dire, la vérification & la marque des poids, par des officiers publics sur un poids matrice & original, qu’on appelle étalon, déposé dans un lieu sûr, pour y avoir recours quand on en a besoin. Cet usage est de la premiere antiquité. En Angleterre, l’étalon est gardé à l’échiquier ; & tous les poids de ce pays-là sont étalonnés sur ce pié original, conformément à la grande charte. En France, le poids-étalon se garde dans le cabinet de la cour des monnoies. (D. J.)

Poids originaux, (Monnoie.) ce sont des poids de cuivre avec leurs boîtes de même métal, assez proprement travaillés, & que le roi Jean qui régnoit en 1350 fit faire. On les a mis en dépôt à la cour des monnoies à Paris, & on s’en sert en cas de nécessité pour régler tous les autres poids. (D. J.)

Poids, clous au, (Clouterie.) Les clous au poids, dans le négoce de Clouterie, sont plus forts que les broquettes, & commencent où elles finissent ; ils vont depuis deux livres jusqu’à quarante livres au millier. Ils s’achetent presque tous à la somme, composée de douze milliers ; dans le détail on les vend ou à la livre, ou au compte. (D. J.)

Poids du sanctuaire, (Théologie.) expression fort usitée dans l’Ecriture. Moise parle souvent du poids du sanctuaire, lorsqu’il est question de marquer un poids juste, public & sûr.

Plusieurs savans ont prétendu que ce poids du sanctuaire étoit plus fort que le poids ordinaire. D’autres au contraire ont donné un plus grand poids au poids commun qu’au poids du sanctuaire. Ils sont encore partagés sur la valeur & sur le poids de ces deux sicles, & sur la distinction qu’il y a à faire entre le sicle du sanctuaire & le sicle public, ou le sicle du roi ou le sicle commun. Voyez Sicle.

Les uns croient que le poids du sanctuaire & le poids du roi sont mis par opposition au poids des peuples étrangers comme les Egyptiens, les Chananéens, les Syriens. D’autres veulent que le poids du roi signifie le poids babylonien, & que par le poids du sanctuaire il faut entendre le poids des Juifs.

Les meilleurs critiques soutiennent que la distinction du poids du sanctuaire & du poids public est chimérique ; que toute la différence qu’il y a entre ces deux poids est celle qui se trouve entre les étalons qui se conservent dans un temple ou dans une maison de ville, & les poids étalonnés dont se servent les marchands & les bourgeois. On voit par les Paralipom. liv. I. c. xxij. v. 29. qu’il y avoit un prêtre dans le temple qui avoit soin des poids & des mesures : super omne pondus & mensuram. Et Moïse ordonne, Levitic. xxvij. 25. que toutes choses estimables à prix d’argent seront estimées sur le pié du poids du sanctuaire. D’ailleurs il ne marque point de différence en-