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bonnet, pour le rendre ferme tandis qu’elles ajustoient le reste de la coëffure.

Plomb est un morceau de plomb que l’on suspend au bout d’une ficelle pour prendre des à-plombs, des niveaux & autres choses semblables, à l’usage des ouvriers dans les bâtimens.

Aplomb, ligne droite qui est suspendue perpendiculairement, & dont l’extrémité inférieure tend au centre de la terre.

Plomb ou niveau à regle, est lorsque le plomb pendant au bout d’un fil tendu arrêté au sommet d’une regle, bat d’un bout à l’autre sur son échancrure.

Plomb ou niveau à talut, est celui qui étant arrêté au sommet d’un triangle, bat sur la base.

Ces deux dernieres especes sont employées par les Maçons, & presque tous les ouvriers du bâtiment.

Plomb à chas est celui qui passe par le trou d’un petit ais.

Plomb, ou niveau de Paveurs, est celui dont se servent les paveurs, & qui est suspendu au bout d’une regle qui se leve à angle droit sur le milieu d’une autre de cuivre ou de bois.

Plomb, ou niveau des Mathématiciens, est celui qui se trouve placé dans presque tous les étuis dits étuis de mathématique ; ce n’est autre chose qu’une équerre à deux branches de long, d’une desquelles est suspendu un petit plomb par une soie.

Plomb de sonde, est en terme de marine, un plomb fait en cône attaché au bout d’une corde appellée ligne, avec lequel on sonde dans la mer, soit pour en mesurer la profondeur, soit pour distinguer la qualité du fond.

Plomb, est aussi le nom que l’on donne à une maladie dont sont quelquefois attaqués ceux qui travaillent aux vuidanges des fosses d’aisance. Lorsque l’on n’y est pas fait, elle est suffocante, & ressemble par ses symptomes à l’apoplexie ; on risque beaucoup d’en mourir, si on n’est promptement secouru en prenant l’air & en vomissant.

Plomb blanc, en terme de philosophie hermétique, c’est le plomb liquide : le plomb fondu, dit-on, est la matiere des sages ; lorsqu’il est parvenu au noir très-noir, c’est le plomb des philosophes ; c’est l’ouvrage de la pierre des sages, ou le mercure hermétique. Quelques-uns d’eux appellent leur plomb la matiere qui se cuit dans l’œuf, lorsqu’elle est devenue comme de la poix fondue : c’est-là l’explication la plus véritable de leur sens caché.

Plombs de Rome, ou bulles sous plomb, étoient autrefois des especes de sceaux d’or, d’argent, de cire ou de plomb, apposés sur des papiers de conséquence : il y en avoit de deux sortes, l’une que l’on nommoit plomb de la chambre, étoit ordonné par le pape ; on lui apportoit les bulles auxquelles il donnoit sa bénédiction ; l’autre appellée plomb de la chancellerie, étoit ordonnée par quelques prélats qui y présidoient. Le plomb de Rome étoit très-cher : les officiers du plomb étoient le président, les collecteurs, les maîtres, & le receveur caissier.

Des soudures. La plomberie ne consiste pas seulement dans l’art d’employer le plomb des différentes manieres que nous l’avons vu, mais encore dans celui d’y faire les soudures nécessaires sur divers plans inclinés ou de niveau, pour le joindre avec d’autres métaux, & même pour joindre les métaux homogenes ou hétérogenes ensemble, ainsi que dans celui de composer une soudure analogue à chacun d’eux.

De la soudure en général. Lorsque l’on a des métaux à souder ensemble, on est obligé pour cela d’employer le même métal, ou au-moins un autre qui approche le plus qu’il est possible de sa nature, pour que ce nouveau métal puisse bien lier les autres ensemble, il faut qu’étant échauffé il puisse fondre avant

eux, & en coulant s’étendre & s’agraffer à leurs surfaces, & faire un corps solide lorsqu’il est figé. Ainsi un métal de même nature que celui que l’on veut souder, ne fondoit pas plutôt, ce qui ne pourroit réussir. On est donc alors obligé d’en allier un autre avec lui plus facile à fondre, & qui le fasse couler plus promptement ; c’est ce que l’on fait dans les soudures de chaque métal, ainsi que dans la plomberie, pour souder le plomb.

De la soudure en particulier. Le métal qui approche le plus de la nature du plomb, est comme nous l’avons vu, l’étain que les marchands vendent depuis vingt-huit sols jusqu’à trente-deux sols la livre, selon sa qualité ; c’est celui que les anciens appelloient autrefois plomb blanc, pour le distinguer de celui qu’ils appelloient plomb noir, & que nous appellons maintenant plomb ; mais ce métal seul étant fondu, devient presque aussi liquide que de l’eau, coule trop facilement, & ne peut par conséquent demeurer en place lors de son emploi, quoique cependant avec un peu d’art on en puisse venir à bout. D’ailleurs, étant froid, il seroit si dur, qu’il feroit casser le plomb dans l’endroit où l’un & l’autre se joignent ; ce qui arrive encore quelquefois malgré les précautions que l’on a prises lorsqu’on veut l’employer ; il est très-facile de corriger ce défaut en l’alliant avec du plomb. Cet alliage est encore un art selon les lieux où on l’emploie ; car comme les soudures se font également sur des plans horisontaux, verticaux, ou obliques, la soudure qui est trop facile à couler pour les uns, est très-bonne pour les autres ; & la dose de l’un & de l’autre est une connoissance nécessaire pour remédier à ces sortes d’inconvéniens.

Autrefois cette dose étoit de mêler ensemble autant de plomb que d’étain ; mais le tems ayant renchéri l’un & l’autre en proportion, les ouvriers plus avides maintenant du gain, ne mettent plus guere qu’un tiers d’étain sur deux tiers de plomb, & fort souvent un quart de l’un, & les trois quarts de l’autre : ce qui fait une soudure beaucoup plus difficile à fondre & à employer, qui cependant devient convenable en certains cas, comme nous le verrons par la suite.

Des différentes soudures, & de la maniere de les faire. Il y a plusieurs manieres de faire les soudures ; les unes se sont sur des plans horisontaux, & ce sont les plus faciles ; les autres sur des plans verticaux, & ce sont les plus difficiles ; d’autres sur des plans qui participent des deux especes, c’est-à-dire, sur des plans inclinés plus ou moins, selon les places qu’il n’est pas toujours en son pouvoir de choisir. Celles-ci ne sont difficiles qu’autant que l’obliquité du plan approche de la perpendiculaire ; c’est dans ce dernier cas, que l’on emploie la soudure la plus dure à fondre, comme coulant plus difficilement, & demeurant plus facilement en place.

Les soudures se divisent en deux especes ; les unes appellées à côte, servent pour joindre les tables de plomb ensemble par leurs extrémités, soit pour doubler l’intérieur des réservoirs, la superficie des terrasses, plate-formes, &c. soit pour des tuyaux que l’on appelle alors tuyaux soudés, dont nous verrons l’explication ci-après ; les autres appellées à nœuds, servent non-seulement à joindre des tuyaux les uns au bout des autres pour des conduites d’eau, mais encore des corps de pompe, portes, clapets, calotes, ou brides de cuivre au bout de ces mêmes tuyaux, dont on fait aussi des enfourchemens de pompes, & autres choses semblables.

Des soudures à côtes. Lors donc que l’on a deux tables, A, fig. 26. à souder ensemble par leurs extrémités, on commence par gratter le plomb avec un grattoir, fig. 35, 36, ou 37 ; & de la largeur que doit être la soudure convenablement à l’épaisseur du