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la doctrine de l’Ecriture avec celle de Platon, qu’il est bien difficile de séparer leurs subtilités platoniciennes d’avec le Christianisme ; cherchant à ajuster la philosophie avec la religion, ils gâtoient l’une & l’autre. Ils vouloient éblouir les Philosophes, en leur montrant le Christianisme dans Platon, & il est arrivé de-là, disent encore les Anti-trinitaires, que le Platonisme, qui ne devoit être que l’ornement de la religion, en devint insensiblement le fond.

On voit, ajoutent les Sociniens, que les peres n’ont pas tous attaché une signification constante & uniforme aux mêmes termes ; & l’on ne doit pas s’en étonner, puisqu’on ne s’accorde pas encore aujourd’hui sur le sens qu’on doit leur donner. Les uns en voulant sauver la Trinité, ont laissé échapper l’unité ; les autres en concevant trois personnes de la Trinité comme trois substances distinctes, semblent constituer trois dieux séparés. D’autres pour éviter cette erreur n’ont regardé la dénomination des trois personnes que comme des modes & des attributs. Quand on demande, dit S. Augustin, ce que c’est que les trois personnes, on manque de termes pour les exprimer. On a pourtant dit trois personnes, parce qu’il ne faut pas demeurer muet.

Nous ne sommes ici que simples historiens, ce qui est une chose aisée ; mais la réfutation du sentiment des Anti-trinitaires, & la discussion de tous les passages qu’ils alleguent pour le soutenir, est trop au-dessus de nos forces pour que nous osions l’entreprendre ; notre crainte est d’autant mieux fondée, que d’habiles gens prétendent que le P. Baltus lui-même, n’a pas aussi bien réussi qu’il seroit à desirer dans son examen critique de cette matiere. Je le blâmerois en mon particulier des termes injurieux qu’il emploie contre ses adversaires, parce qu’on ne tire jamais aucun avantage des injures, & qu’elles gâtent au contraire la défense d’une bonne cause.

Il faut donc joindre au pere Baltus Pierre Poirel, dans ses Opera posthuma, & Jean Frédéric Méyer dans sa Dissertation de λόγου, qui ont travaillé fortement à réfuter le Platonisme prétendu dévoilé par les Antitrinitaires. D’un autre côté Samuel Crellius a entrepris la défense de ses confreres dans son Artemonii initium Evangelii sancti Joannis illustratum, imprimé à Londres en deux volumes in-8°. C’est par la lecture de tous les ouvrages que je viens de citer, que les critiques se trouveront en état d’approfondir exactement la question délicate du Platonisme, que les Antitrinitaires prétendent s’être glissée dans la religion chrétienne.

Je ne dois pas oublier d’ajouter, que M. Leclerc est un de ceux qui, dans ces derniers tems, s’est déclaré avec plus d’habileté en faveur de ce sentiment, comme il paroît par la lecture de son Ars critica, & par celle de plusieurs tomes de ses Journaux, par exemple, dans sa Bibliotheque universelle, tom. IV. tom. X. & tom. XVIII. dans sa Bibliotheque choisie, tom. XIII. dans sa Bibliotheque ancienne & moderne, tom. V. & dans les Prolegomenes de son Historia ecclesiastica. C’est aussi lui qui, vraissemblablement a fait imprimer en 1600, in-8°. le livre de M. Souverain intitulé le Platonisme dévoilé, ou Essai sur le verbe platonicien ; mais c’est Daniel Zwickerus, écrivain socinien, qui s’est attaché le premier à établir que les premiers écrivains chrétiens ont tiré la Trinité & le λόγος ou verbe, des écrits de Platon mal entendus. (Le chevalier de Jaucourt.)

PLATRAS, s. m. pl. (Maçonnerie.) morceaux de plâtre qu’on tire des démolitions, & dont les plus gros servent pour faire le haut des murs de pignons, les panneaux des pans de bois & de cloison, les jambages de cheminée, &c.

Il y a, pour le dire en passant, dans les Mémoires de l’académie des Sciences année 1734, un mémoire

curieux de M. Petit, médecin, sur l’analyse des platras. Il dit n’avoir trouvé dans les platras ni salpetre ni sel marin par aucun procédé, & qu’il n’est pas possible d’en retirer à moins d’y ajouter un sel fixe ; mais il ajoute que cela ne démontre pas qu’il n’y en a point du tout, parce qu’il y en peur avoir, & qu’on n’ait pas l’art de l’en retirer ; mais on retire des platras un esprit de nitre & un esprit de sel, qui avec des sels volatils urineux forment un sel armoniac nitreux & un sel armoniac salin. (D. J.)

PLATRE, s. m. (Architect.) pierre particuliere, cuite & mise en poudre, qu’on emploie gachée aux ouvrages de maçonnerie : on trouve cette pierre aux environs de Paris. Elle est grisâtre, & a de petits grains, dont les surfaces sont polies. C’est une chose difficile que de bien cuire cette pierre. Du plâtre trop ou trop peu cuit est également mauvais. On connoit si la cuisson a été bien faite, lorsque le plâtre a une certaine onctuosité, & une graisse qui colle aux doigts quand on le manie. Par une raison contraire, le plâtre mal cuit est rude, & ne s’attache point aux doigts comme l’autre.

Afin de jouir de sa bonne qualité on doit l’employer immédiatement après sa cuisson, & on ne doit point trop l’écraser.

Lorsqu’on est obligé de faire des provisions de plâtre, parce qu’on n’est pas à portée des fours où on le cuit, on doit l’enfermer dans des tonneaux bien secs.

Une chose qui est en usage dans l’emploi du plâtre, c’est de s’en servir dans toutes les saisons. Cependant les ouvrages faits en hiver & en automne sont toujours de peu de durée, & sujets à tomber par éclats, parce qu’alors le froid saisit tout d’un coup le plâtre, glace l’humidité de l’eau, & amortit par-là l’esprit ou la chaleur du plâtre, qui dans cet état ne peut plus se lier & se durcir. Selon M. Lancelot, le mot plâtre vient du grec platis, propre à être formé. Nous allons considérer le plâtre selon ses qualités & selon son emploi.

Du plâtre selon ses qualités. Plâtre blanc, plâtre qui a été rablé, c’est-à-dire dont on a ôté le charbon dans la plâtriere ; le plâtre gris est celui qui n’a pas été rablé.

Platre crud, c’est la pierre de plâtre, propre à cuire, dont on se sert aussi quelquefois, au lieu de moilon, dans les fondations, & dont le meilleur est celui qu’on laisse quelquefois à l’air avant que de l’employer.

Platre éventé, plâtre qui ayant été long-tems à l’air, a perdu sa bonne qualité, se pulvérise, s’écaille, & ne prend point.

Plâtre gras, plâtre qui étant cuit à propos, est le plus aisé à manier, & le meilleur à l’emploi, parce qu’il se prend aisément, se durcit de même, & fait bonne liaison.

Plâtre mouillé, plâtre qui ayant été exposé à la pluie, n’est de nulle valeur.

Du plâtre selon son emploi. Plâtre au panier, plâtre qui est passé au manequin & qui sert pour les crépis.

Plâtre au sac, ou plâtre fin, plâtre qui passé au sas sert pour les enduits d’architecture & de sculpture.

Plâtre gras ou gros plâtre, c’est le plâtre qu’on emploie comme il vient du four de la plâtriere, & dont on se sert pour épigeonner, &c.

On appelle aussi gros plâtre, les gravois de plâtre qui ont été criblés, & qu’on rebat pour s’en servir à renformir, hourder, & gobuer.

Plâtre serré, plâtre où il y a peu d’eau, & qui sert pour les soudures des enduits. Au contraire, plâtre clair est un plâtre où il y a beaucoup d’eau, & qui sert pour ragréer les moulures trainées ; & enfin plâtre noyé, est un plâtre qui nage presque dans l’eau, &