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trois pouces de tour[1] nouée d’environ quinze pouces en quinze pouces de distance que l’on suspend, & que l’on attache bien solidement au haut du bâtiment, ou de l’endroit où l’on doit monter.

La fig.48. est un autre instrument appellé jambette, parce qu’il se passe dans les jambes : c’est une forte courroie qui passe dans une esse A arrêtée avec de la ficelle en B, à laquelle sont attachées deux autres courroies C qui traversent, y ayant à chacune une boucle. On place un pareil instrument dans chaque jambe, en observant de mettre la partie D de la courroie sous la plante du pié : ces deux instrumens étant ainsi bouclés, & la corde nouée (fig. 49) étant attachée, on accroche alternativement les esses A de chaque jambette (fig. 48.) dans chaque nœud de la corde ; & de nœud en nœud, comme d’échelon en échelon, ou de degré en degré, on arrive enfin au haut de l’endroit où l’on a besoin de travailler : on a soin de porter avec soi en montant l’instrument (fig. 47) appellé sellette qui est composé d’une planchette A suspendue par quatre cordes B, & fixée aussi à une esse C pour l’accrocher dans un nœud de la corde nouée, lorsque l’on est arrivé au lieu où l’on a affaire ; & ainsi accrochée, on peut s’asseoir fort commodément dessus, & travailler fort à son aise.

La fig. 50 est un instrument appellé bâton à labourer : on s’en sert par le bout A qui est un peu aminci pour labourer le sable sur lequel on coule le plomb en table.

La fig. 51. est un levier de bois d’environ quatre, cinq ou six pouces de grosseur sur quatre, six & huit piés de long. Il y en a de plusieurs especes dans les atteliers, & ils servent tous pour lever des fardeaux de plomb, ou pour transporter des rouleaux en table ou autrement.

La fig. 52. est un instrument appellé batte plate : c’est une espece de demi-cylindre A de bois, portant dans son milieu un manche de bois B par lequel on le tient : on s’en sert pour dresser des tables de plomb en frappant à plat dessus.

La fig. 53. est une autre batte faite pour arrondir des tuyaux ou autres ouvrages de cette espece : le côté A qui est circulaire, est fort commode pour les dresser en frappant intérieurement.

La fig. 54. est encore une batte d’une autre forme aussi employée à-peu-près aux mêmes usages.

La fig. 55. est un marteau dit marteau de Plombier, parce qu’il differe de celui des autres arts, en ce que son manche est retenu dans l’œil du marteau par des petites plates-bandes A à queue d’aronde attachées & rivées sur le manche : le côté B de ce marteau est appellé comme les autres, tête du marteau ; & le côté C panne du marteau.

La fig. 56. est un instrument appellé compas fait pour prendre des distances égales.

La fig. 57. est un instrument de fer appellé plane, garni d’un tranchant A aciéré : cet instrument est à pointes coudées par chaque bout B emmanché dans un manche de bois : on s’en sert en le tenant à deux mains, pour planer ou couper du bois propre à faire des calles, serres, ou autres choses nécessaires pour s’équipper.[2]

La fig. 58. est un instrument appellé niveau, qui sert à placer sur les chaîneaux, gouttieres, &c. pour leur donner une pente convenable pour l’écoulement des eaux, en faisant porter dessus les piés A : au milieu est un petit plomb B suspendu à une ficelle qui marque le degré d’inclinaison du plan sur lequel il est posé.

La fig. 59. est un instrument de fer appellé debordoir

rond, avec un tranchant aciéré A à pointe par chacune de ses extrémités, & emmanché comme la plane (fig. 57.) dans deux manches de bois : on s’en sert aussi de la même maniere pour de pareilles choses.

La fig. 60. est un plomb A suspendu à une ficelle B qui sert à jauger si les ouvrages que l’on pose, sont perpendiculaires.

Les fig. 61, 62, 63, 64, 65, 66 sont divers ouvrages de plomberie les plus ordinaires, & dont nous n’avons point encore parlé.

La premiere (fig. 61.) est appellée plomb, & communément dans les maisons plomb : elle sert pour les tuyaux de descente pour l’écoulement des eaux, & pour la commodité des locataires, on en place ordinairement une à chaque étage, attachée sur le mur avec des crampons de fer & des cloux ; le tuyau inférieur va descendre dans la hotte de l’étage inférieur, & de hotte en hotte, les eaux s’écoulent jusqu’en bas.

La fig. 62. est un chaîneau de plomb de la longueur que l’on a besoin, & d’une grandeur proportionnée à la quantité des eaux qui y passent, fait pour transporter celles qui viennent d’un tuyau dans un autre, & qui assez souvent dans les maisons vont s’écouler dans les hottes dont nous venons de parler.

La fig. 63. est une goutiere qui n’est autre chose qu’une table de plomb pliée en trois, qui excede de deux ou trois piés les bâtimens, pour jetter dehors les eaux qui s’amassent sur les combles : comme ce plomb ne sauroit se soutenir seul, ayant autant de saillie, on le supporte par dessous avec une barre de fer plat.

La fig. 64. est une gouttiere d’une autre espece qui n’est autre chose qu’une table de plomb pliée angulairement dans le milieu, supportée par une piece de bois de même forme qui sert comme la précédente à jetter dehors les eaux des combles.

La fig. 65. est une lucarne de plomb que l’on place sur les combles, pour éclairer l’intérieur, ou donner de l’air dans les greniers, pour empêcher la charpente de se pourrir.

La fig. 66. est une portion de comble dont le faitage A, les arrestiers B & le poinçon C sont couverts de plomb en table.

Cette sorte de plomb sert pour toutes les especes de couverture de comble, soit en entier, soit en partie, les plates-formes, terrasses, & la plûpart des lieux d’une certaine importance, où l’on a besoin d’être à l’abri des pluies ou autres intempéries de l’air. Article de M. Lucote.

PLOMBEUR, s. m. (Chancellerie rom.) on appelloit autrefois plombeurs, ceux qui mettoient les plombs ou les bulles de plomb aux diplomes des papes, c’est-à-dire qui mettoient les sceaux ; ces sceaux étoient de quatre sortes, d’or, d’argent, de cire, & de plomb. Les papes ne mettoient le sceau à la bulle de plomb, qu’aux actes & aux diplomes de conséquence. D’abord ils avoient, dit-on, deux religieux de Cîteaux, qui étoient chargés d’imprimer l’effigie sur ces plombs, & qu’on appelloit à cause de cela les freres du plomb ; ensuite on en chargea des ecclésiastiques séculiers, qui furent appellés plombeurs. (D. J.)

Plombeur, (Commerce.) celui qui plombe, qui applique les plombs ou marques aux étoffes & autres marchandises. Voyez Plomb & Plombier.

A Amiens on dit ferreur, & en d’autres endroits marqueur. Voyez Ferreur & Marqueur. Dictionn. de Comm.

PLOMBIER, s. m. ouvrier qui fond le plomb, qui le façonne, qui le vend façonné & le met en œuvre dans les bâtimens, les fontaines, &c.

Les Plombiers forment à Paris une communauté, dont les derniers statuts sont du mois de Juin 1648, & contiennent quarante articles.

  1. On dit, en terme de Cordier, qu’une corde ou cordage a tant de tour, c’est-à-dire de circonférence ; & c’est ainsi qu’ils les mesurent toujours.
  2. On appelle s’équipper, préparer tout ce qu’il faut pour un genre d’ouvrage.