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moindres d’un septieme. Le man commun qui sert à peser les marchandises, consiste pareillement en 40 serres, chaque serre valant 12 onces de Paris, ou les des autres serres.

Le man peut être regardé comme le poids commun des Indes orientales, quoiqu’il change de nom ou plutôt de prononciation. A Cambaye on l’appelle mao, & dans les autres lieux mein & maun. Le seer est, à proprement parler, la livre indienne, & est d’un usage général ; on en peut dire autant du bahar, tael, & du cati ci-dessus mentionnés.

Les poids de Siam sont les pices qui contiennent deux schans ou catis. Quant au cati de Siam, il n’est que la moitié de celui du Japon, ce dernier contenant 20 taels, tandis que le premier n’en contient que 10 ; quelques auteurs font le cati chinois de 16 taels, & celui de Siam de 8.

Le tael contient 4 baats ou ticals, chacun d’environ une once de Paris ; le baat contient 4 selins ou mayons, le mayon 2 fouangs, le fouang 4 payes, la paye 2 clans, le sous-paye la moitié du fouang. Savary.

Il faut remarquer que ces noms conviennent également aux monnoies & aux poids, parce que l’or & l’argent dans ces pays-là se vendent aux poids comme les autres marchandises. Voyez Monnoie.

Dans l’île de Java, & particulierement à Bantam, on se sert du gansart qui pese à-peu-près 3 livres hollandoises. A Golconde, à Visapour & à Goa, on a la furatelle, qui est du poids de 1 livre & 14 onces d’Angleterre ; le mangalis ou mangelin qui sert à peser le diamant, les pierres précieuses, & dont le poids est à Goa de 5 grains, & à Golconde de 5 grains. On a aussi le rotolo valant 14 onces d’Angleterre, le metricol qui est la sixieme partie d’une once, le vall pour les piastres & les ducats, & qui vaut la soixante-treizieme partie d’un rial.

Dans la Perse on se sert de deux sortes de batmans ou mans, l’un appellé cahi ou cheray, qui est le poids du roi, & l’autre est appellé batman de Tauris, d’un nom des principales villes de Perse.

Le premier, suivant Tavernier, pese 13 livres 12 onces d’Angleterre, le second 6 livres. Suivant le chevalier Chardin le batman du roi est de 13 livres 14 onces, & le batman de Tauris de 6 livres : on les divise en vatel, qui en font la seizieme partie ; en derhem ou drachme, qui sont la cinquantieme partie ; en meschal moitié du derhem ; en dung, qui est la sixieme partie du meschal, & qui équivaut à 6 grains de carat, & enfin en grain, qui est la quatrieme partie du dung. Il y a aussi le vakié, qui excede un peu l’once d’Angleterre, le sahcheray valant la 1170e partie du derhem, & le toman qu’on emploie pour faire de grands payemens sans parler ; son poids est celui de 50 abassis. Savary. Voyez Toman.

Poids d’Afrique & d’Amérique. Nous avons peu de chose à dire des poids qu’on emploie en Amérique, parce que dans les différentes colonies qui y sont établies on emploie les mêmes poids que ceux des pays de l’Europe auxquels elles sont soumises. Quant à la roue du Pérou, qui est de 27 livres, c’est évidemment le même poids que l’arrobe espagnol, dont le nom a été un peu altéré.

Quant à l’Afrique, il y a peu d’endroits où l’on se serve de poids, excepté en Egypte & dans les côtes de l’Afrique, dont les poids ont été comptés parmi ceux des ports du Levant, &c.

Sur les côtes qui sont par-delà le Cap-verd, comme la Guinée, le Congo, à Stofala, Mozambique, il n’y a pas de poids particuliers ; mais les Anglois, les François, les Hollandois, les Portugais y ont introduit leurs poids, chacun dans leur établissement.

Dans l’île de Madagascar il y a des poids particuliers, mais aucun de ces poids n’excede une dra-

chme, ils ne servent qu’à peser l’or & l’argent, car ils

ne pesent jamais les autres choses ; le gros s’y nomme sompi, le demi gros vari, le scrupule ou denier sacare, le demi-scrupule ou obole nanqui, les six grains nangue ou nanque ; pour le grain il n’a point de nom propre. On trouvera dans ce Dictionnaire tous les noms de ces différens poids expliqués, & leur évaluation avec les poids de France ou d’Angleterre. Voyez chaque nom de poids sous son titre particulier.

Poids, bon poids, (Comm.) on appelle bon poids en Hollande, & particulierement à Amsterdam, un excédent de poids que le vendeur accorde à l’acheteur par gratification.

Cet excédent est de deux sortes ; l’un qui est établi depuis long-tems & qu’on paye toujours sans contestation ; l’autre qui est nouveau, & qui cause souvent des disputes. La déduction pour le bon poids anciennement établie, va pour l’ordinaire à un pour cent, & au plus à deux, suivant la nature des marchandises. On peut consulter sur cette matiere la table qu’en a donnée le sieur Ricard dans son traité du négoce d’Amsterdam, imprimé en 1722. Quant au nouvel excédent de bon poids, c’est aux acheteurs à le solliciter & à l’obtenir, & aux vendeurs à se défendre de l’accorder. Dictionnaire de commerce.

Poids du Roi ou Poids-le-Roi, c’est en France une balance publique établie dans la douane de Paris, pour peser toutes les marchandises qui y arrivent, & qui sont contenues dans les tarifs dressés à cet effet.

L’établissement du poids-le-roi à Paris est d’une grande antiquité, & l’on en trouve des traces des avant le tems de Louis VII. Jusqu’au regne de ce prince, il avoit été du domaine royal, mais en 1069 il fut aliéné à des particuliers à la charge néanmoins de la foi & hommage. Il paroît qu’en 1238 les droits du poids-le-roi étoient retournés au domaine, ce qui dura plus d’un siecle ; après quoi ayant été de nouveau aliéné, une partie passa au chapitre de Paris en 1384, ce corps en acquit l’autre moitié en 1417, & il en a été depuis en possession jusqu’en 1693 qu’il fut de nouveau réuni au domaine.

Sauval remarque que pendant très-long-tems les poids dont on se servoit pour peser les marchandises au poids-le-roi n’étoient que des cailloux d’où l’aide du peseur étoit appellé lieve-caillou, ce qui lui fait conjecturer qu’alors les étalons n’étoient eux-mêmes que de pierre, ce que paroissent autoriser les poids de quelques cantons & villes d’Allemagne, qui conservent encore le nom de pierre. Voyez Pierre.

Le droit de poids-le-roi dont il est tenu registre par les commis du poids, est de deux sortes ; l’un qui est de 10 sols 5 deniers par cent pesant, & du plus ou du moins par proportion jusqu’à une livre, se paye sur toutes les drogueries & épiceries ; & l’autre qui n’est que de 3 sols aussi le cent pesant, & du plus ou du moins sur toutes les autres marchandises communes d’œuvre-de-poids, comme parlent les ordonnances. Voyez Œuvre-de-poids.

Amsterdam a aussi ses poids publics, dont l’un est établi dans la place du Dam devant l’hôtel-de-ville, où il y a sept balances pour peser les grosses marchandises, comme sucres, prunes, fanons, laines, &c. & une pour peser les marchandises fines, telles que les soies, la cochenille, l’indigo, &c. un second poids public établi dans le marché-neuf à cinq balances, & un troisieme dans le marché au beurre en a seulement quatre.

On ne s’y sert que du poids de marc. Depuis une livre jusqu’à 25 livres le droit du poids est comme de 25 livres ; depuis 25 livres jusqu’à 50 livres comme de 50, depuis 50 jusqu’à 75 comme de 75, & depuis 75 jusqu’à 100 comme de 100. On peut voir dans le