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plomb, jusqu’à ce qu’il devienne très-clair & très brillant. Si le plomb n’a qu’une ligne d’épaisseur, une soudure d’environ deux pouces, est assez large ; si le plomb en a deux, la soudure doit avoir environ trois pouces, & le reste à proportion. C’est la même chose pour des tuyaux soudés, figure 27, qui ne sont autre chose que du plomb en table, dont la largeur relative à la circonférence du tuyau que l’on veut faire, est arrondie & repliée sur elle-même, & soudée à côté, comme dans la figure précédente.

Si le plomb qui a été gratté est d’une forte épaisseur, il est nécessaire avant que de le souder de l’échauffer, soit avec des torches de paille ou des charbons de feu placés dessus & autour de l’endroit que l’on veut souder, soit avec des polastres, (fig. 39. & 40.) remplis de charbons allumés que l’on pousse dans l’intérieur des tuyaux : ensuite après avoir frotté l’endroit de poix-résine, on jette dessus une ou plusieurs cuillerées de soudure liquide qui l’échauffe encore plus, & en frottant les fers à souder (fig. 38. & 34.) sur le plomb, en maniant & pétrissant à diverses reprises avec un porte-soudure (fig. 38.), la soudure en forme de pâte mêlée toujours de tems en tems de poix résine, qui attire à soi les ordures & les crasses qui empêcheroient la soudure de s’agraffer. On étame bien le plomb ; on lie bien toute la soudure ensemble, dont on ôte le superflu en lui donnant la forme de côte B, fig. 9. 26, 27, 29 & 30, d’où elle tire son nom.

Il faut remarquer que s’il est tombé par hasard de l’eau ou de la poussiere sur le plomb gratté, ou si on l’a laissé trois ou quatre heures gratté sans l’étamer, la soudure alors ne peut plus s’y agraffer, & il faut absolument le regratter de nouveau pour pouvoir l’étamer.

Il faut savoir encore qu’un seul homme ne peut souder & faire chauffer les fers en même tems, surtout pour des ouvrages un peu longs ; il lui faut alors un aide qui fasse ce dernier ouvrage, & qui lui porte de momens à autres un fer chaud, en reprenant l’ancien qu’il fait chauffer de nouveau.

Des soudures a nœuds. Lorsque l’on veut faire des soudures à nœuds, dites nœuds de soudure, comme par exemple si c’est pour joindre deux tuyaux de plomb A & B, fig. 28. ensemble bout à bout, il faut, pour les préparer, les amincir sur leur circonférence chacun par le bout A & B que l’on veut souder, ensuite les gratter extérieurement de la longueur que l’on veut faire le nœud, qui doit être proportionnée à la grosseur des tuyaux : on les joint ensemble bout à bout en les faisant entrer un peu l’un dans l’autre, on verse de la soudure dessus & avec les fers à souder on les étame, on broie bien la soudure avec le porte-soudure, fig. 38. en en ôtant le superflu & observant, comme nous l’avons vû, de les souder aussi-tôt après qu’ils ont été grattés : si leur grosseur extérieure ne passe pas quatre pouces de diametre, la soudure liquide que l’on verse dessus suffit seule pour les échauffer ; mais si elle va au-delà de quatre pouces, on est obligé alors d’avoir recours à un feu étranger.

Les nœuds de soudure, fig. 30. faits pour joindre le plomb A avec le cuivre C, ou le cuivre avec le cuivre, different seulement en ce que le cuivre étant plus difficile à étamer, il faut le faire par avance en limant d’abord la partie extérieure qui doit être soudée avec la lime ou rape, fig. 43. en l’étamant ensuite, soit en le frottant avec des étoupes[1] ou les fers à souder, fig. 32. & 34. on joint l’un & l’autre bout à bout & on fait le nœud.

Toutes les soudures de Plomberie ne different presque point de celles que nous venons de voir, ce sont toujours des soudures à côte ou à nœuds, ce sont toujours pour tels ouvrages que ce soit le porte-sou-

dure, fig. 38. les fers à souder, fig. 32. & 34. la soudure

liquide que l’on verse dessus la poix résine dont on se sert ; il est vrai que celles qui se font sur des plans inclinés non-seulement sont plus difficiles, mais encore font perdre beaucoup de soudure.

De la maniere de séparer la soudure des vieux plombs. La maniere de séparer la soudure des vieux plombs est fort simple : elle ne consiste qu’à les environner de paille à laquelle on met le feu, ce feu échauffe la soudure au point de la faire casser & se détacher d’elle-même du plomb, ensuite on la ramasse pour la mettre à part ; car quoiqu’ayant déja servi & n’ayant plus autant de qualité que la nouvelle, elle ne laisse pas encore d’avoir une certaine valeur : d’ailleurs si on ne la séparoit pas & qu’on la mît indistinctement à la fonte avec le vieux plomb, elle ne manqueroit pas de lui ôter sa pureté, & de le rendre dur & cassant.

Explication des instrumens de Plomberie & de toutes les parties qui y ont rapport. La fig. premiere & la fig. 2. sont les formes des masses de plomb, telles qu’elles arrivent des mines. Quoiqu’il y en ait de plusieurs autres formes, ce sont cependant là les plus ordinaires, plus grosses ou plus petites ; leur poids differe depuis environ cinquante livres jusqu’à cent cinquante & deux cens livres. Cette fig. premiere se nomme navette, & cette fig. 2. saumon ; néanmoins sous cette derniere dénomination on comprend toute sorte de masses de plomb. Les masses d’étain ont à-peu-près la même forme & le même poids ; la différence est que comme ce dernier est beaucoup plus cher, & que l’on en emploie moins à la fois, on le réduit, pour la facilité du détail, à toute sorte de poids, jusqu’à des especes de petits chapeaux quarrés qui pesent environ six, huit & dix livres.

La fig. 3. est une cuillere de fer pour la commodité du transport du plomb liquide. Il y en a de plusieurs grandeurs selon le besoin que l’on en a, mais les plus grandes ne doivent guere contenir plus de quarante livres de plomb, poids qui seroit alors trop lourd pour la force d’un seul homme. Son extrémité inférieure est en forme de crochet, pour pouvoir la suspendre dans les atteliers.

La fig. 4. est une marmite de fer dans laquelle on peut faire fondre une certaine quantité de plomb ; elle est posée sur trois piés avec deux anses A, par lesquels on la transporte lorsqu’elle est pleine.

La fig. 5. est une poële aussi posée sur trois piés, avec deux anses A pour la transporter, employée aussi aux mêmes usages.

La fig. 6. est un instrument de fer mince, ou de forte tôle, appellé polastre, dans lequel on met de la braise ou charbon de bois allumé, pour faire chauffer les fers à souder fig. 32. & 34. en les plaçant tout-autour dans les échancrures A le gros bout en-dedans & la queue en-dehors. Cet instrument peut être quarré, rectangulaire, circulaire, ovale, ou d’autre forme que l’on juge à-propos.

La fig. 7. est un autre polastre dans lequel on peut aussi mettre la marmite à fondre le plomb ; & alors il sert aux deux usages à-la-fois, c’est-à-dire, à chauffer les fers & à fondre le plomb.

La fig. 8. est la coupe, la fig. 9. le plan géométral, & la fig. 10. l’élévation perspective du fourneau & de la chaudiere où on fait fondre le plomb, dont nous avons déja vû ci-devant la description.

La fig. 11. est le moule où l’on coule le plomb en table ; il est inutile de répéter l’explication que nous en avons déja vû ci-devant.

La fig. 12. est un instrument appellé rable, qui, comme nous l’avons dit, n’est autre chose qu’une planche de bois de chêne A, échancrée par chaque bout B, pour le faire entrer dans le moule qu’on meut d’un bout à l’autre par le manche C, & donner par ce moyen à la table de plomb l’épaisseur que l’on juge à-

  1. Des étoupes sont des tampons de filasse.